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éditorial

Croissance

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°242 - mai 2012 - page 5

À force de voir grandir les rangs des opposants à la libéralisation des plantations, on croyait l'affaire entendue.

Mais le mois dernier, le Commissaire européen à l'agriculture a refroidi les ardeurs les plus conservatrices. « Nous n'allons pas construire l'avenir de la filière avec des outils des années soixante-dix », a-t-il déclaré en accueillant le groupe de travail de haut niveau qu'il a constitué sur ce sujet. En clair, il n'est pas question de maintenir l'interdiction de plantations nouvelles qui n'a pas empêché la « surproduction » a rappelé le commissaire. Pour éviter la libéralisation pure et simple des plantations, le groupe de haut niveau devra se montrer « créatif et innovant ». Il devra imaginer un système souple qui permette une croissance raisonnable des vignobles. Un système juste également, qui ne bénéficie pas davantage aux viticulteurs en place qu'aux nouveaux venus. La Commission, convertie aux idées libérales, sera très vigilante sur ce point car elle estime que les nouveaux entrants dans un marché stimulent la concurrence, ce qui est bénéfique pour les consommateurs.

À l'opposé de cette volonté de croissance, une grande partie de la viticulture ne conçoit qu'une stratégie pour améliorer ses revenus : la montée en gamme. Elle juge qu'il est plus facile de convaincre un client d'acheter des vins plus fins ou plus élaborés que d'en trouver de nouveaux. De manière moins avouable, certains estiment qu'il faut tenir le robinet de l'offre pour faire grimper les prix. Après les années de crise que nous venons de passer, on ne peut que comprendre ces stratégies prudentes. Mais la montée en gamme n'est pas possible sur tous les terroirs. Elle ne se poursuivra pas indéfiniment alors que les consommateurs se plaignent de voir leur pouvoir d'achat stagner.

Dans un monde ouvert, faire du surplace, c'est reculer. C'est ce que souligne le négoce de Cognac qui appelle la production à agrandir le vignoble pour satisfaire la demande. Bientôt, la question se posera dans d'autres régions, sauf à regarder passer le train de croissance de la consommation mondiale de vin.

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