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La Champagne expérimente les basses densités

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

Les maisons de Champagne veulent diminuer leurs coûts de production. Depuis une dizaine d'années, le CIVC expérimente les lyres, ainsi que les vignes hautes et larges.

En Champagne, les densités vont, en général, de 8 000 à 10 000 pieds/ha. L'écartement des rangs est de 1,00 à 1,10 m, la distance entre les pieds entre 0,90 et 1,20 m. Toujours est-il que la somme des écartements ne doit pas dépasser 2,50 m, ce qui limite la densité à 6 400 pieds/ha. Dans la région, la modification des densités de plantation n'est pas à l'ordre du jour.
Il n'empêche que depuis une dizaine d'années, les maisons de Champagne étudient la possibilité de descendre à des densités plus faibles. L'objectif principal est de diminuer les coûts de production. ' L'intérêt est d'utiliser du matériel moins onéreux que l'enjambeur, le tracteur vigneron étant deux à trois fois moins cher ', dit François Langellier, du CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne).
Depuis 1996, ce dernier suit les essais de vignes conduites en lyre, plantées en grands écartements, mis en place au sein des vignobles des grandes maisons de Champagne : Mumm, Moët & Chandon, Roederer, et Pommery dès 1991. Auparavant, la maison Mumm avait étudié le comportement de vignes en lyre, obtenues par transformation de vignes traditionnelles en place, à savoir l'arrachage de deux rangs sur trois.

Quant au CIVC, il a monté deux essais sur ses domaines expérimentaux : une comparaison de la lyre, des vignes hautes et larges et des traditionnelles à Essoyes (Aube), et une comparaison vignes hautes et larges par rapport aux traditionnelles à Chouilly (Marne). Les vignes hautes et larges sont plantées à 2,20 × 1 m ou 1,20 m (3 800 ou 4 500 pieds/ha), et la lyre à 1,30 × 1 m à 1,10 m (de 2 700 à 3 000 pieds/ha).
Les suivis agronomiques ont démarré en 1996. ' Les vignes hautes et larges semblent avoir un plus bel avenir que la lyre , estime François Langellier. Du fait de sa forme, la lyre permet d'avoir une SFE suffisante et de gagner 30 à 40 % de temps de travaux, mais elle pose un problème de pérennité du cordon. La lyre doit être recepée au moins une fois au cours de sa vie, et il n'est pas évident manuellement de maintenir des yeux à la base en vue de ce recépage. Le cordon est plus sensible au gel d'hiver et le palissage est plus compliqué à mettre en place. Les vignes hautes et larges permettent de gagner environ 20 % de temps de travaux. Elles sont plus faciles à manipuler et on peut laisser des pousses aux pieds afin d'assurer une pérennité du cep, en cas de fortes gelées hivernales par exemple ou de vieillissement prématuré du cordon ', explique François Langellier.

Qu'en est-il sur le plan oenologique ? Les dégustations triangulaires des vins issus des lyres ont débuté en 1998, celles des vignes hautes et larges en 2003. Pour l'instant, il est difficile de tirer des conclusions. Dans 50 % des dégustations, il n'y a pas de différence entre la lyre et la vigne traditionnelle. Dans les autres cas, il ressort des goûts de réduit. Les moûts des lyres sont plus acides à rendements et degrés équivalents, et parfois plus riches en azote, que les vignes traditionnelles. Cela n'explique pas les goûts de réduit. Concernant les vignes hautes et larges, les rendements et les degrés sont assez proches des vignes traditionnelles. Mais là encore, il est trop tôt pour conclure.

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