Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2001

Travaux d'hiver au compte-gouttes

La vigne - n°122 - juin 2001 - page 0

La faible portance des sols a contraint les tracteurs à l'immobilité. Travail du sol, désherbage et plantation ont été fortement perturbés.

Comme chaque hiver, les sols ont fait leur plein d'eau. Mais cette année, ce fut l'excès. Les pluies sont venues renflouer les nappes phréatiques. Elles en avaient largement besoin dans le Sud, mais les sols les moins drainants sont restés longtemps détrempés, empêchant le passage des tracteurs. Les pluies tombées depuis les vendanges ont nui au bon déroulement des travaux d'hiver. Les vignerons n'ont pas pu accéder à leurs parcelles avant le mois de mai, essayant de rattraper le temps perdu. Mais ce début de printemps a aussi livré son pesant d'averses.La taille est le seul travail qui a bien été réalisé entre les averses. Tout passage motorisé dans les parcelles était fortement déconseillé. Mais certains vignerons s'y sont aventurés. ' Ils auront peut-être des surprises cet été ', suggère un professionnel dans le Beaujolais. Effectivement, les passages d'engins lourds sur des terres de faible portance peuvent être néfastes. ' Si cela se répète durant plusieurs hivers, explique Alain Carbonneau, de l'Inra de Montpellier, à moyen terme, on verra se former une semelle de labour à mi-profondeur. Cela gênera le développement racinaire et accentuera les problèmes d'asphyxie. Un hiver pluvieux comme celui-ci permet de vanter les mérites de l'enherbement maîtrisé. ' Parlons de l'herbe. Elle s'est régalée au début du printemps : de l'eau à volonté et des tracteurs maintenus à distance en raison des sols hors-service. Les désherbages de prélevée ont souvent été déprogrammés. L'atomiseur manuel est revenu à la mode. Autrement, il suffisait d'attendre et de regarder l'herbe pousser. ' En production biologique, mieux vaut ne pas se laisser déborder par la pousse, explique une vigneronne alsacienne. Fin avril, on souhaitait travailler le sol pour maintenir l'herbe, mais il était impossible de passer. On a laissé pousser. Début mai, les parcelles étaient redevenues praticables et on a pu enfin faucher. ' La pousse de l'herbe aura finalement été maintenue grâce à des traitements combinant des désherbants de pré et post-levée. Mi-mai, l'herbe était parfois encore présente à des hauteurs impressionnantes. Mais d'autres opérations, comme les plantations, ont été parfois annulées et reportées à l'année prochaine. C'est une année déroutante pour les pépinières et les prestataires de services. Les opérations de préparation des sols et de plantation ont été repoussées au plus tard. La pluie n'était pas seule en cause : dans certains cas, il s'agissait aussi d'un retard administratif pour l'obtention des droits de plantation. En Ardèche, Gilbert Sanchez, de la chambre d'agriculture, se souvient : ' L'arrachage a été effectué dans de mauvaises conditions. Le défoncement n'a pas pu être fait avant l'hiver, et n'a eu lieu qu'en avril et en mai '. Selon les régions, les plantations de greffés-soudés peuvent se faire jusqu'au début de l'été. Il a donc été jugé préférable de retarder les plantations, afin de les réaliser dans de bonnes conditions. Mais plus les plants sont conservés en chambre froide, plus ils sont affaiblis. ' Le retard dans la plantation fait que le cycle végétatif est anormalement court. L'aoûtement est plus difficile, ce qui peut poser des problèmes en cas de gelées précoces à l'automne. Il faut encourager à planter plus tôt ', affirme Robert Gentié, pépiniériste à Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Des commandes de greffés-soudés se sont parfois transformées en commandes de plants en pots, afin d'effectuer les plantations plus tard cet été. D'autres ont tout simplement été annulées. ' Il y a eu des annulations dès janvier. Il me reste des plants comme j'en n'ai jamais eu depuis que je travaille en pépinière ', s'exclamait Henry Guillaume, pépiniériste à Charence (Deux-Sèvres). Les pluies ont principalement engendré des problèmes d'organisation depuis cet hiver. ' La pluviométrie était égale et continue sur toutes les régions en même temps ', déplore Jean-Claude Caussé, de la Cuma de drainage et d'aménagement rural dans le Tarn. Les prestataires de services ont dû repousser au maximum leurs interventions, au risque de devoir satisfaire l'ensemble de leurs commandes sur une période courte. Et c'est actuellement le cas. Au début du mois de mai, Jean-Claude Caussé prévoyait de travailler les samedis, les dimanches et les jours fériés. En revanche, son activité d'installation de systèmes de drainage a recueilli un grand succès. Dans l'Aude, il a quasiment doublé la surface de vignoble sur laquelle il a installé des drains. Ces chantiers se dérouleront jusqu'à la fin mai alors que d'habitude, ils se terminent à la mi-avril.En Champagne, les excès d'eau ont même entraîné des glissements de terrain dans certaines parcelles de vignes. Avec le retour du beau temps, ces professionnels sont très sollicités. Les livraisons de plants se font à un rythme très soutenu. Tous espèrent rattraper le temps perdu.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :