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Vallée du Rhône, une campagne généreuse

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

Les années se suivent et se ressemblent dans les côtes du Rhône. La région sud-est a de nouveau bénéficié de conditions climatiques favorables, qui lui ont procuré un millésime 1999 globalement réussi, avec de belles couleurs. Il est même parfois exceptionnel dans la zone septentrionale.Du point de vue économique, la campagne 1998-1999 restera un bon cru, les cours s'étant maintenus à un niveau assez élevé: 811 F/hl pour le côtes-du-rhône rouge (+11% par rapport à la précédente campagne), 1 003 F/hl pour le CDR villages (+6%). Le développement des CDR villages constitue l'un des faits marquants de l'année passée. Cette tendance avait été amorcée lors des précédents millésimes afin de mieux répondre aux attentes du marché. Résultat, leur agrément a progressé de 45% en quatre ans, à 330 000 hl en 1999. La récolte en CDR régional s'élève à 2 195 000 hl, en retrait de 100 000 hl par rapport à 1998.Cependant, cette bonne conjoncture ne doit pas occulter les éventuels coups durs. C'est dans cette optique de prévention que l'interprofession avait mis en place un système de réserve qualitative. Cette gestion des rendements existe aussi dans le Bordelais et en Champagne et pourrait voir le jour dans le Beaujolais. Dans les bonnes années, il est donc possible pour le vigneron de mettre en réserve 3 hl/ha au-dessus des 52 hl/ha autorisés (pour le CDR régional). La grande nouveauté de 1999 consiste à pouvoir gérer individuellement cette réserve qualitative, jusqu'ici collective. Chaque vigneron pourra vendre sa réserve en cas d'année déficitaire, dans la limite du rendement annuel de l'appellation.Cette gestion s'accompagne de la possibilité de reporter le blocage des vins d'un millésime sur l'autre grâce au RBI (report individuel de blocage). Le RBI répond à un souci logistique, car le blocage par millésime suppose d'avoir de nombreuses cuves. De plus, d'un point de vue qualitatif, il est préférable de ne pas bloquer trop longtemps les vins.Le report doit faire l'objet d'une demande auprès du service économique d'Inter-Rhône pour des volumes ayant déjà reçu l'agrément. Un vigneron ayant bloqué 3 hl/ha en 1998 peut, s'il effectue un report individuel de blocage, les débloquer, c'est-à-dire les vendre en 1999. Mais en contrepartie, il ne pourra commercialiser que 49 hl/ha de sa nouvelle vendange (52 hl de rendement, moins 3 hl de millésime 1998 vendus) en 1999. Il aura toujours 3 hl bloqués du 1999. Actuellement, la réserve qualitative comprend environ 170 000 hl de CDR.C'est dans le même esprit d'atténuer les effets d'une mauvaise climatologie que l'interprofession avait proposé la mise en place d'une assurance gel-grêle obligatoire, financée par une cotisation de 5 F/hl. Cette mesure, adoptée par les vignerons et les négociants, est en phase d'attente en raison de problèmes administratifs. Si elle peut s'inscrire dans le cadre de la nouvelle loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999, elle pose des problèmes au niveau de l'OCM (organisation commune de marché). Un autre projet, et non des moindres, est également en suspens. Il s'agit du tracé autoroutier du contournement ouest de Lyon, qui empiète sur les vignes de Côte rôtie et de Condrieu. Le syndicat général des vignerons reste mobilisé sur ce sujet, rompu aux démarches à mettre en place pour préserver le vignoble.C'est dans un contexte de sérénité économique que le groupement des caves particulières de la vallée du Rhône a posé la première pierre de son palais du vin, le 27 novembre. S'inspirant du palais des vins de Narbonne (Aude), les caves particulières ne manquent pas d'ambition pour cette structure. Situé près de l'échangeur d'Orange sud, en bordure de la RN7, ce palais bénéficie d'un emplacement à haute fréquentation. Il sera constitué d'un grand caveau, d'une salle de dégustation ainsi que de salles de conférence et de réunion. Mais l'une de ses originalités est d'avoir rassemblé quatre grands chefs de la région (Messieurs Giansily, Paumel, Etienne et Gomez) pour gérer le restaurant. Le palais sera partiellement animé par les vignerons.La mise en place de ce projet commun nécessite une certaine cohésion de la part des vignerons adhérents au palais. Ce n'est pas cet état d'esprit fédérateur qui anime une partie des vignerons de Châteauneuf-du-Pape. L'année 1999 est marquée par de nombreux incidents entre les deux syndicats de l'appellation, principalement à propos de l'agrément. Pour calmer le jeu, le syndicat général des vignerons des côtes du Rhône a décidé d'effectuer lui-même les agréments du millésime 1999. Adoptée par les deux parties, cette décision ne semble pas du goût d'une frange de vignerons qui ont parfois recours aux manières fortes. Une publicité dont cette belle appellation se passerait bien...

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