La première journée Tech' Vigne organisée par le pôle vigne du groupe coopératif Euralis s'est tenue au château Nardique La Gravière, à Saint-Genès-de-Lombaud (Gironde) le 24 juin. Le thème de la manifestation ? « La réduction des intrants. Quelles solutions pour demain ? ». Un événement qui a mobilisé les foules, preuve que les viticulteurs se préoccupent de la question. Deux cent cinquante d'entre eux avaient ainsi fait le déplacement. Répartis en petits groupes, ils ont pu suivre sept ateliers, dont quatre dédiés à l'entretien des sols.
L'engrais vert : une solution simple
Celui consacré aux engrais verts a particulièrement retenu l'attention. Il faut dire que Pierre Palmier, l'un des techniciens d'Euralis qui couvre le secteur de Castillon-la-Bataille, s'est montré convaincant. « Les engrais verts sont la solution la plus simple pour générer de la matière organique. Les plantes agissent sur la structure du sol et ont une capacité à solubiliser des éléments du terroir pour les transférer à la vigne. On peut semer différentes espèces : des graminées, notamment des céréales (blé, orge, seigle), des crucifères (moutarde, colza, navette) et des légumineuses (féverole, vesce). »
« Peut-on les mélanger ? », l'interroge alors un viticulteur. « Oui. L'association pois fourragers et orge, par exemple, fonctionne très bien », lui répond le technicien, qui précise toutefois qu'il faut éviter d'associer plus de deux ou trois espèces. « Les plantes ont naturellement tendance à se concurrencer. Il vaut mieux opter pour une succession d'espèces dans le temps. »
Vient ensuite un point crucial : la date de semis. Le conseil de Pierre Palmier : faire preuve de bon sens. « Il faut respecter le cycle des plantes », insiste-t-il. Le semis d'une céréale s'effectue à l'automne ou au printemps. Le sarrasin, plante gélive, ne convient pas dans les mélanges semés à l'automne. Il faut le planter en mai. La féverole, qui se sème normalement en novembre, peut, elle, être implantée en septembre. Dans ce cas, elle se développera avant l'hiver et l'arrivée du gel.
La clé de la réussite passe aussi par une bonne préparation du sol. « Plus la terre sera fine, plus la plante semée germera. À l'inverse, un sol rempli de mottes limitera la croissance du couvert. Je recommande ainsi un sous-solage léger (10 à 15 cm de profondeur au maximum) et un semis en surface (3 à 4 cm au plus). »
« Faut-il ressemer tous les ans ? », lui demande un auditeur. « Oui, répond le technicien. L'engrais vert est un système dynamique. Chaque année, les racines des plantes descendent en profondeur. Elles favorisent davantage les échanges dans le sol que l'enherbement permanent. »
Faut-il implanter le couvert tous les rangs ou seulement un rang sur deux ? La deuxième option permet de conserver un sol portant pour les traitements. La première également, mais sous réserve de tondre un rang sur deux pour pouvoir passer sur un sol stable avec le pulvé.
Bien gérer le couvert
Pierre Palmier termine son exposé par la gestion du couvert. Il recommande de le rouler puis de l'enfouir. « Ceux semés à l'automne peuvent être enfouis en vert au mois de mars. » L'opération permet d'aérer le sol et de booster la croissance de la vigne. « Elle contribue aussi à baisser légèrement le pH du sol. » L'engrais peut aussi s'enfouir plus tard. « Dans ce cas, la plante va réduire la quantité d'eau et d'éléments fertilisants disponibles pour la vigne. Elle freinera ainsi son développement. Cette option peut être intéressante dans des parcelles vigoureuses », explique Pierre Palmier.
Après la théorie, place à la pratique. Le technicien invite le groupe à le suivre vers la parcelle d'essai pour observer le résultat. Là, les expérimentateurs ont implanté courant mars de l'orge de printemps dans plusieurs interrangs. Le semis a été réalisé avec une densité de 160 kg/ha, comparable à celle préconisée en grande culture. « Une densité élevée permet de bien coucher la céréale et d'éviter la repousse », remarque le technicien. Si la céréale est semée trop claire, lors du roulage de l'engrais vert, la plante a un effet ressort et remonte.
Ce 24 juin, la céréale est au stade épiaison, le moment idéal pour l'aplatir. L'entreprise girondine Viti Méca s'en est d'ailleurs chargée une heure auparavant avec le rouleau hacheur Rolojack, présent au bout du rang. Les viticulteurs peuvent ainsi observer l'outil, qui se distingue du rolofaca traditionnel. Il est doté d'un rouleau qui pince les tiges à l'aide de lames sinusoïdales. Un vérin reporte le poids du tracteur sur le rouleau afin d'optimiser le travail des lames. En outre, l'outil est équipé d'une sphère d'azote qui permet au rouleau d'exercer une pression constante, indépendamment des variations de niveau du sol.
« C'est épatant, le couvert est parfaitement aplati », s'exclame un vigneron. Le tapis vert restera ainsi en place tout l'été, préservant au maximum l'humidité et l'obscurité entre les rangs. Le couvert sera ensuite incorporé en surface dans le sol à l'automne, avant un nouveau semis.
Viti Méca Deux outils de désherbage mécaniques
La société Viti Méca a fait une démonstration de désherbage mécanique avec deux outils lors de la journée Tech'Vigne : la décavaillonneuse mécanique Déca-Méca 1 et l'intercep rotatif Alternacep 2. Dans un cavaillon au sol très dur, les deux appareils ont connu des fortunes diverses. La décavaillonneuse, en effet, a eu du mal à pénétrer dans le sol lors du premier passage. Lors de son deuxième passage, sur un sol plus meuble, l'appareil a en revanche très bien fonctionné. Le mécanisme d'effacement, qui se fait avec un palpeur réglable en trois dimensions et un ressort de rappel, lui confère une grande souplesse. L'Alternacep, présent à son côté, s'est révélé plus efficace. La machine, équipée de dents verticales à mouvement alternatif animées hydrauliquement, était pourvue, derrière l'intercep, d'un disque crénelé permettant de délimiter la bande d'enherbement. L'appareil, passé à 2,5 km/h, est facilement venu à bout des herbes peu développées présentes sous le cavaillon.
Beloukha Un produit de biocontrôle à l'efficacité mitigée
Les résultats d'un essai de désherbage foliaire ont également pu être observés sur le site de Tech'Vigne par les visiteurs. Euralis a ainsi testé six modalités : principalement des glyphosates associés à d'autres matières dont deux homologuées pour l'épamprage (le pyraflufen-éthyl et la carfentrazone), ainsi qu'un produit de biocontrôle, le Beloukha, à base d'acide nonanoïque homologué pour le désherbage et l'épamprage. Dans une optique de réduction de l'emploi des herbicides, les expérimentateurs ont positionné les produits tardivement - le 23 mai - au moment du premier épamprage. Résultat : comparé au rang témoin, désherbé au RoundUp Extra (480 g/l de glyphosate), l'efficacité des autres modalités à base de glyphosate varie, toutes plantes confondues, de 87 % à 76 %. Le Beloukha appliqué à la dose de 680 g/l se classe dernier avec 60 % d'efficacité. « Le ray-grass était à un stade avancé au moment de l'application, explique Éric Capredon, du service technique vigne d'Euralis. Le couvert subsistant reste néanmoins acceptable. Il n'est pas envahissant. » Le technicien rappelle que le produit doit être utilisé, si possible, sur des plantes peu développées.