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Un mot d'ordre: anticiper

La vigne - n°109 - avril 2000 - page 0

Dès que la pression du mildiou monte, il faut savoir anticiper pour éviter d'être pris au piège que tendent les sols peu portants ou les vagues d'averses.

Selon les dernières classifications en vogue, le mildiou est une algue plutôt qu'un champignon. Tous les spécialistes ne l'admettent pas, mais cette parenté lui va bien. Il n'aime rien autant que l'eau. Lorsque les températures sont douces, pluie, rosée et humidité lui donnent la force de partir à l'assaut des vignes. Il faut donc surveiller ces éléments du climat.Les choses sérieuses commencent lorsque les oeufs d'hiver sont mûrs, information que donne la Protection des végétaux. A partir de là, toute pluie provoquant des éclaboussures les projette sur les jeunes feuilles. Si elle survient par une température supérieure ou égale à 11°C, ils germent. Après un hiver arrosé, les oeufs sont nombreux et vigoureux. Ils produisent d'abondants foyers primaires. La campagne démarre sur les chapeaux de roue, comme ce fut le cas l'an dernier. Ces faits sont connus de longue date. Mais parce qu'ils relèvent de l'exception, leurs conséquences ne sont pas toujours prises en considération. Elles sortent trop du champ de la routine.La plupart du temps, il suffit d'intervenir bien après la découverte des foyers primaires. Ils sont trop rares pour marquer véritablement le début de l'épidémie. Elle ne commencera pas avant qu'ils aient essuyé une ou deux (après des hivers très secs) averses. Ces pluies causeront autant de repiquages au terme desquels la masse de germes infectieux inquiétera les vignes. Les printemps de forte pression, il n'en est rien. On ne peut pas attendre que le mildiou s'exprime. Il faut anticiper cet événement et traiter très tôt, dès la découverte des foyers primaires, voire même avant la date présumée de leur sortie. Cela suppose d'être en éveil. Les canaux par lesquels l'alerte est donnée sont multiples (Protection des végétaux, chambres d'agriculture ou distributeurs de produits de protection).Dans ces situations dures, il faut également remettre en cause une autre habitude, celle qui consiste à commencer la campagne avec des produits de contact. En temps normal, elle apporte satisfaction. L'an dernier, elle a donné bien des frayeurs à de nombreux vignerons. Car les produits de contact ont été rapidement lessivés sous des pluies répétées qui interdisaient l'accès des pulvérisateurs aux parcelles de vignes. Lorsque le mildiou s'annonce virulent et que la météo prévoit une longue période de perturbations, les fongicides pénétrants ou systémiques s'imposent de suite. A l'abri du feuillage, ils ne craignent rien. L'utilisateur n'est pas contraint de les renouveler dès qu'il a plu davantage que 20 à 25 mm. A moins d'un déluge biblique, le piège tendu par les sols peu portants et les vagues d'averses ne se refermera pas sur lui.A la lumière des échecs de l'an dernier, c'est en fait le plus grand danger qui nous guette. Il ne vient pas des produits. Ils sont fiables tant qu'ils sont utilisés dans les limites de leurs performances. Il vient de moins en moins des pulvérisateurs, dont les règles d'utilisation sont mieux connues et appliquées que par le passé. Le danger principal vient du fait qu'à certaines périodes, on ne peut tout simplement pas entrer dans les parcelles alors qu'il faudrait renouveler la protection. Pour s'en prémunir, il n'y a que deux manières d'agir: reprendre son pulvérisateur plus tôt que prévu au risque d'alourdir sa facture de fongicides, ou améliorer la portance de ses sols, en drainant ou en enherbant.La première de ces règles vaut tout au long de la campagne. Claude Magnien, rapporteur national pour le mildiou à la Protection des végétaux, en est convaincu. 'Les années à très forts risques, il faut toujours anticiper les pluies contaminantes, conseille-t-il. Les produits systémiques doivent s'employer tous les 10 à 12 jours. Mais si une séquence de pluies est annoncée, il faut intervenir dès le neuvième jour. Là, on aura d'excellents résultats. Au contraire, quand on traite systématiquement après de grosses périodes de contamination, on décroche, même en respectant la cadence de 14 jours.'Ceux qui n'appliquent pas ce principe prennent le risque de courir après le mildiou. Ils n'auront qu'un moyen de l'arrêter: resserrer très nettement les cadences en employant des fongicides qui détruisent les fructifications. Le diméthomorphe et l'azoxystrobine ont cette propriété. Mais les appliquer dans de telles situations revient à compromettre leur efficacité future car c'est ainsi que l'on sélectionne le mieux les souches résistantes. Et de toute façon, les organes touchés ne s'en remettront pas.

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