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archiveXML - 2001

Pour adapter ses traitements à la pression mildiou, Patrice Piveteau souhaite détecter les foyers primaires

La vigne - n°120 - avril 2001 - page 0

La découverte des foyers primaires n'est qu'une indication complémentaire. Elle conforte ou non mes choix.

'Le mildiou est l'un de nos soucis majeurs. Après plusieurs années relativement calmes, il s'est rappelé à nous il y a deux ans, et surtout en 2000 ', constate Patrice Piveteau, qui pilote la partie vitivinicole des domaines P. Frapin, petite maison de Cognac. ' Sur l'un de nos sites, il y a deux vieilles treilles de chasselas. Ce cépage est précoce, et c'est souvent là que je trouve les premières taches de mildiou. Ces treilles ne sont jamais traitées. Il y a une autre parcelle, dans Cognac, qui me sert d'indicateur. Elle est précoce, et plantée de cépages précoces. ' Si Patrice Piveteau recherche chaque année les foyers primaires dans ces témoins et sur tout le domaine, ce n'est pas pour décider de la date de son premier traitement qui, le plus souvent, est réalisé avant l'apparition des premières taches. ' Une année comme 2000, lorsqu'on trouve les foyers primaires, il est déjà trop tard pour intervenir. En théorie, quand la pression est faible, on peut attendre la sortie de ces foyers pour traiter. Mais qui sait évaluer, en début de campagne, la férocité du mildiou ? ' Sa stratégie est simple : lorsque la Protection des végétaux indique que les oeufs d'hiver sont mûrs et que la vigne atteint un stade sensible, il déclenche la première intervention dès l'annonce d'une pluie. ' La découverte des foyers primaires n'est qu'une indication complémentaire. Elle conforte ou non mes choix. Elle permet aussi de raisonner la suite de la lutte en donnant une image du potentiel infectieux. On peut alors adapter les cadences et les produits. L'an dernier, par exemple, j'ai pris vite conscience de la pression de la maladie. ' Mais avec 300 ha à protéger, dans une entreprise aux 35 heures, la gestion des salariés entre en ligne de compte pour planifier les interventions. ' On a une inertie de surface. Il faut du temps pour traiter 300 ha. De plus, les premiers traitements sont réalisés en mai, où les ponts sont nombreux. On ne peut pas toujours appeler les salariés pour qu'ils viennent traiter. Cela oblige à limiter la prise de risque, et à ne pas attendre les premières taches pour intervenir. C'est aussi dans un but organisationnel qu'on ne démarre plus les traitements avec des produits de contact, mais avec des fongicides qui se mettent à l'abri du lessivage. ' Pour ne pas passer à côté des symptômes de mildiou, d'autres maladies ou de carences, Patrice Piveteau réalise ' une veille parasitaire '.' Je ne bloque pas une ou deux journées pour aller dans les vignes. Je préfère pratiquer une observation morcelée, mais permanente. J'essaie de ne jamais rester longtemps sans me rendre sur le terrain. Le but est de voir le maximum de pieds. Plus j'examine de feuilles, plus je peux trouver des foyers. L'équipe qui travaille dans les vignes joue aussi un rôle d'observateur. ' ' Tous les foyers sont importants à détecter, et pas seulement les foyers primaires. D'autant qu'on ne sait pas toujours si on a sous les yeux un foyer primaire ou un repiquage. L'an dernier, nous sommes passés à côté des foyers primaires. Ceux découverts début mai étaient des foyers secondaires. Dans la programmation du premier traitement, il y a toujours une part de chance. L'an dernier, nous avons traité le 4 mai, la veille d'une pluie contaminatrice. C'était un bon positionnement, mais nous ne l'avons su qu'à posteriori. Si les vrais foyers primaires avaient été détectés, les vignerons auraient sans doute traité plus tôt, évitant pour certains des dégâts importants. ' Mais il conclut, optimiste : ' Il ne faut pas échafauder les programmes de cette année en fonction de la dernière campagne : 2000 était, j'espère, une année exceptionnelle pour le mildiou ! '

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