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éditorial

Échappé belle

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°235 - octobre 2011 - page 5

Début septembre, on ne donnait pas cher du millésime. Le botrytis s'installait rapidement. Journées pluvieuses, nuits douces, petits matins humides : tout était là pour une explosion de la maladie. Heureusement, un soleil éclatant s'est installé sur la France, mettant fin à cette dégradation. On l'a échappé belle ! Mais cet épisode nous rappelle tout le préjudice que peut causer la pourriture grise et le cortège de champignons qui l'accompagnent.

Une fois de plus, des domaines ont dû jeter de la vendange, des cuves sont touchées par des faux goûts. Qui a calculé le coût de ces tris et de ces dépréciations de la qualité des vins ? Personne ! Pourtant, il est clair qu'il peut être extrêmement élevé. Les millésimes 2002, 2006 et 2007 encore présents dans les mémoires en sont la preuve. Ils sont pour beaucoup dans les difficultés commerciales qui se sont abattues sur plusieurs de nos régions. Mais on ne veut pas le voir, ni à plus forte raison l'évaluer.

Lorsque la catastrophe arrive, la viticulture vend au public les efforts et les sacrifices qu'elle fait pour sauver la qualité des vins, en jetant les raisins pourris. Puis elle tourne la page, espérant que tout le monde oublie ces cuves et ces arômes douteux. Résultat, la lutte contre la pourriture grise reste au bas de l'échelle des priorités des programmes de recherche et de développement, alors qu'elle devrait figurer en haut de la liste. Il est vrai qu'il est difficile de bâtir des programmes contre un fléau aussi aléatoire. Il est vrai aussi que tous les esprits sont mobilisés par un autre chantier : la réduction des traitements phytosanitaires, pourtant bien moins dangereux qu'on veut nous le faire croire. Mais les faits sont là : lorsque le mauvais temps s'en mêle, le vigneron a beau avoir fait tous les efforts pour assurer l'équilibre de ses vignes et l'aération de ses grappes, le botrytis galope. Il faut de nouveaux moyens de lutte pour pouvoir satisfaire régulièrement les exigences, sans cesse croissantes, des consommateurs.

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