En 2009, la chambre d'agriculture du Var a mesuré la rentabilité des exploitations viticoles du département. Conclusion ? Cette rentabilité est moyenne. Plutôt étonnant, car les ventes de rosés sont en croissance et les prix relativement élevés. Les économistes se sont rendus compte que dans les exploitations où la rentabilité est moyenne ou basse, les rendements sont insuffisants. « Cela nous a amenés à faire un point sur leur évolution entre 1998 et 2008 », indique Thomas Rospars, conseiller viticole à la chambre d'agriculture.
Pénalisés par les terroirs à faible réserve en eau
Le constat est implacable : les rendements ont baissé de 5 hl/ha en dix ans dans les AOC varoises. Pour comprendre cette chute, la chambre d'agriculture a mené une enquête en 2010 auprès de douze viticulteurs indépendants et de seize coopérateurs. Elle a réalisé des entretiens avec ces viticulteurs pour connaître leur terroir, leurs itinéraires techniques, leur parcours professionnel et leurs perspectives d'avenir.
« Les résultats nous ont permis de constituer trois groupes qui représentent chacun un tiers de l'échantillon, rapporte Thomas Rospars. Dans le premier groupe, les rendements sont corrects, ce qui prouve que la baisse ne concerne pas tous les viticulteurs du département. Dans le deuxième groupe, les rendements sont en légère baisse et ce depuis moins d'une dizaine d'années. Et dans le troisième groupe, les rendements sont vraiment très faibles. »
Les viticulteurs des groupes 2 et 3 travaillent sur des terroirs un peu plus sensibles au stress hydrique que le groupe 1. « Dans ces terroirs exigeants, la moindre erreur technique peut entraîner une baisse des rendements », insiste Thomas Rospars. Mais ce paramètre n'explique pas tout. Dans le groupe 2, les vignes sont un peu plus âgées (30 ans en moyenne) que dans le groupe 1 (25 ans en moyenne). Les viticulteurs sont principalement des coopérateurs proches de la retraite (55 ans en moyenne). « Dans 90 % des cas, la reprise de leur exploitation est incertaine. Ayant peu de lisibilité quant à leur avenir, ces viticulteurs limitent les investissements. Leur vignoble vieillit et la baisse des rendements va se poursuivre », analyse le conseiller.
Dans le groupe 3, qui subit de fortes baisses des rendements, la problématique est différente. Le vignoble est jeune (17 ans en moyenne). Les viticulteurs ont beaucoup investi pour le restructurer. « Ils ont planté beaucoup de grenache, un cépage sensible à la contrainte hydrique », poursuit-il.
Vaste chantier
Autre élément : ce groupe est constitué à 50 % de néovignerons. « Ils sont arrivés avec des idées préconçues, révèle Thomas Rospars. Par exemple, ils estiment que pour produire de bons vins, il faut des terroirs à faible réserve utile. Or, dans le vignoble méditerranéen, ce raisonnement n'est pas valide. »
Mais ce qui inquiète le plus le conseiller viticole est que tous les viticulteurs enquêtés cultivent la vigne de la même façon. « Or, il faut personnaliser les itinéraires en fonction des terroirs et des objectifs du viticulteur », souligne Thomas Rospars. Un vaste chantier auquel s'attaquent les conseillers viticoles.