Hérault Un domaine se lance dans la création de variétés résistantes

De gauche à droite : Valentin Blattner, Vincent Pugibet, du domaine de la Colombette, Philippe Borioli, Volker Freytag et Klaus Rummel.

À la tête du domaine de la Colombette, 130 ha près de Béziers (Hérault), Vincent Pugibet expérimente depuis 2008 des cépages suisses et allemands résistants au mildiou et à l’oïdium. Son expérimentation s’étend aujourd’hui sur 20 ha et porte sur une sélection de 28 variétés. Fort de cette expérience, le vigneron biterrois passe à la vitesse supérieure en lançant Colombette Vitis innovation, une société dédiée à la distribution de plants résistants et à la création de nouvelles variétés.

Pour le seconder dans ce projet, il a recruté Stéphanie Chanfreau, qui a recensé pour l’ICV les cépages résistants européens et étudié leur potentiel en Languedoc-Roussillon. « Les variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium sont une solution concrète pour répondre à l’objectif de réduction de l’utilisation des pesticides prévu par le plan Ecophyto. Mais aucune de ces variétés n’est inscrite au catalogue français et aucun dispositif n’encourage la profession à les planter », déplore Vincent Pugibet.

Dans un premier temps, Colombette Vitis innovation va distribuer en France les plants du sélectionneur suisse Valentin Blattner et accompagner les vignerons lors des plantations. Pour cette première année d’activité, la jeune entreprise se concentra sur quatre variétés qui ont démontré un bon potentiel sur le domaine de la Colombette : le cabernet blanc, le cabernet jura, le Cal 6-04 et le Cal 1-14.

Quatre critères de sélection

Vincent Pugibet a déposé un dossier de demande d’inscription au catalogue pour la variété dont il espère le plus : le Cal 6-04, un cépage blanc doté d'un haut potentiel aromatique et d'une résistance élevée au mildiou, à l'oïdium et au botrytis. Le prix moyen de vente est 2,50 euros le plant avec des tarifs dégressifs pour les commandes importantes. Les vignerons peuvent choisir leur porte-greffe.

Mais Colombette Vitis innovation veut également créer ses propres variétés. Vincent Pugibet a effectué ses premiers croisements en 2012 et 2013. Cette année, les pépins issus de ces croisements seront semés pour partie chez Valentin Blattner, en Suisse, et pour partie au domaine. La sélection sera faite sur quatre critères : la résistance au mildiou et à l’oïdium, le rendement (nombre de grappes, nombre de baies, taille des baies), les facilités culturales (facilité de taille, solidité du sarment…) et le profil organoleptique des vins.

« Les viticulteurs sont intéressés par cette démarche. En 2013, près de 300 personnes sont venues sur le domaine et autant ont participé aux dégustations que nous avons organisées. Les viticulteurs sont inquiets des dangers des pesticides pour leur santé et celles de leurs salariés », estime Vincent Pugibet, qui se bat pour lever le dernier frein au développement de ces variétés : la non-éligibilité aux aides à la plantation (10 000 euros en moyenne).

Colombette Vitis innovation sera présent au Sitévi (hall A1, stand F015) pour lancer son activité, sa gamme et ses travaux de sélection.

Michèle Trévoux