Publié le mercredi 16 avril 2014 - 17h27
Les Rencontres nationales des Vignerons indépendants de France, organisées les 15 et 16 avril dans l’Hérault, ont été l’occasion de débattre de l’œnotourisme. Cette activité, qui semble de plus en plus incontournable, nécessite du temps et doit être rentable.
Jean-François Pouget, directeur marketing et communication de l’Agence de développement touristique de l’Hérault, lors des Rencontres VIF. © M. TRÉVOUX
Les Rencontres nationales des Vignerons indépendants de France, organisées cette année dans l’Hérault, ont enregistré une affluence record, avec 330 participants venus de toutes les régions. Le thème de l’œnotourisme, activité de plus en plus développée par les vignerons indépendants, explique sans doute ce succès.
Au cours de la première matinée, les débats ont tourné autour de la nécessaire rentabilité de cette activité et l’investissement humain qu’elle représente.
« La France s’est lancée tardivement dans l’œnotoursime, a souligné Sophie Lignon-Darmaillac, maître de conférence à l’université Paris IV et auteure du livre « L’œnotoursime en France ». Les pays du Nouveau Monde nous ont devancés en développant un véritable business autour du vin. 99 % des wineries californiennes tirent profit de cette activité avec des visites de cave qui sont toujours payantes (aux alentours de 30 euros par personne). En Europe, seulement 40 % des caves rentabilisent cette activité. »
« CONTACT DIRECT »
Faut-il pour autant s’inspirer du modèle du Nouveau Monde ? Pas si sûr. « En France, c’est le contact direct avec le vigneron que recherchent les œnotouristes, soutient François Perroy, directeur de l’agence Emotio Tourism, spécialisée dans le marketing touristique. Ils veulent qu’on leur raconte une histoire, qu’on leur organise une séquence humaine au plus près des vignes, du vin et du vigneron. C’est un tourisme expérientiel qu’ils souhaitent pratiquer. »
Une analyse confirmée par Pascale Lambert, directrice générale de Côte-d’Or tourisme. « Vous, les vignerons indépendants, vous êtes la crème de la crème pour incarner cette viticulture de terroir que recherchent les adeptes de l’œnotourisme. C’est le vigneron que les visiteurs veulent rencontrer, pas un salarié qui récite un discours », a-t-elle assuré. Difficile donc de déléguer…
Avoir envie de recevoir du public est donc la condition première pour se développer dans l’œnotourisme. Ce qui implique bien sûr d’y consacrer du temps.
PREMIÈRE LIGNE
C’est d’ailleurs le choix qu’ont fait la plupart des vignerons qui ont témoigné sur le sujet. Ils sont en première ligne pour accueillir et recevoir cette clientèle. « J’ai construit mon offre en écoutant les clients que je recevais », témoigne Mathieu Rozel, vigneron dans la Drôme. Il propose des balades dans ses vignes en Segway, sorte de trottinette électrique, qui plaisent à un public très large.
Ghyslain Brigand, vigneron bourguignon, reconnaît avoir sacrifié tout son temps dédié aux loisirs à la création de son œnocentre Ampélopsis, un musée entièrement privé (et payant) qui foisonne d’animations et d’inventivité. Il y accueille aujourd’hui plus de 2 000 visiteurs par an.
« L’œnotourisme est stratégique pour les vignerons indépendants afin de marquer véritablement leur différence et proposer un autre imaginaire dont les consommateurs ont besoin. Mais, il faut être très professionnel et ne pas oublier que cette activité doit être rémunératrice et apporter un nouveau chiffre d’affaires », défend Philippe Blanck, vice-président des VIF et chargé de l’œnotourisme.
Développer une activité touristique qui doit d’elle-même être rentable sans y investir tout son temps, voilà la difficile équation à résoudre pour les vignerons indépendants.
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