Publié le vendredi 17 août 2012 - 14h25
La loi qui supprime la défiscalisation des heures supplémentaires est parue le 17 août. Cette décision provoque un sentiment d’injustice chez les ouvriers viticoles concernés. Certains employeurs redoutent un retour à des pratiques antérieures où les heures supplémentaires n’étaient pas déclarées.
« Nous avons discuté de cette décision avec mes collèges ouvriers viticoles dans le Beaujolais lors d’une réunion. Nous étions dix. Il n’y a pas eu une seule réaction favorable. Il en ressort un sentiment d’injustice car les ouvriers vont payer des impôts et des cotisations sociales sur les heures supplémentaires alors que les employeurs restent exonérés de charges patronales (seulement les entreprises de moins de 20 salariés, NDLR) », explique Patrice Louison, salarié dans un domaine de Saint-Lager, dans le Beaujolais, et membre du bureau de la Fédération nationale des Asavpa (Association des salariés de l’agriculture pour la vulgarisation du progrès agricole).
« Pas un n’a dit que c’était normal. On empêche les gens de travailler », poursuit Patrice Louison. Lui-même dit travailler en moyenne 41 heures par semaine. Ayant des enfants à charge, il ne paie pas d’impôts et ne pense pas qu’il en paiera du fait de la nouvelle loi. Mais il n’a pas fait de simulation pour en avoir le cœur net. De même, comme ses collègues, il attend son bulletin de paie du mois d’août pour voir quel sera son nouveau salaire net.
Certains de ses collègues gagnent 4 000 à 5 000 euros par an du fait des heures supplémentaires. « Ils seront pénalisés. D’autant que beaucoup sont célibataires, comme souvent les ouvriers agricoles. Ils vont redonner une grosse partie de leurs heures sup en impôts. »
Surtout, Patrice Louison ne croit pas que la refiscalisation des heures supplémentaires favorisera l’emploi. « Mon patron voudrait bien embaucher. Cela fait trois ans qu’il cherche un mi-temps. Il n’en trouve pas ou alors des gens qui partent au bout de deux semaines parce que le travail est trop dur. Il y a une réelle difficulté pour trouver de la main-d’œuvre dans le secteur viticole. »
En Champagne, une viticultrice redoute un retour en arrière et des complications. Elle souligne que la défiscalisation des heures supplémentaires avait eu pour effet que les employeurs les déclarent.
« On avait assaini la situation, dit-elle. Maintenant, les gens ne vont plus vouloir qu’on déclare leurs heures supplémentaires. Cela va provoquer des situations difficiles car les employeurs qui en déclaraient ne vont pas pouvoir les supprimer du jour au lendemain. Ça va se voir ! »
Elle prévoit aussi des complications dans la gestion du personnel. « Les salariés réclamaient des heures supplémentaires qui n’étaient pas toujours nécessaires, explique-t-elle. Des employeurs les ont accordées. Leurs salariés ont eu plus de pauses dans la journée. Là, ils ne vont plus vouloir faire ces heures sup. Il faudra qu’ils fassent le même travail, avec moins de pauses. Le climat sera plus difficile. Les employeurs devront surveiller que le travail soit fait. »
B. C.
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