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éditorial

Grêle drue

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°244 - juillet 2012 - page 5

Les règlements relatifs à la santé et à la sécurité pleuvent autant que la grêle ces derniers temps. Le plus comique : l'obligation d'avoir un éthylotest dans les tracteurs ! Le plus récent : l'étiquetage des allergènes qui entre en vigueur pour le millésime 2012. Il s'applique aux vins collés à la caséine ou au blanc d'œuf dans lesquels il reste des traces de ces produits. Il faudra en avertir les consommateurs. Pour cela, l'Europe nous laisse le choix entre plusieurs mentions parmi lesquelles on est très surpris de trouver le mot « lait ». On peut donc imprimer sur une étiquette qu'un vin contient du lait alors qu'il est parfaitement interdit d'en ajouter. Allez comprendre !

Autre obligation nouvelle : tenir une fiche de pénibilité pour chaque salarié. Elle était presque passée inaperçue, celle-là. Mais les syndicats la rappellent à leurs membres. Il faut y indiquer si les salariés sont soumis à des postures pénibles, à des travaux de manutention, au bruit, etc. Par lassitude, des employeurs seront sans doute tentés de mettre « oui » à toutes les cases et de passer au plus vite à autre chose. Autre chose ? Malheureusement oui ! Les coops et négoces d'appro sont obligés de noter le numéro de Certiphyto de leurs clients et le nom de la personne qui peut réceptionner une livraison en l'absence du chef d'exploitation. Certains font déjà remplir des formulaires à leurs clients avec ces informations.

Quand tout cela s'arrêtera-t-il ? Qui peut suivre ce rythme imposé par une administration déconnectée des réalités des petites entreprises ? Personne ou presque. Alors, quand l'administration applique les règles à la lettre, les sanctions tombent. L'automne dernier, un tribunal a requalifié trois emplois saisonniers en CDI. L'employeur – un vigneron – a eu le tort de remettre en fin de contrat le duplicata de Tesa à ses saisonniers. Ils ont pu faire valoir qu'ils avaient bénéficié d'une embauche par oral. Ces jours-ci, le syndicat de Sancerre se démène pour épargner une amende à trois de ses membres qui n'ont pas déposé leur déclaration d'embauche de vendangeurs comme il faut.

Quelquefois, le bon sens finit par l'emporter. Mais le plus souvent, c'est l'esprit normatif qui gagne. Ainsi, la filière a fini par trouver 400 000 euros pour réaliser le dossier sur la toxicité du SO2 réclamé par la Commission européenne pour continuer à autoriser la mèche de soufre.

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