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ACTUS - FRANCE

Santé publique Le chaud et le froid

ALEXANDRE ABELLAN - La vigne - n°305 - février 2018 - page 14

Fin janvier, le président de la République a rassuré la filière affirmant qu'il distinguait bien la consommation raisonnablede la consommation excessive. Quelques jours plus tard, la ministrede la Santé a dit que ce n'était pas du tout son cas.
La ministre de la Santé Agnès Buzynne semble pas sur la même longueur d'ondesque  le Président Macron. © L. NOBOUT/IP3

La ministre de la Santé Agnès Buzynne semble pas sur la même longueur d'ondesque le Président Macron. © L. NOBOUT/IP3

Le vin est « l'âme de la France » : ces quelques mots adressés par le président de la République, fin janvier, aux représentants du vignoble et du négoce ont suffi à les rassurer. Le 29, ils ont remis le plan de transformation de la filière au ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, ce qu'ils avaient refusé de faire jusqu'alors. Ils exigeaient en effet une clarification du gouvernement sur la Stratégie Nationale de Santé 2018-2022 car elle évoque une « dénormalisation » de la consommation des boissons alcoolisées.

Après un rendez-vous avec Audrey Bourolleau et Marie Fontanel - respectivement conseillères agriculture et santé de l'Élysée -, Jean-Marie Barrilère, président du Cniv, a obtenu les assurances qu'il attendait. « Le président sépare bien la consommation excessive de la consommation raisonnable et il nous propose de participer à une politique de prévention. Ce sont deux points majeurs, que nous n'avions jamais obtenus précédemment », se réjouit-il.

Lors de sa visite dans le Puy-de-Dôme, le 25 janvier, Emmanuel Macron avait donné ces assurances de vive voix à Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et président du conseil des vins de FranceAgriMer. « Je lui ai dit que le monde viticole se sentait stigmatisé. Le Président a réaffirmé son attachement au vin et a dit qu'il appréciait le vin. Il a souligné que les acteurs impliqués dans la lutte contre l'alcoolisme devaient se parler », rapporte de responsable professionnel.

Après ces belles paroles, les représentants de la filière se voyaient déjà obtenir un rendez-vous avec la ministre de la Santé. Pas sûr qu'ils l'obtiennent et encore moins qu'ils y soient bien accueillis.

Le 7 février, lors de l'émission « L'alcool, un tabou français ? » sur France 2, Agnès Buzyn a tenu des propos à l'opposé de son président. « La réalité, c'est que l'alcool n'est pas bon pour la santé dès le premier verre, et que c'est proportionnel », a déclaré la ministre de la Santé. Pour elle, la mention « À consommer avec modération » est caduque. « Aujourd'hui, le vrai message de santé publique serait : l'alcool est mauvais pour la santé. Avec modération est un message ancien, ce qui ne veut pas dire que l'on ne reviendra pas dessus. »

Agnès Buzyn a aussi regretté que « l'industrie du vin laisse croire que le vin est différent des autres alcools. En termes de santé publique, c'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. On laisse penser à la population française que le vin est protecteur, qu'il apporterait des bienfaits que n'apporteraient pas les autres alcools. C'est faux. Scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre. »

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