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Une saison hors normes

La vigne - n°146 - septembre 2003 - page 0

Canicule et stress hydrique marqueront le millésime 2003. La précocité s'est confirmée. Des défoliations ont parfois affecté les parcelles sensibles.

'C'est une saison sans aucun précédent pour tout le monde ', annonce Olivier Yobregat, à la Sicarex du Sud-Ouest (Tarn). ' Nous n'avons pas de références sur un millésime de ce type ', renchérissent de nombreux techniciens.
La précocité s'est confirmée dans toutes les régions, sous l'effet de la canicule de juillet et des quinze premiers jours d'août. Elle est remarquable, surtout dans les régions septentrionales qui ont vendangé avant le Sud, ou en même temps. La vallée de la Loire et l'Alsace sont en avance d'un mois. Le 17 août a sonné le branle-bas général en Savoie, soit avec un mois d'avance. Même chose dans le Jura, ou dans le Beaujolais qui a fini les vendanges avant que ne commence le mois de septembre.

La Loire-Atlantique les suivait de près, la fin des muscadets étant prévue autour du 7 septembre. Par ailleurs, les écarts de précocité se sont tellement réduits d'une région à l'autre, que le Cognaçais et le Bordelais vont vendanger en même temps cette année. Or, une partie des machines à vendanger charentaises tourne d'habitude dans le Bordelais avant de récolter les parcelles du Cognaçais.
Dans toutes ces régions, l'incertitude plane sur le profil des vins de 2003, les raisins n'ayant pas mûri dans les conditions habituelles. Les arômes des moûts sont parfois surprenants. On ne peut, nulle part, se prononcer sur leur stabilité.
' Nous aurons des vins proches des vins méridionaux cette année ', avance Marie-Laure Mascia, du Syndicat des vins de Savoie. Les fortes chaleurs ont favorisé une dégradation très rapide de l'acide malique dans toute la France.

En conséquence, de nombreuses régions ont demandé la possibilité d'acidifier les moûts : le Frontonnais, le Gaillacois, le Bergeracois, le Bordelais, le Cognaçais mais aussi, plus au nord, l'Alsace, le Jura et la Savoie. A Cognac, les producteurs sont d'autant plus inquiets que l'acidité et les températures basses de l'hiver sont deux facteurs essentiels de la conservation des vins. Or, en vendangeant début septembre, aucun des deux ne sera réuni.
Beaucoup de viticulteurs ont été surpris par la rapidité de la maturation, et de nombreuses régions ont une dérogation pour les degrés maximaux, comme en Savoie où on atteint les 14° potentiels sur certaines parcelles, ou dans le Muscadet. Mais attention à la notion de précocité et de maturité.

A la chambre d'agriculture de Gironde, Jean-Philippe Gervais s'inquiète de la détermination des dates de récolte : ' Nous ne sommes pas dans une année aussi précoce qu'on l'entend. La maturité phénolique est souvent très décalée par rapport à la maturité technologique. ' Au début du mois de septembre, les pellicules étaient encore très épaisses et les anthocyanes peu extractibles. ' La difficulté est de définir un critère pour choisir la date de récolte. D'autant que les oenologues ont peu de repères. Nous ne savons pas s'il y a eu un blocage irréversible, ou seulement temporaire, de la maturité phénolique. '
En Anjou, Claude Landron insiste aussi sur la nécessité de raisonner la récolte parcelle par parcelle, après dégustation des baies.

Dans de nombreux endroits, la sécheresse a affecté la maturation. La Savoie n'a pas eu d'eau depuis mai et les parcelles au sol superficiel ont souffert. D'autres se sont bloquées et des défoliations précoces ont été observées. Début septembre, quelques pluies, des journées ensoleillées et des nuits fraîches ont débloqué la situation. Dans le Bergeracois, le manque d'eau a souvent bloqué la synthèse des anthocyanes. En revanche, en Bourgogne, dans le Beaujolais et en Champagne, quelques pluies d'été ont suffi pour le bon déroulement de la véraison. Seules les marnes de l'Aube ont souffert de sécheresse, en plus de l'échaudage. ' Dans la Marne, les faibles rendements de cette année, liés au gel du printemps, ont sûrement permis aux vignes de mieux supporter la pénurie d'eau ', explique Damien Lesueur, au CIVC.



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