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ACTUS - FRANCE

Ralentissement en viticulture biologique

ÉMILIE-ANNE JODIER ET BERTRAND COLLARD - La vigne - n°269 - novembre 2014 - page 26

Sudvinbio fait état d'une viticulture bio dynamique, et ce malgré un ralentissement du nombre d'exploitations en phase de conversion. Sur le terrain, plusieurs acteurs font entendre un autre son de cloche.
Un Français sur trois consomme du vin bio. © P. ROY

Un Français sur trois consomme du vin bio. © P. ROY

Patrick Guiraud, président de Sudvinbio, l'interprofession des vins bio pour le Languedoc-Roussillon, a commencé, mardi 14 octobre, la présentation à la presse de la filière bio par un chiffre réconfortant : « Un Français sur trois consomme du vin bio. Ce n'est plus un marché de niche, mais un produit de consommation courante. »

Malgré tout, la viticulture bio semble avoir atteint un palier. En 2013, le vignoble certifié et en conversion a atteint 64 000 ha, autant qu'en 2012, et le nombre d'exploitations bio a baissé (de 4 593 en 2012 à 4 577 en 2013). « Le rythme des conversions en viticulture biologique ralentit (24 ha en conversion en 2012 contre 15 000 en 2013), concède Élisabeth Mercier, directrice de l'Agence bio. Mais je ne veux pas parler de stagnation pour un secteur dont le chiffre d'affaires a progressé de 22 % l'année dernière ! »

L'offre dépasse la demande

En effet, les ventes de vins bio sur le marché français se sont élevées à 503 millions d'euros en 2013, contre 413 millions en 2012. Et l'export réalise de très beaux résultats, la France expédiant 44 % de ses volumes (principalement vers l'Allemagne, les États-Unis et le Japon) pour une valeur de 228,6 millions d'euros.

Pour autant, certains acteurs sur le terrain restent prudents. Il apparaît que les vins bio ne sont pas toujours faciles à écouler, l'offre ayant nettement dépassé la demande sur le marché du vrac. C'est ce que regrette Christian Vigne, président des Vignerons de la porte des Cévennes, dans le Gard, une cave coopérative dont 200 ha des 550 ha de vignes sont cultivées en bio depuis 2012. Si les ventes directes de bouteilles et BIB au caveau en IGP Cévennes se présentent bien, le vrac Pays d'Oc 2013 n'a pas trouvé preneur. « Nous n'avons vendu aucun volume de bio en vrac sur ce millésime, témoigne-t-il. Nous avons alors préféré vendre nos vins en conventionnels plutôt que de casser les cours des bio. »

15 % de bonus seulement

Pour cette campagne, les choses semblent se présenter sous un meilleur jour. Christian Vigne a commencé à vendre en vrac des chardonnays et sauvignons du millésime 2014, au prix du bio. Une satisfaction, car pour lui, « la démarche bio ne doit pas se faire au détriment de la rémunération des viticulteurs ».

Pour la cave de Die Jaillance (1 230 ha, 747 000 cols et 2,25 millions de chiffre d'affaires en 2013), dans la Drôme, le marché s'avère également moins important que prévu. « 20 % de notre vignoble est en bio, mais seulement 8 % de nos ventes, explique Jean-Louis Bergès, le directeur général de l'entreprise. Nous payons tous les raisins en bio, puis basculons une partie des vins sur le marché traditionnel faute de débouchés. Nos viticulteurs ont la volonté de changer de pratiques, mais le marché n'est pas là. »

Face à cette situation, la coopérative a dû se résoudre à baisser le prix d'achat de ses raisins bio. Alors qu'elle les payait 20 % plus cher que les raisins conventionnels, cette année elle n'a accordé que 15 % de bonus. « Ce fut une décision difficile à prendre, mais indispensable pour préserver notre marge », commente Jean-Louis Bergès.

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