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L'effeuillage précoce

La vigne - n°144 - juin 2003 - page 0

L'effeuillage précoce, fin floraison, pratiqué systématiquement sur les deux faces, permet une bonne maturation sans pourriture grise et un moindre risque de grillure.

Dès l'acquisition de vignes par Langlois-Château, en 1983, Bernard Leroux a mis en place l'effeuillage sur quelques parcelles. Au départ, il l'a essayé seulement sur une face, côté soleil levant. Comme de nombreux vignerons, il redoutait la grillure. Devant les bons résultats obtenus sur la pourriture, il a rapidement étendu le système à toutes les parcelles, quels que soient le cépage et la destination du vin.
' Cela fait dix ans que nous pratiquons l'effeuillage. C'est rentré dans nos habitudes, comme l'ébourgeonnage ou l'enherbement. ' Aujourd'hui, il effeuille toutes les parcelles sur deux faces. Il accepte les risques de grillure, qu'il juge relativement faibles : ' Depuis que nous sommes passés à deux faces, nous n'avons eu de la grillure qu'en 1998. ' Le risque est aussi plus faible, car Bernard Leroux réalise l'effeuillage précocement, dès la fin de la floraison. Les grappes semblent alors moins sensibles à la grillure.

Les résultats sur la pourriture grise sont spectaculaires. C'était l'objectif principal de la mesure. La récolte étant relativement tardive dans la région du Val de Loire, il faut souvent jongler entre le risque de pourriture et la maturité souhaitée. Grâce à l'effeuillage, Bernard Leroux peut attendre plus sereinement que les raisins soient arrivés aux degrés souhaités. ' C'est d'autant plus important que nous travaillons beaucoup le chenin, que nous laissons mûrir plus longtemps et qui est très sensible à la pourriture ' , précise-t-il. En aérant la zone fructifère, la technique réduit les risques de contamination par Botrytis. ' Aujourd'hui, nous ne faisons plus qu'un seul traitement antipourriture à la floraison, contre deux ou trois avant de pratiquer l'effeuillage ', constate le chef de culture. Il est donc assuré de n'avoir aucun problème de résidu de traitement lors de la récolte.
Autre intérêt de la technique : en dégageant les fruits, elle facilite la vendange manuelle. ' Nous récoltons à la main toute notre production. Depuis que nous effeuillons, nous avons gagné 30 % de temps de travail à la récolte. '

Pour obtenir les meilleurs résultats, Bernard Leroux pratique son effeuillage dès la fin de la floraison. Si nécessaire, il réalise un deuxième passage, début septembre, pour aérer les grappes pendant la maturation. Il le fait systématiquement sur les chenins. Pour les autres parcelles, la décision est prise en fonction de la repousse.
La société Langlois-Château a recours à deux prestataires pour l'effeuillage et d'autres travaux agricoles. ' Nous disposons ainsi de personnel formé, qui connaît bien nos parcelles. L'effeuillage reste un acte délicat. ' En dehors des 2 ou 3 ha de vieilles vignes, l'effeuillage est effectué à la machine.
Deux systèmes sont utilisés. Le premier effeuillage est réalisé par un appareil Galvit, qui souffle de l'air. Il déchiquète les feuilles et nettoie, en même temps, les grappes des résidus floraux. ' Malgré son aspect archaïque, les résultats obtenus sont bons . En effeuillage précoce, cette machine ne blesse pas les baies. ' En septembre, c'est souvent une machine Avidor qui est utilisée. Elle fonctionne avec une barre de coupe ' qui a tendance à abîmer les grappes. Même si la pourriture ne se développe pas par la suite, le résultat du travail est un peu décevant ' . Bien réglé, l'appareil Galvit a donné de bons résultats en 2002.
Selon Bernard Leroux, c'est surtout la hauteur d'effeuillage qui est importante : ' Il ne faut pas effeuiller sur plus d'une vingtaine de centimètres, sinon on perd trop de feuilles actives, qui alimentent les raisins en sucres. ' Pour les mêmes raisons, il faut également assurer une hauteur de palissage suffisante : ' Nous rognons à 1,80 m environ pour obtenir un rapport entre la hauteur de feuillage et l'écartement, compris entre 0,6 et 0,7. ' Ensuite, le réglage de la machine se fait en fonction des résultats souhaités et du cépage. Sur le chenin, dont les feuilles sont très résistantes, il faudra insister davantage que sur le chardonnay.


BERNARD LEROUX, chef de culture et maître de chai chez Langlois-Château, à Saint-Hilaire-Saint-Florent (Maine-et-Loire)
22 ans d'ancienneté
2 sites sous sa responsabilité
50 ha en production sur les AOC Saumur et Saumur-Champigny,
11 ha en Sancerre
2 entreprises prestataires pour les travaux agricoles



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