Publié le mercredi 12 mars 2014 - 19h03
Hennessy a invité une soixantaine de femmes, chefs ou associées d’exploitation, pour évoquer leur place dans la société et dans leurs entreprises. Lors d’un atelier, les participantes ont expliqué les difficultés qu’elles surmontent alors qu’elles ne sont pas « équipées pour dire non ».
Hennessy a invité une soixantaine de femmes, chefs ou associées d’exploitation, pour évoquer leur place dans la société et dans leurs entreprises. © M. GUILLEMAUD
Sandrine Garbay et Margareth Henriquez étaient là en « guest stars ». La première est maître de chai au château d’Yquem, dans le Bordelais, la seconde présidente de la maison de champagne Krug. Deux femmes au parcours exceptionnel dans un monde habituellement réservé aux hommes.
C’est autour d’elles et de deux autres femmes, Sandrine Houdré-Grégoire, meilleure mixologiste de France, et Joanna Bissada, coach et formatrice en leadership, qu’Hennessy a invité une soixante de viticultrices de la région de Cognac à échanger sur le thème de « Créer au féminin » lors de la journée de la femme, le 8 mars.
RICHE DÉBAT
« Qu’est-ce qui fait de nous ce que nous sommes ? » Avec cette question, Joanna Bissada a ouvert son atelier sur la créativité. Rapidement, les réponses de la salle ont fusé. « Être une fille, ça veut dire être obéissante. Mon père n’aurait jamais imaginé qu’une de ses filles reprendrait l’exploitation », a souligné une viticultrice dans la salle. « Et il l’a accepté ? » demande Joanna Bissada. « Aujourd’hui, oui », a souri la viticultrice.
De ce jeu de questions et de réponses, de pistes dessinées et d’expériences évoquées est né un riche débat entre les participantes. Sur leur place de femme dans la société et dans leurs exploitations, sur les croyances qui les limitent dans leur travail et dans leur vie, sur leurs ressources aussi et sur ce qu’elles apportent en tant que femme.
L’une évoque le formalisme qu’elle met dans ses échanges avec les autres, « pour avoir l’air pro ». Une autre évoque ses parents qui auraient préféré avoir un fils. D’elle-même, elle s’est mise, dès l’enfance, à conduire le tracteur, à presser la paille, à nourrir les animaux. « Je faisais ce que mon père aurait voulu que son fils fasse. Mais j’étais heureuse en le faisant. Et je le suis toujours. »
STÉRÉOTYPES
Joanna Bissada évoque ce sens de la famille qu’on inculque aux filles. « Nous ne sommes pas équipées pour dire non », acquiesce une participante. Puis la coach demande aux participantes quels sont les stéréotypes de la femme dans le travail. Les réponses pleuvent : « Nous ne sommes pas assez disponibles à cause de nos enfants, nos priorités ne sont pas les bonnes. » « Nous sommes faibles physiquement, et de caractère. » « Nous ne sommes pas aussi compétentes. » « Nous sommes pointilleuses. » « Nous ne sommes pas crédibles »
La coach a rappelé que ces stéréotypes ne sont pas tous à jeter, que certains sont aussi des vertus et des qualités. Elle a aussi invité l’assistance à chercher quelles valeurs masculines il peut être bon de s’approprier. Et de conclure sur la nécessité de trouver l’équilibre entre les deux modèles, féminin et masculin. Et ce qu’il s’agisse des femmes… et peut-être encore davantage des hommes.
Les vertus de la crise « Je suis arrivée dans la maison Krug en 2009, en pleine crise. » Margareth Henriquez, aujourd’hui présidente des champagnes Krug, a fait ses armes dans l’agroalimentaire et les spiritueux au Venezuela, son pays d’origine, puis au Mexique et en Argentine avant d’arriver en France. « Il y a toujours eu des crises autour de moi. Une crise, c’est une opportunité, c’est un moment où les gens sont ouverts au changement. » Margareth Henriquez a évoqué ses origines entre un grand-père calviniste, une mère catholique et un père juif. Et c’est sur ce thème des origines qu’elle a travaillé quand elle a rejoint la Maison Krug pour inverser la baisse des ventes. « Nous avions le meilleur champagne du monde, mais personne ne savait en parler », se souvient-elle. Elle a d’abord repris ce qu’elle appelle les fondamentaux : « Qui sommes-nous ? Quelle est notre finalité et quelles sont nos valeurs ? » Un petit carnet que tenait le fondateur de la maison a été découvert dans un coffre-fort. Une historienne l’a épluché. À partir de cette histoire remise au jour, Margareth Henriquez a mis en avant ce fondateur, sa philosophie, sa volonté de donner du plaisir. Ainsi est née l’idée de produire une Grande cuvée chaque année, « avec le meilleur de la maison ». En fin d’atelier, elle a remis à chacune des participantes une feuille blanche et une enveloppe. « C’est une lettre que vous vous écrivez à vous-même. À vous d’y mettre ce que vous pouvez faire pour aller au-delà… » Dans un an, la maison Hennessy postera toutes ces lettres. Chaque viticultrice redécouvrira alors le challenge qu’elle s’est donné. Et qu’elle aura peut-être accompli… |
Myriam Guillemaud
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