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La flavescence sans les acariens

La vigne - n°99 - mai 1999 - page 0

Il existe des insecticides autorisés contre la cicadelle de la flavescence dorée qui ne favorisent pas obligatoirement les acariens. Par ailleurs, la lutte contre les cicadelles pourrait être allégée sans perdre son efficacité.

Lors des entretiens Rhône-Méditerranée organisés par l'ITV (Institut technique du vin), il a été question de cicadelles vertes, jaunes et pruineuses. La première est déjà connue sous ce nom. Les deux autres le sont davantage sous les noms plus sophistiqués de cicadelle de la flavescence dorée et Metcalfa pruinosa. Mais, ce 21 avril, les conférenciers, réunis au mas de Saporta à Montpellier, avaient pris le parti de la simplicité.Pierre Torrès a présenté les conséquences de l'arrivée de la flavescence dorée dans la station expérimentale qu'il dirige à Tressère, dans le Roussillon. Depuis 1987, chaque année, trois traitements visent la cicadelle jaune. Les premiers insecticides étaient des pyréthrinoïdes (Danitol, Karaté, Scipio, Sumicidin, Talstar). ' Nous avons arrêté ce programme en 1992, car il comportait trop d'inconvénients, a signalé Pierre Torrès. Sur les cépages sensibles aux acariens, nous étions contraints de faire deux acaricides spécifiques par an. Nous ne pouvions pas continuer ainsi. 'En 1993, ces matières actives furent abandonnées au profit de l'Ekalux. Les dithiocarbamates (mancozèbe, manèbe) et le dinocap furent également supprimés. ' Nous ne faisons pratiquement plus d'acaricide spécifique depuis que nous appliquons cette stratégie ', poursuivait Pierre Torrès. Et à la fin de son exposé, il annonçait que le Dursban 2, un autre insecticide autorisé contre la cicadelle jaune, ' semble également donner des résultats intéressants '.Ces résultats sont une bonne surprise, car si l'on s'en réfère au classement établi par les services officiels, ni l'Ekalux, ni le Dursban 2 ne respectent parfaitement la faune auxiliaire (1). Le premier est moyennement toxique à toxique à l'égard de K. aberrans et le second, moyennement toxique. Or, depuis 1994, K. Aberrans est le typhlodrome le plus abondant sur le site de Tressère. Les deux produits ne l'ont donc pas empêché de prospérer. Peut-être s'y est-il accoutumé.D'une manière plus générale, aucun insecticide autorisé contre la cicadelle jaune n'est considéré comme neutre vis-à-vis de la faune auxiliaire. L'obligation de lutter contre ce ravageur est, de ce fait, souvent présentée comme incompatible avec la lutte intégrée. L'expérience de Tressère montre, au contraire, que certaines solutions préservent les typhlodromes.A l'avenir, cette difficulté pourrait être résolue d'une autre manière : par un allègement de la lutte insecticide. Michel Blanc, de l'ITV d'Orange (Vaucluse), a expliqué que les cicadelles vertes et jaunes traversaient toutes deux une période où elles paraissaient extrêmement sensibles aux insecticides. En 1998, cette fragilité est apparue à l'approche de la floraison. A ce moment, les adultes de cicadelles vertes avaient disparu. Le vignoble n'hébergeait que les jeunes larves. Au même moment, les populations de jeunes larves de cicadelles jaunes commençaient à décliner. Les larves plus âgées apparaissaient et il n'y avait pas encore d'adultes de ce ravageur. Ce moment est celui où un traitement aurait eu la plus grande efficacité car les jeunes larves sont les plus fragiles.Pour qu'il réussisse pleinement, il faudrait qu'il soit appliqué sur une grande superficie. Les insectes ne bénéficieraient ainsi d'aucun abri d'où ils pourraient partir à la reconquête des parcelles traitées. Une telle stratégie est déjà appliquée avec succès dans le Midi contre l'eudémis. Avant de l'appliquer aux cicadelles, il faudra la soumettre à l'épreuve du terrain. Ce devrait être chose faite cette année.(1) D'après la note ' Les effets non intentionnels de quelques produits phytopharmaceutiques ', réalisée par un groupe de travail comprenant l'Ensa de Montpellier, l'ITV de Beaune, la Protection des végétaux du Languedoc-Roussillon et le CIVC (interprofession champenoise). La toxicité de l'Ekalux et du Dursban 2 à l'égard de K. aberrans ne sont pas données comme définitives dans la note.

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