Saint-Pourçain Les vignerons défendent leur Ficelle

La Ficelle de 2006, illustrée par le dessinateur Honoré.

L’Union des vignerons de Saint-Pourçain s’interroge : «â€¯Nous aurait-on pris pour des bleus ? » La cave coopérative a fait savoir fin octobre, par la voie d’un communiqué de presse, le désaccord qui l’oppose au groupe Accor. Ce dernier a distribué durant l’été, dans ses hôtels Mercure, un rosé «â€¯À la Ficelle »  dont la bouteille est graduée (par 15 cl). De quoi susciter la désapprobation de l’Union des vignerons de Saint-Pourçain dont «â€¯La Ficelle », un vin rouge vendu dans une bouteille graduée (par 25 cl), est la marque emblématique.

La coopérative a fait savoir en juin au groupe Accor qu’elle considérait que le rosé «â€¯À la ficelle » d’Accor constituait une contrefaçon. La lettre n’a pas suscité de réaction du groupe, mais celle d’un autre intervenant : l’agence de communication Bettane et Desseauve. «â€¯Nous réalisons les cartes des vins des hôtels Accor et nous connaissons bien les Vignerons de Saint-Pourçain. Nous avons souhaité aider à trouver un accord entre les deux », explique Alain Chameyrat, de Bettane et Desseauve. L’agence serait-elle également intervenue parce qu’elle était à l’origine de l’opération ? C’est ce que prétendent les Vignerons de Saint-Pourçain mais ce que récuse formellement Alain Chameyrat. «â€¯C’est le service marketing d’Accor qui a voulu réutiliser une pratique en matière de service du vin qui date du XV^e siècle. »

PROMOTION DE LA FICELLE DANS LES MERCURE

Les vignerons et l’intermédiaire Bettane et Desseauve conviennent que «â€¯La Ficelle » pourra faire l’objet d’une opération dans les restaurants Mercure et que l’Union des vignerons de Saint-Pourçain pourra être présente au Grand Tasting, salon organisé par Bettane et Desseauve en décembre chaque année.

L’Union des vignerons de Saint-Pourçain couche alors l’entente sur papier. La cave demande que 18 000 bouteilles de «â€¯La Ficelle » (soit environ 10 % de la production annuelle) fassent partie de l’opération en restaurant. Selon Alain Chameyrat, Accor ne donne pas suite parce que le volume proposé lui semble exagéré. Pour Christian Bigot, directeur de l’Union des Vignerons de Saint-Pourçain, 18 000 bouteilles, cela correspond à 2,5 bouteilles vendues par jour et par restaurant pendant un mois. «â€¯Soit une estimation très basse du volume écoulé lors de l’opération des hôtels Mercure », précise-t-il.

LE DOSSIER N’AVANCE PAS

L’été puis les vendanges se passent donc sans que le dossier n’avance. L’Union des Vignerons de Saint-Pourçain décide alors de faire éclater l’affaire un grand jour, de quoi, d’après eux, provoquer une réponse d’Accor. « Nous sommes dans une procédure précontentieuse. Désormais, nous savons avec qui discuter au groupe Accor », indique Maître Pascal Goyard, avocat des Vignerons de Saint-Pourçain.

De son côté, le groupe Accor conteste qu’il y ait eu contrefaçon et commente l’affaire ainsi : «â€¯Certains hôtels Mercure ont commercialisé au cours d’une opération estivale d’une durée limitée un vin rosé présenté dans une bouteille graduée. L’Union des vignerons de Saint-Pourçain considère que la communication autour de cette opération a porté atteinte à ses intérêts, ce que nous contestons. Le sujet est actuellement géré par notre service juridique et nous n’avons pas plus d’informations à communiquer à ce stade. »

Marion Ivaldi
Vitisphere – La Vigne