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Languedoc, la seconde petite récolte consécutive

La vigne - n°139 - janvier 2003 - page 0

Les rendements accusent une baisse de 10 à 30 %, suivant les endroits. L'annonce de ce faible volume a redynamisé les cours au début de la campagne.

Au fil des années, déficit et excès d'eau se succèdent en Languedoc. La récolte 2001, pénalisée par la sécheresse estivale, était inférieure à la moyenne avec 18,1 Mhl. Celle de 2002 devrait baisser encore de 9,5 % : elle est estimée à 16,4 Mhl. Les inondations du Gard et de l'est de l'Hérault ont entraîné la perte de 500 000 hl. Dans l'ensemble, l'hiver a été sec et la sortie de grappes moins abondante que d'habitude. Le froid et la pluie, lors de la floraison, ont provoqué de la coulure sur les cépages sensibles (grenache, chardonnay et merlot). Le stress hydrique et le vent du Nord ont réduit la taille des baies, donnant moins de jus.
Suivant les zones, la baisse de récolte varie de 10 à 30 %. ' Elle est due, pour partie, aux efforts des vignerons qui se sont fixés des objectifs de maîtrise des rendements. Le climat a accentué le phénomène ', explique Cédric Lecareux, de la chambre d'agriculture de l'Aude. Au niveau du marché, l'annonce d'une petite récolte en Languedoc, ainsi qu'en Espagne et en Italie, a redynamisé les cours des vins de table et de pays. La campagne s'était achevée avec une majorité d'affaires entre 30 et 33 euros/hl. Fin 2002 les cours se situaient plutôt entre 40 et 42 euros/hl pour les VDT et 42 et 45 euros/hl pour les VDP de département.
Le pire sera sans doute évité pour 2002-2003. Mais ces prix restent insuffisants pour assurer un revenu correct aux producteurs. Sur le terrain, ces derniers estiment qu'il faudrait un minimum de 43 euros/hl pour les VDT et 46 euros/hl pour les VDP. Pour résorber les excédents, il a fallu distiller 3,1 Mhl. Les stocks ont retrouvé un niveau normal, mais les débouchés perdus les années précédentes n'ont pas été récupérés.

Sur l'ensemble de la campagne 2001-2002, les VDT, avec 4,1 Mhl vendus, ont reculé de 2,9 % en volume et de 13,9 % en valeur, la moyenne s'établissant à 38,29 euros/hl. Les VDP de département, avec 2,11 Mhl vendus, ont perdu 10,9 % en volume et 12,9 % en prix, avec une moyenne à 37,31 euros/hl. Les VDP de zone, avec 585 000 hl vendus, ont progressé de 14,8 % en volume. Le prix moyen a diminué de 1,8 % pour s'établir à 51,44 euros/hl, mais la fourchette est très ouverte, certaines dénominations se valorisant très bien et d'autres non.
Pour les appellations, la situation est plus tendue. Les stocks ont progressé et dépassent légèrement une année de vente. Dans ce contexte, la baisse de la récolte (- 4,6 %) est bienvenue.
De 1997 à 2001, la production des AOC du Languedoc s'est accrue de 400 000 hl, pour atteindre près de 2 Mhl. Durant trois ans, les ventes ont suivi, les prix ont progressé. Sur la campagne 2001-2002, le mouvement s'est inversé : les sorties ont diminué de 9 %, les cours ont fléchi.
Ce repli des ventes touche surtout les entrées de gamme. Il atteint 13 % à l'export et 8 % dans les GMS. Il est en partie compensé par une hausse dans les autres circuits, en particulier dans les CHR. Autre signe encourageant, les AOC du Languedoc progressent en volume et en valeur dans les panels de consommation, après avoir diminué en 2000-2001. Les premiers mois de 2002-2003 sont marqués par une augmentation nette des contrats d'achat et par un redémarrage à l'export, qu'il reste à confirmer.
Dans ce contexte difficile, les vins de pays d'Oc ont fait preuve de dynamisme. Les contrats d'achat ont augmenté de 671 000 hl pour atteindre 3,55 Mhl, (+ 25 %). En revanche, les prix ont diminué de 4 %. Le chardonnay et le merlot ont eu un peu de mal à se positionner en début de campagne, la syrah et le cabernet-sauvignon ont mieux résisté. La moyenne des cours s'est établie à 60 euros/hl pour le merlot, 63 euros/hl pour la syrah, 66 euros/hl pour le cabernet-sauvignon et le sauvignon, 78 euros/hl pour le chardonnay et 80 euros/hl pour le viognier.

Pour la première fois, la progression des ventes a été plus forte sur le marché français, qui a représenté 25 % des ventes, contre 20 % auparavant. A l'export, les VDP d'Oc ont repositionné leur prix. En avril, la tendance à la baisse des cours s'est renversée. Pour la nouvelle campagne, le marché est orienté à la hausse. Les volumes agréés et prévendus ont augmenté de 12 % par rapport à la même époque l'année précédente.
' Malgré ce bon tableau de bord, nous n'avons obtenu, en Languedoc-Roussillon, que 600 ha de droits nouveaux pour 2003. C'est insuffisant pour répondre à la demande de nos metteurs en marché. Sur un cépage comme le cabernet-sauvignon, nous manquons de volume ', a relevé Jacques Gravegeal, président, lors de l'assemblée générale du Syndicat du 12 décembre. Cette journée a été l'occasion d'annoncer le vote du conseil d'administration favorable à la possibilité d'utiliser la mention de cépage, dès lors que le vin comporte 85 % de ce cépage. Jacques Gravegeal a aussi rappelé l'opposition de ce même conseil à la création d'une catégorie de vins de cépages de France. ' Cela conduirait à banaliser la production. Un vin de pays d'Oc, c'est autre chose qu'un simple cépage. Ce n'est pas pour rien qu'en quinze ans, notre production est passée de 200 000 à 3 700 000 hl. Cette réussite, c'est notre bien à tous, et nous la défendrons . '

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