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À LA VIGNE - OCTOBRE

Le botrytis peine à s'installer

MARION BAZIREAU - La vigne - n°291 - novembre 2016 - page 10

C'est une superbe année pour les vins secs. Côté liquoreux, toutes les conditions n'ont pas été réunies partout pour permettre à la pourriture de se développer.
Les vins liquoreux de l'année seront fruités, vifs et peu concentrés. Un style commercial et facile à boire. © P. ROY

Les vins liquoreux de l'année seront fruités, vifs et peu concentrés. Un style commercial et facile à boire. © P. ROY

« Des gewurztraminers et des rieslings sont toujours dehors : des vignerons attendent le botrytis, observe Michel Pinsun, oenologue à la chambre d'agriculture du Haut-Rhin. Ils peuvent prier... » L'hiver est arrivé. Il fait froid et il n'y a toujours pas de brouillard le matin. « Il y a certes eu un peu de passerillage, mais ce n'est pas une année à vendanges tardives. On pourrait avoir de la dessiccation à cause du froid, mais, pour cela, il faudrait une semaine de températures négatives. Pour le moment, ce n'est pas prévu », renchérit l'oenologue.

Dans le Sud-Ouest, les choses se présentent mieux. Les dernières vendanges tardives de loin de l'oeil étaient en cours, tout début novembre. « Nous avons un mélange de passerillage et de botrytis », explique Francine Calmels, oenologue au laboratoire départemental de Gaillac. Quinze jours plus tôt, 40 mm de pluie avaient fait frémir les vignerons. « Mais nous sommes finalement bien repartis avec de la pourriture noble. Le loin de l'oeil est un cépage à la peau épaisse. Pour l'instant, les pellicules résistent. Les baies sont bien violacées, sans feutre », rassure l'oenologue.

Au même moment, plus au nord, les vignerons ligériens étaient en train de rentrer des chenins, à destination des layons génériques. « Les jus ont des TAP compris entre 15,5 et 16,5, c'est moins que l'année dernière », concède Mathilde Ollivier, du Litov. « Pour l'instant, nous avons davantage de passerillage que de botrytis, on manque d'humidité. Les vignerons devraient encore vendanger une bonne semaine, mais pas plus, pour ne pas trop perdre en rendement. » Puis, ils rentreront les quelques bonnezeaux, quart de chaume et coteaux-du-layon-villages.

Il reste également quelques raisins sur la rive droite de la Garonne, vers Loupiac et Sainte-Croix-du-Mont. Ici aussi, le botrytis a été long à venir. Les raisins ont eu du mal à se concentrer. « C'est un millésime tardif, explique Henri Ducourneau, oenologue à l'Enosens de Cadillac. De plus, certains vignerons ont trop effeuillé, ce qui a encore freiné le développement du champignon. » Longtemps, les raisins n'ont fait que passeriller. Heureusement, des averses et des orages sont venus débloquer la situation.

Rive gauche, à Barsac et Sauternes, les brouillards permanents se sont installés plus vite. « On les voyait bien depuis les coteaux de la rive droite. » Là-bas, les vignerons ont vendangé leurs liquoreux plus tôt, en passant moins de fois dans les vignes.

En Gironde, les premières tries sont très satisfaisantes. Pas de pourriture aigre et des jus nets et agréables. Mais ici aussi, le potentiel en alcool est plus faible que les années précédentes. « Sauternes et Barsac sont les appellations qui s'en sortent le mieux avec des TAP compris entre 18 et 22. » Et les rendements en jus sont bons. Sauternes devrait osciller entre 20 et 25 hl/ha. « Globalement, on a obtenu le rendement prévu partout sauf dans le secteur des graves où les sols sont plus légers. »

Les liquoreux auront un style commercial : fruités, pas trop concentrés et vifs. « Les vins seront faciles à boire », se réjouit Henri Ducourneau.

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