Publié le mercredi 17 décembre 2014 - 11h46
Accusé d’avoir fait curer un fossé sans autorisation préalable, Daniel Amblevert, relaxé en avril 2014 par le tribunal de grande instance de Libourne, s’est retrouvé le 16 décembre devant la cour d’appel de Bordeaux. Un comité de soutien était à ses côtés.
Daniel Amblevert, symbole de la difficulté pour un maire d'être coincé entre les réalités du terrain et une administration lente et souveraine. © S. KLEIN
Odeur de feu de bois, saucisses sur le grill, assiettes de chips posées sur des tréteaux : ce mardi 16 décembre, à 12 h 30, l’ambiance était bon enfant sur la place de la République, devant le tribunal de Bordeaux (Gironde). À l’appel de la FDSEA 33, plus de 250 personnes étaient là pour soutenir Daniel Amblevert. À 14 heures, le maire de la petite commune de Sainte-Florence (Gironde) était convoqué devant la cour d’appel de Bordeaux.
Max Despagne, 81 ans, viticulteur à la retraite, installé à Flaujagues, est «â€¯remonté » comme une pendule. Depuis le début de l’affaire, il soutient Daniel Amblevert : «â€¯Pour avoir dérangé quelques crapauds et rainettes dans ce fossé, Daniel Amblevert se retrouve accusé. Le bons sens n’existe plus », lâche-t-il. Pascale Dard, viticultrice et maire de Bossugan, un village de cinquante habitants est, elle aussi, un soutien de la première heure : «â€¯Nous n’avons pas la même approche du temps que l’administration. Nous, élus, nous nous devons d’être réactifs vis-à-vis de la population pour prévenir certains risques. L’administration n’est pas dans le même tempo. C’est grave », confie-t-elle.
«â€¯IL A APPLIQUÉ LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION. »
Daniel Amblevert, discret, reçoit l’accolade de ses collègues. «â€¯Je suis à la fois serein et inquiet. Mon procès est celui d’un élu confronté aux réalités du terrain et qui se retrouve face à une administration souveraine, restrictive, et qui pense qu’elle a tous les droits », répète-t-il. Gérard César, sénateur et maire de Rauzan qui préside le comité de soutien, ne dit pas autre chose : «â€¯Daniel Amblevert a appliqué le principe de précaution. On s’aperçoit que cela se retourne contre lui. C’est absurde. D’autant qu’il s’agit d’un canal creusé de la main de l’homme et non d’un cours d’eau. »
En octobre 2011, pour prévenir tout risque d’inondation, Daniel Amblevert, alors à la tête du syndicat intercommunal hydraulique, avait fait curer un fossé sans avoir demandé l’autorisation à l’administration. L’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques), estimant que ce fossé est en réalité un cours d’eau, n’avait pas du tout apprécié la manœuvre.
Daniel Amblevert s’était alors retrouvé au tribunal correctionnel de Libourne, et relaxé le 8 avril. Mais l’Onema, la Sepanso (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest), ainsi que le Parquet ont fait appel de cette décision.
Il est presque 14 heures. L’heure d’entrer dans la salle d’audience. «â€¯On nous a attribué la salle la plus petite. Comme un fait exprès », glisse-t-il. À 15 heures, l’affaire Amblevert est appelée. Ce n’est qu’à 19 heures que les débats seront clos. L’appel a été mis en délibéré au 17 février 2015.
Colette Goinère
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