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En vue d'une plantation, Christian Baillat peaufine la préparation du sol

La vigne - n°107 - février 2000 - page 0

Chaque année, 60 000 opérations de plantations ont lieu en France. C'est un acte qui engage pour plusieurs décennies. Sa réussite est lié à une bonne préparation du sol.

Je suis à la limite ouest pour le carignan, dans la zone la plus pluvieuse et la plus froide des Corbières, à 200 m d'altitude. J'ai converti ce handicap en avantage en choisissant... la syrah. En situation de prise de risque, je dois caler tous les paramètres. Ce cépage nécessite un sol adapté, c'est le cas ici: des terres argilo-calcaire, semi-profondes avec peu de matière organique et la roche mère sous 90 cm de terre. Christian Baillat est un passionné, ce vigneron de la 'nouvelle génération du Languedoc' s'est lancé, il y a quatorze ans, avec un Bepa. Depuis, il se cultive en écoutant et en allant voir les autres. 'Je ne suis ni géologue, ni oenologue, mais j'apprends et j'observe.' A l'arrêt de son père, il n'a gardé que 4,7 ha. 'N'étant pas les meilleurs terroirs du village, le reste ne m'intéressait pas. J'ai préféré tout reprendre à zéro. J'ai un vignoble neuf.'

Depuis, à chacun de ses agrandissements, il recherche les meilleures terres. 'Je choisis des parcelles à fleur de coteau. Le drainage s'y fait naturellement et les risques de gelée sont moindres.' La majorité des 7 ha plantés par Christian Baillat portait déjà de la vigne. 'Je commence par l'arrachage au printemps, puis un défoncement sur environ 70 cm pour extraire les dernières racines. La terre est retournée et le sol aéré.' Ici, cette technique est préférée au sous-solage. Sur les terres défrichées, le pourridié est aussi un risque. 'Le défoncement est à éviter en sous-sol calcaire (risque de chlorose), rocheux, à forte concentration saline (risque de salant) ou s'il est argileux et très compact (asphyxies radiculaires)', peut-on lire dans le Guide d'établissement du vignoble, de l'ITV.
'Je défonce en juillet-août car le sol est plus friable. Pour ne pas commettre de graves erreurs, il faut procéder à des analyses de sol. Sur une partie de mon nouveau programme de plantation (4 ha sur 2000, 2001 et 2002), sur une terre dont la vigne fut arrachée il y a douze ans, j'en ai fait quatre. Un technicien est venu. Chaque carottage a porté sur des sols différents que j'avais préalablement identifiés en montant sur le coteau. Les terres sont de couleur et de texture différentes. Comme on observe la végétation pour déterminer les traitements ou comme on goûte les raisins avant la vendange, tout vigneron devrait regarder et toucher la terre avant de planter.' Le type de sol déterminera le choix du porte-greffes, du clone...

'Après l'été, quand j'ai le temps, je passe le cultivateur pour égaliser. Si le terrain est prêt avant l'hiver, je sème du blé ou de l'orge avec trois objectifs: travailler le sol, enfouir la paille (apport d'humus), éviter la colonisation des mauvaises herbes. Le terrain est près d'une garrigue qui peut vite être envahissante.' Avec des rendements faibles, aucun revenu n'est tiré de cette culture. 'Pendant trois ans, j'ai planté du blé et de l'orge. Avec les travaux de préparation, la terre a au moins reposé quatre ans. Une fois, en 1987, pour des raisons économiques, j'ai planté juste après l'arrachage... Aujourd'hui, la parcelle est virosée par le court-noué. De même, j'ai désinfecté chimiquement le sol. Je ne le referai jamais', ajoute-t-il, comme avouant une faute.
Sur ses plantations, Christian Baillat a apporté des amendements classiques (phosphore et potasse) en fonction des analyses de sol. 'En 1996, pour ma dernière opération, j'ai épandu du marc. Pour les plantations à venir, je suis en contrat avec un berger local pour récupérer 25 t de fumier de moutons par an.' Enfin, il y a le drainage. 'Les parcelles étant en légère pente, je creuse des fossés autour pour un écoulement naturel. Malheureusement, je ne l'ai pas fait pour la parcelle à planter cette année et les inondations de novembre ont creusé des tranchées de 80 cm. Je dois défoncer à nouveau et repousser une partie de la plantation au mois de mai.'



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