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Mildiou, la menace a provoqué une tempête dans un verre d'eau

La vigne - n°122 - juin 2001 - page 0

La campagne de traitements a débuté sur les chapeaux de roue, malgré des températures fraîches retardant le mildiou, parfois même avant le stade de sensibilité.

Tous les bulletins de la Protection des végétaux (PV) étaient du même avis : le mildiou a atteint sa cote d'alerte précocement cette année, malgré peu de manifestations à l'automne. L'Epi était très élevé fin mars, supérieur à celui de 2000. Le temps doux de l'hiver a permis aux spores d'être mûres deux semaines plus tôt qu'à la normale. Les vignerons étaient sur leurs gardes pour ce début de campagne. ' Ils n'ont pas tort de se méfier de ce champignon, en rapport avec ce qu'ils ont vu l'an dernier. Mais peut-être auront-ils oublié les enseignements de la campagne 2000 d'ici quatre à cinq ans... ', suppose un conseiller.Le mildiou pouvait ' exploser à tout moment '. Les conseillers ont donc recommandé de rester ' vigilant '. Sur le terrain, cette vigilance s'est traduite par un début de campagne choc : des traitements précoces et des produits haut de gamme. Les vignerons se sont emparés d'une artillerie lourde car le contexte s'y prêtait. Les prescripteurs se sont orientés vers des produits ne craignant pas le lessivage. On leur a préféré des produits pénétrants à base de cymoxanil, comme Rémiltine ou Antéor. Mieux encore, des systémiques comme le nouveau Epron à base de méfénoxam et de mancozèbe. ' Etant donné que le débourrement a traîné sur un mois, on s'attendait à ce que la végétation explose. Pour protéger cette forte pousse, nous avons conseillé des produits systémiques ', explique Jean-François Perrot-Minot, chez Appro-Champagne. Fin mai, les programmes de traitements étaient revenus sur des schémas plus classiques. Le mildiou a été très précoce. En Gironde, les oeufs étaient mûrs dès le 21 mars. Il a été conseillé de traiter le 25 avril. Mais localement, nombreux sont ceux qui avaient déjà entamé leur campagne dès le 10 avril. Exceptionnellement, ce fut le stade végétatif de la vigne qui a enclenché le début de la campagne de traitement, et non l'arrivée à maturité des oeufs d'hiver. En ne se fiant qu'à celle-ci, certains ont commencé des traitements avant même que la vigne ne soit réceptive au mildiou. ' Les marchands de produits ont poussé à la consommation. Même les prescripteurs ont été généreux sur leurs recommandations ', avoue-t-on sur le terrain. Après coup, il est facile de dire que sur les trois premiers traitements, au moins deux étaient inutiles. ' La décision de traiter ou non reste difficile. Elle est surtout facilement critiquable après coup ', note un conseiller en viticulture. Surtout lorsque l'organisation du travail est perturbée par les longs week-ends du mois de mai. ' C'est déjà compliqué de programmer au plus juste les traitements lorsqu'on a peu de salariés ', fait remarquer un vigneron. La lutte raisonnée est parfois redevenue une couverture systématique. On a reparlé de ' cadence '. Pourtant, ' le nombre de traitements devrait rester normal cette année ', prévoit un vigneron moins alarmiste. En prenant du recul, voyons ce qui se serait réellement produit au début du printemps à Bordeaux. D'après Yvon Bugaret, consultant de Phyto-Vigne (Gironde), il semblerait que la première contamination, qui date du 6 avril, n'ait pas donné lieu à une sporulation. Le temps froid a empêché le mildiou de fructifier : il faisait moins de 8°C la nuit. Certains avouent avoir oublié que la température nocturne était inférieure à 13°C. Les traitements recommandés avant le week-end du 1 er mai ont donc été inutiles. Une seconde contamination, qui a eu lieu vers le 22 avril, s'est soldée par des taches en mesure de sporuler vers le 10 mai. Seul le traitement de renouvellement, prévu avant le week-end du 8 mai, était nécessaire et donc efficace. A la PV de Bordeaux, on s'interroge sur la conséquence de la durée d'incubation sur la viabilité du mildiou. La tache produit-elle autant de spores ? D'ici à la prochaine campagne, les biologistes auront observé la réaction du mildiou à une longue période d'incubation.

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