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Les vins corses s'en sortent bien

La vigne - n°95 - janvier 1999 - page 0

Première année d'une véritable politique de promotion des vins hors de l'île, continuation de la politique de restructuration du vignoble et bonne campagne commerciale sont les faits marquants de l'année 1998 en Corse. Un bilan jugé positif sur place, malgré une ambiance politique lourde.

La filière du vin en Corse est saine et structurée : on travaille! Ce responsable professionnel campe le décor... non sans arrière-pensée. Il est difficile en effet de dresser le bilan de l'année 1998 sur l'île de Beauté sans mettre en avant les ' affaires ' qui la secouent, d'autant que le monde agricole est dans le collimateur des pouvoirs publics : subventions nombreuses et parfois dilapidées, détournements de fonds, responsables corrompus, mises en examen... La volonté politique aidant, l'opération ' mains propres ' semble en marche depuis l'assassinat du préfet Erignac, en février dernier. L'une des pistes policières s'orienterait même vers les milieux agricoles nationalistes.Crédit agricole, Safer, chambre d'agriculture, MSA... sont éclaboussés par des malversations diverses dans la conduite de leur activité. ' L'ambiance est lourde car la suspicion pèse sur nous. Nous sommes touchés par les affaires en tant qu'hommes ou si l'on attend des subventions pour fonctionner. Mais, honnêtement, la filière vitivinicole est épargnée. Le secteur est solide. Il n'y a pas de fraudes. Nous travaillons sur des exploitations rentables, le portefeuille des 450 déclarants de l'île n'a pas été touché ', indique un responsable.' Cependant, ces affaires compliquent l'avancement des dossiers. Cela va durer puisque les élections régionales sont annulées et qu'il faudra revoter dans quelques mois ', note amèrement, un collègue. Du côté des vignerons, on oscille entre la crainte - ' Il ne faudrait pas que notre filière subisse les contrecoups de ces affaires : autrefois peu contrôlée, les Autorités pourraient maintenant passer à l'autre extrême. ' - et le positivisme - ' La viticulture de l'île est plus saine. A côté de tout ce qui va mal, on pourrait être vu comme une image d'authenticité '. Fin du chapitre des ' affaires '.Sur le front technique, c'est du côté du Civam (Centre d'information et de vulgarisation pour l'agriculture et le milieu rural de la région corse), seule structure de recherche de l'île (huit personnes et un budget de 3,2 millions de francs), qu'il faut s'orienter. Alain Bagard, son directeur, fait le point : ' Le rythme de la restructuration du vignoble s'est maintenu en 1998 : à la fin de l'année, 70 % de nos 7 000 ha de vignes sont restructurés; fin 1999, ce sera 80 %. Nous avons aussi effectué un gros travail de sélection clonale. Sur le plan oenologique, nous avons mis sur le marché pour la dernière vendange, la première levure spécifiquement corse : Equinose B1. Elle était en préparation depuis 1991. Pour 1999, le programme est chargé, avec une grande première : l'étude des terroirs qui n'a jamais faite sur l'île '.Au niveau du millésime 1998, il a été volumineux : + 10 à 20% par rapport à 1997. On se rapprocherait des 400 000 hl de production totale pour l'île : environ 100 000 hl pour les 9 AOC, 200 000 hl pour les vins de pays et 100 000 hl pour les vins de table. ' Cette production ira mécaniquement à la hausse avec les nombreuses jeunes vignes qui rentreront en production ', indique un technicien, rappelant que l'île ' produisait 1,8 Mhl en 1976 sur 27 000 ha '. Qualitativement, on annonce aussi un millésime sain. ' Nous avons tout ramassé avant les pluies, contrairement à d'autres vignobles du continent. 'Au niveau de la commercialisation, les sorties ont été bonnes mais il n'existe pas de chiffres précis. Le Comité intersyndical des vins de Corse (CIV Corse), dont le siège se trouve à Lupino, près de Bastia (nord de l'île), est, comme son nom l'indique, une intersyndicale (regroupant vins d'appellation et vins de table) et non une interprofession; il n'y a pas (encore) d'enregistrement de transactions. ' Nous savons que les appellations se vendent à 60 % environ sur l'île, 20 à 30 % sur le continent et 10 à 20 % à l'exportation; ces chiffres sont inversés pour les vins de pays : 60 % pour le continent et l'export, 40 % en local, explique Bernard Sonnet, le directeur de la structure. Ce qui est sûr, c'est que le tourisme a bien fonctionné et qu'au milieu de l'été, certains vignerons n'avaient plus de vin à proposer. '1998 a aussi été la première année d'une promotion organisée des vins de l'île : c'est l'activité première de l'intersyndicale réellement mise en place en juillet 1997. 3,7 MF furent investis l'an passé : 60 % via des campagnes de publicité dans la presse, 20 % sur les salons (essentiellement Vinisud à Montpellier, en février). ' C'était la première fois que toute la filière sortait de l'île ensemble ' : 10 % pour les relations publiques et la presse, autant pour l'export à travers une opération en Angleterre.' Les retours sont intéressants analyse-t-on. Nous amorçons la pompe. Nos vins sont méconnus, nous avons une image de marque à forger. Ce vignoble typique, avec des cépages typiques (vermentinu, niellucciu...), existe et doit être reconnu à part entière. ' ' L'inversement de tendance est important car il y a quinze ans encore, même les vignerons corses n'étaient pas fiers de leurs vins ', estime un producteur de Patrimonio, l'une des appellations phares de l'île.Pour 1999 et les années suivantes, l'objectif est de continuer sur cette lancée : le plan Etat-région 2000-2006 est déjà en pleine préparation et on espère une 'normalité' du contexte. Par ailleurs, on attend aussi des changements : il est question de revenir sur les spécificités de la fiscalité corse. Aujourd'hui, les vins commercialisés sur l'île ne sont pas, par exemple, soumis à la TVA.

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