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éditorial

Pureté

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°252 - avril 2013 - page 5

Après les résidus de pesticides, voilà que l'on découvre des phtalates dans les vins et les eaux-de-vie. Le coup est parti de Chine, qui n'est pas réputée pour être très attentive à la sécurité alimentaire. Mais elle avance, souvent à la hâte. Elle a ainsi décrété une teneur maximale de phtalates dans les alcools et les vins. Et elle s'est aperçue que de vieux cognacs la dépassaient. Les Chinois les ont réexpédiés en France et ils ont bloqué quantité de containers en attendant d'obtenir leur bulletin d'analyse, provoquant un vent de panique. Devant un si gros client, la profession a commandé des analyses à tour de bras, y compris pour les vins. Depuis, elle découvre de nombreuses contaminations alors que l'on croyait le problème réglé. Les défenseurs d'un monde de pureté – ils sont nombreux dans notre univers – vont pouvoir s'émouvoir à bon compte. Des phtalates dans les vins ? Horreur ! Que viennent-ils y faire ? En fait, ils ont migré des tuyaux et autres bacs en plastique employés dans les chais. Quant au danger qu'ils représentent, il est difficile d'y voir clair. Car il n'y a pas un phtalate, mais une dizaine, tous différents. Mais plutôt que d'épiloguer, les caves concernées ont la solution : ne plus employer que des tuyaux, des cuves et des résines sans phtalates.

Pour les pesticides, c'est une autre affaire. Il est bien plus difficile de s'en passer. Là aussi, il n'existe pas de teneurs acceptables dans les vins. Certains en réclament. Ils redonnent de la voix depuis qu'une nouvelle étude montre une contamination faible, mais très courante, des vins par des résidus de pesticides. Les laboratoires d'analyses ont tout à y gagner. Il n'est pas sûr que ce soit le cas pour les consommateurs. Avec cette étude, certains se disent qu'ils se distingueront en produisant des vins sans pesticides. Qu'ils prennent garde qu'on y trouve pas autre chose. Récemment, on a découvert des résidus de médicaments anticancéreux dans des eaux minérales, dont les captages sont pourtant extrêmement protégés. Les méthodes d'analyse des résidus sont devenues tellement puissantes qu'elles révèlent le simple fait qu'il est impossible de vivre dans une bulle de pureté à l'abri d'un monde environnant qui, lui, serait impur.

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