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Languedoc, un retour brutal aux réalités

La vigne - n°128 - janvier 2002 - page 0

En 2000-2001, les volumes vendus ont diminué de 21 % pour les vins de table et progressé de 6 % pour les vins de pays de département, les cours baissant de 11 % pour s'établir, respectivement, à 44,36 euros/hl (291 F) et 42,84 euros/hl (281 F). En cinq campagnes, les pertes de parts de marché sur ce segment atteignent 2,3 millions d'hectolitres ! Les cours des vins de table étaient descendus à 3,05 euros/°hl (20 F) dans les derniers mois, avec de nombreuses affaires entre 2,44 et 2,74 euros/°hl (16 à 18 F). Au début de la campagne 2001-2002, ils ont redémarré à 3,05 euros/°hl, avec une fourchette de 2,74 à 3,35 euros (18 à 22 F). Les vins de pays de département avaient fini à 30,49 euros/hl (200 F), et repartent sur la base de 32-35 euros/hl (210-230 F).
Les ventes se raffermissent légèrement, mais il est trop tôt pour dire s'il s'agit d'une pause dans la chute ou d'une stabilisation à ce niveau. La récolte 2001 diminue de 3 millions d'hectolitres et devrait atteindre 17,5 millions d'hectolitres, toutes catégories confondues. Les volumes de vins de table et de pays à commercialiser devraient donc baisser d'au moins 2 millions d'hectolitres. Une partie des stocks a été écoulée à bas prix cet été, et la première distillation à 3,05 euros/°hl (20 F) a permis de dégager 1,2 Mhl dans la région. La suivante était prévue à 2,44 euros (16 F), la moyenne des deux devant s'établir à 2,74 euros (18 F). Elle a été divisée par deux. Une deuxième tranche est annoncée, mais les prix restent incertains, ce qui ne contribue pas à stabiliser le marché.

La conjoncture favorable des dernières années avait masqué la baisse de consommation, qui a surtout touché les vins de base. Le réajustement a été brutal. Pour réduire rapidement l'offre sur ce créneau sans entamer le potentiel de production régional, une formule de reconversion progressive a été mise en place en décembre dernier. Applicable dès maintenant, elle prévoit l'attribution après arrachage d'une prime de 310 euros/ha (2 033 F) destinée à couvrir les frais. Les années suivantes, une prime de 920 euros/ha (6 035 F) sera versée pour compenser la perte de production. La quatrième année au plus tard, la parcelle devra être replantée. Elle bénéficiera alors d'une prime de 4 500 euros/ha (29 518 F), qui correspond à l'actuelle prime de restructuration diminuée des sommes déjà versées. Si la replantation n'est pas effectuée, les sommes perçues devront être remboursées. Cette mesure s'adresse aux vignerons déterminés à continuer, mais n'offre aucune solution à ceux qui souhaitent cesser leur activité.
Sur 2000-2001, les vins de pays d'Oc ont consolidé leurs ventes en vrac à 2 686 000 hl. En revanche, la baisse des cours a atteint 10 %. Elle a touché plus sévèrement le merlot, le cabernet, la syrah qui ont reculé de 13 %, et le chardonnay qui a perdu 20 %.

En début de campagne 2001-2002, les volumes ont progressé à nouveau et les cours se sont raffermis. Sur le marché, la fourchette des prix s'est élargie. Le cours dominant du merlot, par exemple, s'est établi entre 60 et 67 euros/hl (400 à 450 F). Aux deux extrêmes, quelques lots ont été vendus à moins de 46 euros/hl (300 F), mais un volume quatre fois plus important s'est valorisé à plus de 84 euros/hl (550 F). La différence s'est faite sur la qualité des vins, et sur la présence ou non d'un partenariat commercial.
' Il y a eu trop de lots bradés qui ont tiré les cours vers le bas. Nous devons arrêter de nous concurrencer en jouant à ceux qui vendront le moins cher. Travaillons au contraire à gagner ensemble des parts de marché en haut de gamme car, là, nous avons manqué de volumes ', a affirmé Jacques Gravegeal, président du syndicat des vins de pays d'Oc, lors de son assemblée générale début décembre. A cette occasion, il a renouvelé sa demande de reconnaissance de l'interprofession, ce qui lui donnerait un cadre plus solide pour orienter les prix et discuter du partage de la valeur ajoutée, et des moyens supplémentaires pour mener des campagnes de promotion. Dans l'Aude, les organisations professionnelles ont lancé le vin de pays cathare, une nouvelle dénomination en haut de gamme, avec des prix démarrant à 2,59 euros/col (17 F). En 2001, 10 000 hl de la récolte 2000 ont trouvé preneur sans difficulté, confirmant qu'il y a des ouver- tures sur ce segment.
Les appellations du Languedoc, qui avaient déjà vu leurs cours progresser de 22 % en deux campagnes, ont ' consolidé leur bond en avant ', comme le souligne Bernard Devic, le directeur du CIVL (interprofession). D'après le panel Secodip, les achats en dessous de 1,22 euros/col (8 F) sont passés de 18 à 10,8 % en 2001, pendant que les achats à plus de 2,44 euros (16 F) progressaient de 21 à 33 %. Cela s'est traduit par une hausse du prix moyen de 0,3 euros/col (2 F).

' Nous devons continuer dans cette voie, car les entrées de gamme constituent encore plus de 40 % de nos ventes ', souligne Jean-Pierre Thène, du syndicat de cru Corbières. ' Le repositionnement est bien amorcé. Il nous faut maintenant élargir nos parts de marché en milieu de gamme pour compenser le recul en entrée de gamme ', ajoute Stéphane Roux, le directeur du syndicat de cru Minervois.
Sur 2000-2001, les ventes des appellations du Languedoc ont atteint 1,117 Mhl en vrac et 530 000 hl en direct, le total progressant de 3 %. Avec une récolte 2001 en légère hausse, qui va permettre de reconstituer des stocks au plus bas, et un millésime d'une qualité exceptionnelle, l'année 2002 s'annonce bien. Les chantiers ne manqueront pas pour continuer à progresser.
' Nous allons poursuivre le développement des bonnes pratiques au vignoble, et l'ajustement de nos profils de vins à la cave, en nous appuyant sur le réseau des vingt-deux techniciens des caves coopératives et particulières, du syndicat de cru et de la chambre d'agriculture, qui travaillent déjà en synergie. '


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