Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2001

Nouvelle génération de bouchons : Altec se distingue toujours

La vigne - n°119 - mars 2001 - page 0

Face au succès commercial du bouchon Altec, ses concurrents se multiplient. Sabaté, qui propose un nouveau concept depuis cinq ans, conserve une longueur d'avance.

Le succès du bouchon Altec depuis son lancement en 1995 par Sabaté, prouve que les formules alternatives au liège 100 % naturel ont de l'avenir. De nombreuses firmes concurrentes l'ont reconnu et se sont lancées dans la mise au point et la production industrielle de bouchons à base de microbilles de liège. Aujourd'hui, il existerait une dizaine de firmes dans le monde qui disent produire des bouchons comparables à Altec, dont les acheteurs sont souvent autres que français.Même s'ils ne croyaient pas forcément au succès à long terme des bouchons de ' troisième génération ' nombre de bouchonniers se sont lancés dans l'élargissement de leur gamme. Depuis un an et demi, on recense Neutrocork lancé par Amorim et l'A21 de Ducasse. Juvénal produit depuis 1999 le bouchon Newstar et lance le Newstar Nature avec deux rondelles de liège naturel aux extrémités. Ces trois premiers bouchons se vendent entre 25 et 40 centimes pièce. Ils sont composés de granulés de liège dont le diamètre est inférieur à 3 mm, tous collés par un liant à forte valeur ajoutée. Rappelons que les agglomérés classiques contiennent des morceaux de liège dont la taille varie plutôt entre 4 et 8 mm. En revanche, Altec est composé d'une farine de liège purifiée, dont les particules font toutes moins d'1 mm, accompagnée de micro-inclusions synthétiques. D'un côté, la réduction du liège en microbilles permet de mieux purifier cette matière première et donc de mieux se protéger des goûts de bouchon. D'un autre côté, cette réduction de taille fait perdre de l'élasticité à l'ensemble. Sabaté a donc mis au point des micro-sphères de synthèse pour rendre l'élasticité et l'étanchéité à l'aggloméré. La firme a innové en introduisant un troisième composant dans un bouchon aggloméré après le liège et le liant, lui conférant un très fort retour élastique. Ces nouveaux bouchons agglomérés à petits grains ont tout de même des performances et des qualités proches de celles d'Altec. Ils seraient d'ailleurs plus près de ce dernier que des agglomérés classiques. Mais certains experts refusent de faire toute comparaison, ' puisqu'on parle de produits entièrement différents '. Pourtant, les bouchonniers comparent leurs produits à Altec, qui tient le rôle de référence en la matière. ' La copie est flatteuse ', aime-t-on dire chez Sabaté, ' Altec associe le meilleur du liège avec le meilleur du synthétique. ' La course vers la mise au point d'autres bouchons du même genre entraînerait une émulation chez les bouchonniers. Mais de nouveaux paramètres sont à prendre en considération pour formuler les liants. La diminution de la taille des morceaux de liège entraîne une augmentation des surfaces en contact avec le liant, rendant plus difficile un collage homogène, et augmentant les surfaces d'échange. Cela favorise à la fois l'imbibition du bouchon par le vin et l'augmentation de la perméabilité à l'oxygène. Les agents de solubilisation ou de dilution de la colle peuvent contenir des molécules migrantes et volatiles qui pourraient nuire aux qualités organoleptiques du vin. Certaines de ces molécules sont même interdites dans la composition des vins. Une étude réalisée par Amorim démontre que Neutrocork transmet deux fois moins de dérivés du benzène qu'Altec. Mais, dans tous les cas, il ne s'agit que de traces. Les bouchonniers s'interrogent sur la possibilité de remplacer ces colles par des formulations ayant de plus faibles taux de solvants, ou mieux, qui soient en solution aqueuse. Mais cela engendre un nouveau problème : la stabilité microbienne du bouchon. Tous ces facteurs sont connus des bouchonniers qui cherchent la formulation la plus neutre vis-à-vis du vin. Ces liants sont différents de ceux contenus dans les agglomérés traditionnels, ce qui a parfois obligé à remplacer le processus d'extrusion par le moulage. Ces différents bouchons visent les mêmes types de produits comme les vins à rotation rapide, dont la consommation est prévue dans l'année qui suit la mise en bouteilles. D'ailleurs, aucun des bouchonniers n'en recommande l'usage pour des vins de garde. D'abord, ces bouchons ne sont pas favorables à une longue conservation, mais aussi parce que le recul des firmes les concernant ne permet pas encore de déterminer la durée probable de bonne conservation. Du point de vue de leur utilisation, ces nouveaux bouchons demandent les mêmes précautions de stockage que tous les autres, et ne nécessitent pas d'adaptation particulière des boucheuses, ni des chaînes d'embouteillage. Cette nouvelle génération de bouchons répond techniquement et économiquement aux besoins de vins à consommation rapide. Ils sont adaptés au bouchage industriel par leur meilleure régularité et par leur plus faible taux d'accidents, comme les bouteilles couleuses ou les goûts de bouchons. Mais, les consommateurs ne sont pas prêts à déboucher des bouteilles et découvrir que le bouchon n'est pas naturel. Malheureusement, tous ne distinguent pas encore un bouchon aggloméré ' dernière génération ' d'un 100 % synthétique. Ils sont perçus tous deux comme un signe de moins bonne qualité, surtout par les consommateurs français. Mais pour les bouchonniers, c'est tout à fait l'inverse. Christophe Fouquet, chez Amorim, croit beaucoup à l'avenir de ce nouveau type de bouchon : ' Le liège présentait quelques lacunes auparavant, et son utilisation a été parfois remise en question. Mais aujourd'hui, grâce à cette nouvelle forme d'utilisation, le liège redevient un matériau d'avenir. Les bouchons à base de liège pourront répondre aux besoins de tous les vins. ' Nous attendons donc d'autres nouveautés.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :