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Action secondaire mais irrégulière contre le botrytis

La vigne - n°99 - mai 1999 - page 0

Les antimildious et les antioïdiums, dotés d'une efficacité secondaire contre la pourriture grise, n'ont qu'une action irrégulière contre cette maladie. L'azoxystrobine semble se détacher des autres matières actives mais n'échappe pas à cette règle.

Revendiquer une efficacité secondaire contre la pourriture grise, c'est presque banal. De nombreuses firmes se targuent d'avoir à leur catalogue un ou des produits dotés d'une telle propriété. Le plus souvent, ce sont des antimildious. Ils contiennent du cuivre, du folpel ou du méthirame de zinc.La première de ces matières actives possède depuis longtemps la réputation de freiner le botrytis. Lorsqu'on y regarde de plus près, on s'aperçoit que cette activité est essentiellement la conséquence d'une dépression de la végétation. La multiplication des traitements au cuivre limite la vigueur, épaissit la peaux des raisins et retarde la maturité. Ce sont autant de transformations défavorables au botrytis.Les deux autres matières actives n'ont pas de telles conséquences sur la vigne. Leur efficacité secondaire n'a pas été observée dans toutes les régions. Elle ne s'est pas manifestée en Champagne. ' Nous avons étudié quinze années d'essais de la Protection des végétaux et du CICV, explique Christelle Rinville, des services techniques de cette interprofession. Nous n'avons jamais rien observé avec le folpel, le méthirame de zinc et le mancozèbe. ' Or, ce dernier est considéré comme neutre vis-à-vis de la pourriture.Le folpel est sûrement l'antimildiou dont on a le plus discuté et observé l'activité antipourriture. A Cognac, la Protection des végétaux a remarqué que celle-ci était irrégulière dans le cadre d'applications de 2 000 g/ha en encadrement de floraison. ' Mais nous n'avons rien constaté à la dose homologuée contre le mildiou, qui est de 1 500 g/ha ', précise Danièle Legall de cet organisme. La plupart des représentants des services officiels partagent ce point de vue.Yvon Bugaret, de l'Inra de Bordeaux, pense, au contraire, que le folpel est la référence en matière d'efficacité secondaire contre le botrytis. Il estime qu'il augmente la performance des produits spécifiques dans les vignobles où l'on met en oeuvre des mesures de prophylaxie contre la pourriture grise. Cependant, lorsqu'on lui demande sur quel niveau d'efficacité on peut tabler, il répond ' qu'il ne faut pas avancer de chiffres. On ne peut pas quantifier un effet secondaire. Il est fonction de l'année. En 1992, son action fut très net. Il y eut du botrytis sur les feuilles, comme cela se produit tous les vingt ans. Les parcelles traitées avec des antimildious à base de folpel étaient indemnes, pas les autres. En 1998, le développement de la pourriture a été explosif en fin de saison. On n'a pas bien valorisé les effets secondaires du folpel. 'Cette irrégularité ne semble pas devoir être démentie par les strobilurines. Elles aussi sont pourvues de propriétés antipourritures. Sopra l'annonce pour le Quadris et le Quadris Duo, et BASF pour le Stroby DF. Les deux premiers de ces fongicides ont fait l'objet d'observations en Champagne. Elles ont eu lieu sur des parcelles qui, en majorité, n'avaient pas souffert d'antibotrytis spécifique. ' Dans les conditions du vignoble, nous avons noté au mieux 30 % d'efficacité et dans certaines parcelles, nous n'avons rien noté du tout, précise Christelle Rinville. Les effets secondaires sont à prendre avec des pincettes. Ce que l'on observe dans une situation donnée ne peut pas être extrapolé. 'Sopra annonce des résultats supérieurs. Lors de ses essais effectués en 1998, trois ou quatre (deux séquences de deux traitements) applications de Quadris ou de Quadris Duo, en encadrement de floraison, ont réduit de 30 à 40 % la pourriture grise à la récolte. Ces niveaux de protection ont été obtenus en l'absence de traitements spécifiques contre la maladie. Avec de tels traitements, l'effet des deux produits s'estompe. Au mieux, ils n'améliorent plus que de 10 % l'état sanitaire de la récolte. En 1997, la firme avait noté une forte activité à l'encontre de la pourriture pédonculaire. Quadris et Quadris Duo en avaient réduit l'incidence de 60 à 70 %. Si ces résultats se confirmaient, ils feraient de l'Az (azoxystrobine) la nouvelle référence en matière d'efficacité secondaire contre la pourriture grise, possibilité que n'exclut pas Yvon Bugaret.Peut-être le krézoxym-méthyl pourrait-il la concurrencer. Comme l'Az, c'est une strobilurine et il possède un large spectre d'action. Mais ses performances contre le botrytis sont moins bien connues. Elles n'ont pas été étudiées par les services officiels (Protection des végétaux, ITV, Inra). Et BASF fournit bien moins de précisions que son concurrent Sopra. La firme se contente d'indiquer que l'activité du krézoxym-méthyl s'observe plus souvent sur la pourriture pédonculaire que sur celle des baies. C'est mince. Il faudra davantage d'informations pour situer sa matière active par rapport à l'Az et aux IBS dotés d'une efficacité contre la pourriture grise.De ces résultats, il ressort que l'on ne peut pas compter sur les antimildious classiques pour élaborer une stratégie de lutte contre le botrytis. Ils sont d'un comportement trop aléatoire pour cela. L'Az, en revanche, semble présenter des performances qui pourraient justifier son utilisation dans les régions où l'on n'applique pas d'antibotrytis spécifique. Mais cela mérite confirmation.

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