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Corse, des rouges concentrés par la sécheresse

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

A la différence du continent, la Corse se retrouve avec des rouges bien plus concentrés que d'habitude suite à la sécheresse qui a sévi durant tout l'été. Elle est également tenue pour responsable de la couleur soutenue des rosés. Elle a bloqué la maturation des blancs. Elle a favorisé les zones à forte réserve en eau et défavorisé les terroirs plus maigres. Sur ces derniers, 'on a récolté des grappes dont les baies ressemblaient davantage à de la chevrotine qu'à des grains de raisins', rapporte le directeur d'une cave coopérative.
Le volume de récolte s'en ressent. Selon l'Onivins, il devrait s'établir aux environs de 370 000 hl, contre 5 à 10% de plus en année normale. La perte de volume aurait pu être plus sévère si le 15 septembre, d'abondants orages n'avaient pas éclaté. Ils ont autorisé quelques compensations de rendement au prix d'une dégradation de l'état sanitaire.

Ce millésime inhabituel est diversement apprécié. Pour certains, il relèvera la notoriété de la Corse en démontrant qu'elle peut produire des vins de grande tenue et de longue garde. Pour eux, il correspond à l'aboutissement de l'effort de réencépagement entamé depuis plusieurs années. D'autres s'inquiètent des réactions des estivants, un débouché essentiel. Durant l'été, les touristes recherchent des vins rouges et rosés légers, gouleyants. Assurément, les vins de 1999 ne correspondront pas à leurs attentes. Ils leur seront servis dès leurs prochaines vacances car les stocks sont bas. Ils n'auront pas le temps de s'assouplir au cours des longs mois d'élevage.
A la fin de la dernière saison touristique, plusieurs caves n'avaient plus rien à vendre. La fréquentation de l'île de Beauté fut élevée, à la grande satisfaction des vignerons. Ce fut une surprise car beaucoup redoutaient l'inverse du fait des événements politiques. A l'exportation, les affaires ne furent pas aussi actives. 'Nous avons ressenti un marasme en Amérique du Nord et en Europe, signale un opérateur. Les expéditions du début de l'année s'en sont trouvées ralenties.' Le marché des vins en vrac en a pâti. 'Malgré des disponibilités en hausse, il ne s'est pas développé. Le chiffre d'affaires est de 60,92 millions de francs contre 61,92 MF l'année précédente', note l'Onivins.
En fait, les affaires politico-judiciaires n'ont pas pénalisé le commerce mais la gestion des affaires sociales et la finance. La MSA, sous la direction d'un administrateur provisoire, a fait appel à des huissiers pour obtenir le paiement de cotisations oubliées pendant de longues années de laxisme. Le 16 décembre 1998, la caisse régionale du Crédit agricole était mise en examen en tant que personne morale pour escroquerie. Un rapport de l'Inspection général des finances avait révélé de nombreuses malversations qui s'étaient soldées par des pertes évaluées à 750 MF. Le robinet du crédit, largement ouvert au bénéfice de quelques uns, s'est brutalement refermé. 'Nous sommes dans une logique où la banque se dérobe, regrette le directeur d'une cave coopérative. Elle ne suit plus nos projets. Elle ouvre un parapluie grand comme un parasol.'
Si la situation devait durer, elle provoquerait des difficultés de trésorerie et freinerait la restructuration du vignoble. Cette remise à niveau était alimentée par un programme qui a débuté en 1994 et s'est achevé en décembre 1999 sans qu'en fin d'année, on sache par quoi il allait être remplacé. La Corse bénéficiait d'un régime particulier portant à 50 000 F/ha la prime de restructuration. Les vignerons se sont pressés pour en bénéficier. Ils ont replanté plus de 400 ha cette année, soit le double des années précédentes. Ce programme a eu un impact considérable. Il a permis l'essor des vins de pays. Ces produits ne représentaient que 20% des transactions en vrac de vins de table au cours de la campagne 1990-1991. En 1998-1999, leur part de marché s'était établie à 60%. Fin 1999, les Corses n'avaient qu'un voeu: que les aides à la restructuration soient reconduites!

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