Retour

imprimer l'article Imprimer

éditorial

Idéologie

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°233 - juillet 2011 - page 5

Small is beautiful. C'est beau d'être petit. Quantité d'essayistes et d'organisations professionnelles ont défendu cette idée. Les uns par rêverie ou par idéologie, les autres pour conserver des effectifs afin de peser politiquement. Et ces rêveurs et idéologues ont leurs entrées dans les médias où ils défendent l'idée que les petits agriculteurs sont plus respectueux de l'environnement et qu'ils produisent une nourriture plus saine que les gros, forcément industrialisés, c'est-à-dire dénaturés.

Le petit viticulteur bénéficie également d'un énorme capital de sympathie auprès des amateurs de vin où il est de bon ton de dire que l'on mène de minutieuses recherches pour dénicher un fournisseur rare et exclusif. L'ennui, c'est que par gros temps, les petits trinquent sévèrement. Ils n'arrivent pas à réduire leurs coûts autrement qu'en se privant de rémunération. En clair, ils travaillent pour des prunes, en attendant des jours meilleurs. Les petits ont moins de marges de manœuvre que les gros : ils ne peuvent pas licencier, ni réduire la voilure en exploitant moins de terres, par exemple, sauf à disparaître. L'observatoire viticole de FranceAgriMer et du CER France montre clairement cette réalité. Il vient de publier son analyse des résultats de 500 exploitations viticoles durant l'exercice 2008-2009, fortement touché par la crise.

Qu'elles soient en coopérative, en cave particulière spécialisées dans le vrac ou dans la vente en bouteilles, les petites exploitations ont perdu de l'argent alors que les grosses s'en sont sorties tant bien que mal.

Au passage, l'observatoire souligne aussi la nécessité vitale d'obtenir de bons rendements. Bien sûr, ce sont des résultats moyens qui n'empêchent pas des réussites individuelles. Mais la tendance est là et ses ressorts sont très faciles à comprendre dès lors qu'on s'attache au bon sens plus qu'aux belles idées. Les organisations professionnelles doivent en prendre acte et aider leurs membres à grandir, car c'est une chose de travailler seul et une autre d'avoir à conduire une équipe. Elles doivent aussi se faire à l'idée qu'elles convaincront les décideurs politiques avec des dossiers argumentés, plutôt qu'avec des défilés !

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :