Publié le mercredi 13 février 2013 - 15h42
L’UGVC (Union générale des viticulteurs de l’AOC Cognac) s’est réuni le 11 février afin de lancer la réflexion sur les adaptations nécessaires au vignoble pour assurer la croissance annoncée du marché du cognac. La priorité est donnée au renouvellement. Mais les viticulteurs demandent aussi un engagement du négoce.
Vignoble situé sur la commune de Saint-Preuil, près de Segonzac (Charente). © BNIC/R. CANTAGREL
Tous les chiffres sont au vert. Même en cas de crise mondiale, les ventes de cognac devraient progresser de 52 % d’ici 2026. Et même de 78 % si l’économie ne subit pas d’à-coups. La viticulture produit chaque année 700 000 hl AP (alcool pur) quand le négoce en expédie l’équivalent de 500 000 hl AP. La situation pourrait donc sembler confortable.
Cependant, Armand Chaigne, du cabinet Eurogroups, qui vient de sortir un business plan sur le marché du cognac à l’horizon 2026, rappelle que les projections montrent que cet équilibre est plus fragile qu’il n’y paraît. En effet, pour les deux prochaines années, les sorties seront en hausse et devraient tourner autour de 630 000 hl AP. Auxquels il faut ajouter les 2 % annuels de la part des anges. « La production 2012 aurait déjà dû être supérieure à 700 000 hl AP… »
Son cabinet a étudié les différents scénarios de production dans ce contexte de forte croissance. La viticulture cognaçaise pâtit aujourd’hui du manque de renouvellement de son vignoble au cours des dernières années.
« Si nous avions les mêmes marges que vous… »
Cependant, ce renouvellement est coûteux et représente, sur l’ensemble du vignoble, 75 millions d’euros d’investissement par an. Les viticulteurs, par le biais de leurs représentants, ont clairement demandé au négoce de s’engager à leurs côtés pour l’effort financier qu’ils vont devoir consentir.
« Nous avons besoin d’une lisibilité à long terme, a plaidé Christophe Véral, le chef de la famille viticulture au BNIC (Bureau national interprofessionnel du cognac). Nous sommes des investisseurs, des chefs d’entreprise. Nous voulons bien prendre des risques, mais à condition qu’ils soient partagés. Nous avons besoin d’un accompagnement fort. » Et de suggérer des contrats à long terme.
Jean-Marc Morel, président du BNIC, a rappelé que le négoce venait de « considérablement revaloriser les prix d’achats des eaux-de-vie de 10 % ». Et que les risques pris par le négoce sont plus grands encore que ceux de la viticulture. Si le cognac connaît actuellement un tel succès, c’est précisément grâce aux investissements réalisés par le négoce. « Tous les jours, nous prenons des risques pour défricher de nouveaux marchés et entretenir ceux existants. Et nous, nous n’avons pas de contrats sur trois ans. »
Jean-Bernard de Larquier, viticulteur et vice-président du BNIC, est à son tour monté au créneau : « Si nous avions les mêmes marges que vous, nous aussi serions prêts à prendre des risques ! »
Pousser le renouvellement à 5,9 % par an Pour maintenir le niveau de productivité de la vigne, le taux de renouvellement et de complantation devrait être de 4,4 % par an. Mais il n’est actuellement que de 3,3 %. Ce 1,1 % manquant, s’il n’est pas corrigé, se traduit à terme par une perte de productivité du vignoble. Alors que cette productivité est aujourd’hui de 88 %, elle tomberait à 72,6 % en 2026 si la tendance ne s’inverse pas. Les rendements suivraient une baisse parallèle, passant de 11,15 à 9,2 hl AP/ha sur la même période. Alors « la filière ne pourra plus assurer sa pérennité », a prédit Armand Chaigne devant l’assemblée de viticulteurs. Même en optimisant la surface plantée pour faire remonter à 92 % le taux de vignes productives, la croissance annoncée est telle que cela n’y suffira pas. « La filière doit impérativement augmenter la productivité de ses vignes si elle veut éviter la rupture d’ici 2026. Si elle fait progresser son taux de renouvellement, elle pourra répondre à la demande. Mais les tensions sur les marchés (notamment sur celui des cognacs les plus haut de gamme, NDLR) vont continuer d’augmenter. » Armand Chaigne préconise un taux de renouvellement de 3,3 %, un taux de complantation de 1,1 % et un taux de rattrapage de 1,5 % par an pour les cinq prochaines années. « 5,9 %, c’est l’effort minimum que doit faire la viticulture. » Cela représente l’équivalent de 4 400 ha/an. S'ajoute à cela la question de l’accroissement des surfaces plantées. Mais elle n’est pas considérée comme prioritaire, ni par la viticulture, ni par le négoce, les deux familles s’accordant à donner la priorité au renouvellement. |
Myriam Guillemaud
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