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éditorial

Poussée de fièvre

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°283 - février 2016 - page 5

Nouvelle poussée de fièvre antiphytos. Pour tous les esprits éveillés aux dangers que court la planète, il est clair qu'ils devraient être interdits. « Le grand avenir du vin, c'est qu'un jour tous les vins soient bio. Il faut arrêter tous les pesticides », a déclaré Ségolène Royal. Son collègue Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, a une fois de plus parlé de ces produits comme d'une « bombe à retardement ». C'était sur France 2, durant l'émission Cash Investigation consacrée aux dangers des phytos.

Sûre qu'elle ferait de l'audience, la chaîne l'a programmée en début de soirée alors qu'elle passe tard habituellement. On y a vu des journalistes préparer soigneusement leurs dossiers. C'est à leur honneur. Mais ils étaient à charge. Et les firmes mises en cause étaient toutes sommées de répondre sur le champ aux questions posées. Évidemment, elles n'ont pas voulu se prêter au jeu. Tout accusé doit pouvoir préparer sa défense. Leur refus de recevoir les enquêteurs a donné lieu à des scènes cocasses où ceux-ci, armés de leur courage, forcent les portes pour obtenir la vérité. Mais était-ce leur objectif ? En effet, dès le début, l'émission nous affirme que 97 % des aliments contiennent des résidus de pesticides. Un chiffre de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments, soit disant. Or, cette agence constate que 97 % des aliments sont conformes soit parce qu'ils ne contiennent pas la moindre trace détectable de résidus de pesticides, pour 55 % d'entre eux, soit parce qu'ils en contiennent moins que les limites légales, pour le reste. Vu les connaissances disponibles à ce jour, on peut dire que l'utilisation des phytos ne met pas en danger la santé des consommateurs.

Qu'en est-il des personnes qui sont exposées à ces produits ? La question est plus délicate car les situations sont plus diverses. Tout dépend, en effet, de l'exposition que l'on subit. Tout de même... Il faut rappeler que les agriculteurs sont en meilleure santé que le reste de la population. Ils ont bien moins de cancers et vivent plus vieux alors qu'ils sont régulièrement exposés aux phytos. Évidemment, cela n'empêche pas les accidents. Mais il aurait été juste, pour l'information du public, de rappeler ce fait rassurant. Cash Investigation ne l'a pas fait. Par ignorance ? Parce que cela dessert sa thèse ? Allez savoir !

Quant à la généralisation de la viticulture biologique, pourquoi pas Madame Royal ? Mais quelle solution avez-vous pour les viticulteurs qui n'arrivent plus à contrôler le black-rot ou dont les rendements plafonnent ?

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