Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2003

Bordelais et Midi sont confrontés au choix difficile du réencépagement

La vigne - n°146 - septembre 2003 - page 0

On boit moins, mais mieux. Pour s'adapter à cette tendance, les vignerons du Midi ont reconverti leur vignoble. De leur côté, les Bordelais ont remplacé leurs blancs par des rouges.

'La reconversion, c'est un très lourd paquebot. Après avoir impulsé un mouvement à la barre, il faut un certain temps pour que le bâtiment change de cap ', expose un professionnel. Cet outil, indispensable pour adapter l'appareil de production à la consommation, est difficile à manier. La réalité montre que la reconversion reste la somme de décisions individuelles. Les consignes syndicales et autres incitations financières n'ont qu'une incidence limitée. Pierre Leclerc, directeur du Cevise, a notamment mis en évidence que l'augmentation du montant des aides au réencépagement n'avait pas eu l'effet escompté dans le Sud-Est : ' Après trois années aux nouveaux tarifs, on observe que les superficies restructurées sont à peu près égales, et même parfois inférieures aux superficies plantées de 1996 à 1999, avec des primes de l'ordre de 3 049 euros/ha (20 000 F/ha), contre plus de 6 870 euros depuis 2000-2001 . '

Ce constat ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Tout le monde s'accorde pour dire que sans un système d'aide à la reconversion, le vignoble du Midi n'aurait pas pu s'adapter comme il l'a fait. Reste que lorsqu'il s'agit de faire dans la finesse, c'est-à-dire de prévoir quels cépages il faut planter pour répondre à la demande de demain, la profession navigue à vue. Dans les faits, la décision d'encépagement relève du choix individuel des exploitants. Ils prennent en compte plusieurs critères : adéquation au terroir, plus ou moins grande facilité de production, et surtout valorisation sur le marché. Ce dernier point est le plus aléatoire : ce qui marche bien aujourd'hui n'est pas forcément ce qui se vendra le mieux demain.
A Bordeaux, la crise sur les vins blancs, après le gel de 1991, a marqué le démarrage d'une reconversion vers les rouges. ' A l'époque, le cours moyen du vrac sur le bordeaux blanc était tombé à 381 euros le tonneau (900 l), alors qu'il avait grimpé à 915 euros en 1989-1990 ', explique Jean-Philippe Code, responsable du service économique à l'interprofession. C'est à ce moment-là que débute la réduction du vignoble. Jusqu'en 1994-1995, l'érosion est lente. La tendance va s'accélérer au milieu des années 90. De 1995 à 2002, la surface consacrée à la production de blancs secs va se réduire de 5 500 ha, passant sous la barre des 10 000 ha. ' Quand on voit les hausses de prix sur le marché du vrac de bordeaux blancs, ces deux dernières années, on peut se demander si l'on n'est pas allé trop loin ', s'interroge un opérateur. Lors de la campagne passée, il n'y avait quasiment plus rien à vendre dès la fin janvier. Les avis sont très partagés pour savoir si la nouvelle campagne sera à l'image de la précédente.

Afin d'accélérer la restructuration dans le Languedoc, un système expérimental vient d'être mis en place : la reconversion qualitative différée (RQD). La procédure se caractérise par deux aspects novateurs. Tout d'abord, elle rallonge le délai entre l'arrachage et la replantation et le porte à cinq campagnes. Ensuite, elle instaure une gestion collective : les vignerons se regroupent dans une structure et élaborent un plan sur cinq ans (sur 5 ha minimum).
Le principe de la RQD est simple : les hectares arrachés au sein de cette structure devront être replantés dans le délai de cinq ans, soit par le même vigneron, soit par un autre adhérent. Les aides sont versées à la structure collective. C'est cette dernière qui reverse aux exploitants une aide en fonction des opérations réalisées. Le comité régional pour la RQD, créé pour faciliter la mise en place du système à l'échelon du Languedoc-Roussillon, décompte 5 309 viticulteurs qui ont retourné un contrat dûment rempli : les engagements portent sur un peu plus de 9 300 ha.




Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :