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Pour les Français, les doses ne sont pas respectées

La vigne - n°124 - septembre 2001 - page 0

Même si les consommateurs comprennent les contraintes liées à l'agriculture, ils soulignent les risques que représente l'usage des pesticides pour l'environnement et pour eux-mêmes, et jugent que les producteurs en utilisent trop.

A la veille d'un colloque intitulé ' L'utilisation des pesticides est-elle socialement acceptable ' organisé en juin, l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes) a commandé à la Sofres un sondage concernant ' L'opinion des Français sur l'utilisation des pesticides en agriculture '. Il en ressort que nos compatriotes, même s'ils reconnaissent que l'agriculture ne pourrait pas produire autant aujourd'hui sans pesticides ni engrais, sont conscients du danger que représentent des produits phytosanitaires, pas toujours très bien utilisés.
Les trois quarts des sondés estiment que depuis la guerre, le développement de l'agriculture a permis d'améliorer à la fois la quantité des volumes produits et la diversité des aliments, mais ils jugent que ce progrès s'est fait au détriment de leur qualité et de leur goût.
Les produits phytosanitaires sont relativement bien connus du grand public puisque la moitié des personnes interrogées connaît la définition du mot ' pesticides '. Cependant, près d'un tiers des Français ne sait toujours pas ce que recouvre ce terme. Les personnes interrogées estiment également que ces produits n'ont rien d'anodin puisque les trois quarts savent, ou supposent, que les industriels doivent, comme pour les médicaments, demander une autorisation de mise sur le marché.

Le danger paraît surtout important pour les nappes phréatiques, l'eau potable et les sols. L'air, les animaux ou les consommateurs paraissent moins exposés. Cependant, les trois quarts des personnes interrogées estiment tout de même que dans ces cas, le danger est assez ou très important. ' Les phytosanitaires inquiètent essentiellement par leur caractère 'chimique' qui induit des effets directs sur l'environnement plus évidents que des effets secondaires sur le vivant ', conclut la Sofres.
Pour une légère majorité des Français, ces risques pour l'environnement ou pour l'homme sont indépendants de la dose d'emploi des produits de traitements ; pour 46 %, le risque est minime si l'agriculteur respecte les prescriptions. Cependant, 65 % des Français estiment que ce n'est pas le cas, et que les producteurs tendent à utiliser trop de produits ! Qui est responsable de ces dérives ? D'abord les supermarchés, qui incitent à produire à bas prix, puis l'Etat, qui ne contrôle pas suffisamment, à égalité avec les fabricants de pesticides, qui poussent à la consommation. Les agriculteurs n'arrivent qu'en quatrième position.
' C'est donc l'ensemble d'un système qui pousse à une utilisation déraisonnable des produits phytosanitaires ', commente la Sofres.
Il est donc tout à fait logique que pour 91 % des Français, les fruits et les légumes renferment des résidus. Pour 60 %, ces reliquats atteignent des teneurs susceptibles d'être nuisibles pour la santé. De plus, ils ne sont pas prêts à croire des scientifiques, même indépendants, qui assureraient qu'en dessous d'une certaine dose, les résidus dans les aliments sont inoffensifs. ' En filigrane se profile l'idée que par nature, il est impossible qu'un résidu n'est pas un impact sur la santé ', concluent les auteurs de l'étude.

Enfin, face aux risques sur l'environnement et sur l'homme, la Sofres a demandé aux Français quelle solution leur paraissait la plus efficace : augmenter fortement la part de l'agriculture biologique, même si les coûts en pâtissent, ou continuer à traiter mais avec des doses plus faibles. A la surprise générale, la solution bio n'a pas raflé la mise. Une courte majorité - 52 % - a choisi cette option, contre 47 % pour la seconde solution. Une utilisation raisonnable des phytosanitaires est donc crédible pour les Français.

En savoir plus : www.uipp.org pour le détail des résultats de ce sondage.

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