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archiveXML - 2003

Vallée du Rhône, 1 500 ha n'ont pas pu être vendangés

La vigne - n°139 - janvier 2003 - page 0

Les inondations catastrophiques de septembre dernier ont marqué la région. La perte de récolte est estimée à 10 % pour les Côtes du Rhône. L'appellation avait des réserves qu'elle a libérées pour stabiliser les marchés.

Près de 750 mm de pluie, c'est la quantité d'eau qui s'est abattue en 24 heures en certains endroits du Gard et du Vaucluse, les 8 et 9 septembre 2002. Ce chiffre correspond à la moyenne annuelle. Survenues à la veille des vendanges, ces pluies diluviennes ont occasionné d'importants dégâts dans les vignes et dans les caves, et ont considérablement marqué les esprits. Elles ont affecté l'appellation Côtes du Rhône, dont une partie est produite dans le Gard et le nord du Vaucluse, de même que des vins de table, des vins de pays et le cru Châteauneuf-du-Pape, également produits dans le nord du Vaucluse.
Au total, 1 500 ha de Côtes du Rhône n'ont pas été vendangés cette année. La plupart de ces vignes avaient été noyées par les eaux qui, en se retirant, ont laissé des grappes couvertes de limons. Sous les recommandations de leurs organisations professionnelles, les vignerons ne les ont pas récoltées. Au mieux, elles auraient donné des vins très instables, car de pH très élevé. Au pire, ils auraient été imbuvables. Hors de question de mettre de tels vins sur le marché. Tel avait été le mot d'ordre des responsables professionnels. Ils ont été suivis.
Tout le monde a dû faire face à la catastrophe dans l'urgence. Des caves sont allées vinifier chez leurs voisines. Après les événements, les vignerons de l'appellation sont venus aider leurs confrères sinistrés à remettre leurs vignes en état. De multiples ventes de soutient ont eu lieu.

Les mesures d'urgence annoncées par le gouvernement n'ont été divulguées qu'au mois de novembre. On apprenait qu'au dispositif entrant dans le cadre des calamités agricoles s'ajoutaient des aides complémentaires. Elles portent sur la remise en état du vignoble, sur le financement des charges fixes d'exploitation des entreprises, sur la reconstruction des outils de vinification et sur le redémarrage des exploitations.
Seule ombre au tableau, les caves qui ont fait le choix de ne pas ramasser les raisins endommagés par les inondations ne pourront pas prétendre à des indemnisations. En décembre, l'Onivins annonçait que la somme débloquée pour la viticulture sinistrée s'élevait à 33 millions d'euros.
A l'heure où nous mettons sous presse, les déclarations de récolte n'étaient pas encore exploitées, empêchant de faire un état des lieux précis des pertes. Le déficit était toutefois estimé à 10 % pour l'ensemble de l'appellation Côtes du Rhône qui produit, en moyenne, 2,9 Mhl par an. Pour la partie gardoise des Côtes du Rhône, la perte serait d'environ 20 %. A Châteauneuf-du-Pape, le déficit de récolte se situe entre 10 et 30 %, selon les secteurs.

' On peut penser que les vignerons vont revendiquer une bonne partie de leur récolte en AOC régionale au détriment des villages et des crus , dit un analyste. Cela devrait compenser cette récolte. ' Les stocks importants et de qualité, en villages et en crus, permettront de réaliser ce report sans trop affecter les marchés.
En villages, les stocks à fin juillet correspondaient à onze mois de commercialisation, rendant possible la jonction avec le millésime 2003. En crus, les stocks sont traditionnellement bien plus élevés : vingt-cinq mois pour l'AOC Lirac, vingt-deux mois pour l'AOC Gigondas, par exemple, à fin juillet. Un autre facteur devrait jouer en faveur d'un apaisement du marché : l'existence d'une réserve qualitative individuelle de 180 000 hl de Côtes du Rhône. Mise en place avec les millésimes 1999 et 2000, cette réserve a permis aux producteurs, durant ces deux années, de mettre de côté les volumes correspondants au PLC, soit 3 hl/ha. Ils peuvent être utilisés, dès lors que les exploitations n'atteignent pas le rendement annuel fixé dans la région à 52 hl/ha.
' Cette possibilité va permettre aux vignerons qui n'ont pas suffisamment de volumes commercialisables d'en avoir à disposition ', explique Francis Fabre, directeur du Syndicat général des Côtes du Rhône.

Les viticulteurs qui souhaitent libérer ces volumes doivent en faire la demande à l'interprofession, après l'établissement de la déclaration de récolte. De fait, début décembre, les cours du vrac de l'AOC Côtes du Rhône étaient stables et se situaient entre 114 et 145 euros/hl, comme en 2001.
Il est vrai que les opérateurs se trouvaient dans l'expectative. ' Les négociants ne se sont pas précipités pour faire leurs achats , souligne un professionnel. Ils achèteront leurs cuvées au fur et à mesure des agréments. '
Le millésime 2002 porte les stigmates de ces intempéries et d'une climatologie humide et pluvieuse fin août-début septembre. Ces conditions ont ralenti la maturation des raisins et ont rendu difficile la maîtrise de l'état sanitaire du vignoble. ' Les vins sont faibles en couleur et peu structurés, commente un directeur de cave coopérative. Ce ne sera pas une année de grande garde, mais nous avons réussi à sortir des cuvées correctes avec des vins faciles à boire. C'est le fruit d'un tri à la parcelle aux quais de réception, et d'un travail poussé à la vinification. ' Pour vendre ce millésime, les producteurs devront faire le forcing. ' La récolte a été dénigrée avant même d'avoir été mise en marché. Il va falloir faire déguster nos vins et convaincre , déclare un vigneron. Ils ont leur place sur des circuits courts, qui ne stockent pas. '

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