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La couleur d'emblée

La vigne - n°83 - décembre 1997 - page 0

L'arrivée des producteurs du Nouveau Monde et le paradoxe français ont modifié les règles d'accès à l'univers du vin. Désormais, des consommateurs embrayent directement sur les rouges sans avoir au préalable goûté les blancs.

L'arrivée des producteurs du Nouveau Monde et le paradoxe français ont modifié les règles d'accès à l'univers du vin. Désormais, des consommateurs embrayent directement sur les rouges sans avoir au préalable goûté les blancs.

Le blanc est la porte d'entrée dans le monde du vin. Voilà une affirmation que vous adresse volontiers ceux qui étudient le comportement des consommateurs. Ils vous expliquent que les novices dégustent d'abord quelques gorgées de blanc, de rosé ou d'effervescent avant de s'intéresser au rouge, trop complexe pour un premier abord. Si ce modèle de comportement fut réellement suivi voilà quelques années, il faut bien reconnaître qu'il ne l'est plus. En France, nombre de jeunes s'initient directement au vin rouge sans passer par un verre de blanc. Cela s'est toujours vu.A l'étranger, il en est de même depuis peu. Deux faits nouveaux ont modifié les habitudes : l'émergence des pays de l'hémisphère Sud et la découverte du paradoxe français. L'Australie, l'Afrique du Sud ou le Chili ont proposé aux marchés d'Europe du Nord un style de vins rouges que nos voisins ne connaissaient pas. Ces vins sont peu acides et très colorés car ils proviennent de raisins très mûrs. Ils ont une charpente faible ou alors très enrobée. Ils sont d'un abord aisé car ils délivrent une sensation presque sucrée en bouche. Ils ont su s'attirer une clientèle neuve au point qu'ils sont devenus une sorte de référence.' Pour les rouges, une règle prévaut : surtout pas d'astringence, ni de verdeur, résume un exportateur français présent en Grande-Bretagne. C'est impératif sur le segment de marché le plus disputé et le plus actif. ' L'astringence est une sensation que seul le vin procure. Il faut du temps pour l'apprécier.Aux Etats-Unis, cette exigence de douceur est à l'origine du succès du merlot, le cépage qui connaît la plus forte progression depuis cinq ans. Dans ce pays, deux évolutions s'opèrent en parallèle. Les amateurs de blancs et de rosés élargissent leurs horizons viniques. Des gens recherchent les effets bénéfiques d'une consommation modérée de vin. ' Dans les deux cas, le choix peut se porter sur le merlot parce qu'il est doux, abordable et séduisant pour de nouveaux consommateurs de vins ', note le Wine Institute de Californie. De plus, la mode est à l'alimentation méditerranéenne. Elle invite ceux qui ne buvaient pas de vin à le faire en accompagnement des repas. Dans ces occasions, la préférence va aux bouteilles de rouge. Là encore, le contact se noue en douceur car la présence des mets tempère l'acidité et l'astringence des vins.En Asie, il est davantage question de santé que de mode. En Chine et à Hongkong, on choisit ses aliments non seulement pour leur saveur mais aussi pour le bien-être ou la vitalité qu'ils peuvent procurer. Cette attitude est à l'origine du succès très récent des vins rouges. Il a fallu que les effets de protection du système cardio-vasculaire parviennent aux oreilles des Chinois pour qu'ils ouvrent leurs palais. Comme ces effets ne sont attribués qu'aux vins rouges, ils ne jurent que par cette couleur.Le comportement des Asiatiques démontre que des populations peuvent s'initier au vin sans passer par les blancs. Il y a quelques années, personne ne l'envisageait. Le monde vinicole français voyait là l'une des causes de sa faiblesse et une raison du succès des nouveaux producteurs, dont l'encépagement semblait plus adapté à la conquête de nouveaux consommateurs. Désormais, ce motif d'inquiétude est dissipé.

Le blanc est la porte d'entrée dans le monde du vin. Voilà une affirmation que vous adresse volontiers ceux qui étudient le comportement des consommateurs. Ils vous expliquent que les novices dégustent d'abord quelques gorgées de blanc, de rosé ou d'effervescent avant de s'intéresser au rouge, trop complexe pour un premier abord. Si ce modèle de comportement fut réellement suivi voilà quelques années, il faut bien reconnaître qu'il ne l'est plus. En France, nombre de jeunes s'initient directement au vin rouge sans passer par un verre de blanc. Cela s'est toujours vu.A l'étranger, il en est de même depuis peu. Deux faits nouveaux ont modifié les habitudes : l'émergence des pays de l'hémisphère Sud et la découverte du paradoxe français. L'Australie, l'Afrique du Sud ou le Chili ont proposé aux marchés d'Europe du Nord un style de vins rouges que nos voisins ne connaissaient pas. Ces vins sont peu acides et très colorés car ils proviennent de raisins très mûrs. Ils ont une charpente faible ou alors très enrobée. Ils sont d'un abord aisé car ils délivrent une sensation presque sucrée en bouche. Ils ont su s'attirer une clientèle neuve au point qu'ils sont devenus une sorte de référence.' Pour les rouges, une règle prévaut : surtout pas d'astringence, ni de verdeur, résume un exportateur français présent en Grande-Bretagne. C'est impératif sur le segment de marché le plus disputé et le plus actif. ' L'astringence est une sensation que seul le vin procure. Il faut du temps pour l'apprécier.Aux Etats-Unis, cette exigence de douceur est à l'origine du succès du merlot, le cépage qui connaît la plus forte progression depuis cinq ans. Dans ce pays, deux évolutions s'opèrent en parallèle. Les amateurs de blancs et de rosés élargissent leurs horizons viniques. Des gens recherchent les effets bénéfiques d'une consommation modérée de vin. ' Dans les deux cas, le choix peut se porter sur le merlot parce qu'il est doux, abordable et séduisant pour de nouveaux consommateurs de vins ', note le Wine Institute de Californie. De plus, la mode est à l'alimentation méditerranéenne. Elle invite ceux qui ne buvaient pas de vin à le faire en accompagnement des repas. Dans ces occasions, la préférence va aux bouteilles de rouge. Là encore, le contact se noue en douceur car la présence des mets tempère l'acidité et l'astringence des vins.En Asie, il est davantage question de santé que de mode. En Chine et à Hongkong, on choisit ses aliments non seulement pour leur saveur mais aussi pour le bien-être ou la vitalité qu'ils peuvent procurer. Cette attitude est à l'origine du succès très récent des vins rouges. Il a fallu que les effets de protection du système cardio-vasculaire parviennent aux oreilles des Chinois pour qu'ils ouvrent leurs palais. Comme ces effets ne sont attribués qu'aux vins rouges, ils ne jurent que par cette couleur.Le comportement des Asiatiques démontre que des populations peuvent s'initier au vin sans passer par les blancs. Il y a quelques années, personne ne l'envisageait. Le monde vinicole français voyait là l'une des causes de sa faiblesse et une raison du succès des nouveaux producteurs, dont l'encépagement semblait plus adapté à la conquête de nouveaux consommateurs. Désormais, ce motif d'inquiétude est dissipé.

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