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Il faut repenser la stratégie globale de la filière

La vigne - n°114 - octobre 2000 - page 0

Fruit d'une conjonction de facteurs favorables, la belle période économique se termine pour notre filière. Elle nous a artificiellement masqué des faiblesses qui ressurgissent au grand jour.

Comme les arbres, les ceps ne montent pas jusqu'au ciel. Depuis quatre à cinq campagnes, les indicateurs de la filière du vin étaient résolument au vert. Les pouvoirs publics parlaient même de ' santé économique quasi indécente ', en comparaison des difficultés rencontrées par d'autres filières agricoles. Un bilan très positif, même si tous les vignobles ne sont pas à la même enseigne. On connaît les poches de crise structurelle dans les Charentes, l'Armagnac, le Rivesaltes, et les réformes tentées. Le Val-de-Loire, les côtes du Rhône, l'Alsace et d'autres ont continué leur développement sans euphorie. Les régions d'appellation - Bordeaux, Champagne et, dans une moindre mesure, Bourgogne et Beaujolais - ont boosté la filière. Du côté des vins de pays, ce sont les vins de cépages qui ont connu une véritable épopée, tirant le vignoble languedocien. ' C'est la plus belle époque de ma vie professionnelle ', confie même un négociant bordelais du haut de ses trente ans de métier. Une belle époque dû à plusieurs éléments favorables. Tout d'abord, la croissance de l'économie mondiale et les bonnes parités monétaires : le vin n'étant pas un produit de première nécessité, il se vend bien quand les clients ont les moyens. Ensuite, des millésimes globalement satisfaisants, même si, comme toujours, tous les vignobles ne sont pas à la même enseigne. L'ouverture de l'Asie et les retombées du ' french paradox ' ont dopé bien des marchés. Enfin, la perspective des fêtes de l'an 2000.Mais depuis plusieurs mois, le doute s'installe et les indicateurs passent progressivement à l'orange : la consommation taxée en France est en chute libre, les résultats à l'exportation ne sont pas bons sur le premier semestre, la Champagne a la gueule de bois après le (trop ?) bel exercice 1999, les stocks de vins de cépages sont alarmants. ' Ce sont les signes d'un inversement de tendance, estime un responsable économique. Dix ans est la longueur moyenne d'un cycle dans notre filière, cinq à la hausse et autant à la baisse. On se souvient de la période 1991-1995 plutôt difficile et de 1986-1990 qui fut, à l'inverse, bonne. On retrouve ces cycles au niveau des plantations, tout est lié. ' ' Nos assurances se craquellent, constate un responsable national. Aujourd'hui, les commerciaux le perçoivent et cela va redescendre au niveau de la production. ' ' Déjà, dans le Midi, des caves inquiètes nous appellent pour savoir s'il faut continuer à planter du merlot ! ' rajoute-t-on à l'Onivins. En fait, cette belle période a occulté les questions de fonds stratégiques pour lesquelles la filière n'a pas de réponse claire : pourquoi la consommation taxée en France a-t-elle subitement repris en 1997 avant de s'effondrer ? Quelle politique pour les vins français par rapport à la montée massive de la concurrence internationale ? Sans compter que partout, on reparle de problèmes qualitatifs des vins... ' Curieusement, il n'y a aucun lieu en France, ni en Europe, où l'on puisse arrêter une stratégie globale ; le morcellement de la filière est ici un handicap ', regrette un responsable. Pour l'instant, inutile de parler de crise. Mais il est temps de préparer la période plus difficile qui s'annonce avec les atouts qui sont les nôtres.

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