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éditorial

Nouvel équilibre

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°232 - juin 2011 - page 5

Dans le Midi, « les mouches ont changé d'âne », remarque un directeur de cave coopérative pour signifier que l'équilibre des forces s'est inversé. Pendant des lustres, les producteurs se sont demandés s'ils allaient trouver acquéreur pour toute leur récolte. Désormais, certains des plus gros acheteurs se demandent s'ils vont trouver assez de vins. Ils sont déjà passés dans les caves pour réserver la récolte à venir. Il faut remonter à la courte période d'euphorie entre 1988 et 2000 pour retrouver une telle situation. A cette époque, le Languedoc avait profité de l'emballement des acheteurs pour Bordeaux.

Aujourd'hui, c'est l'inverse : le Midi donne de l'air à la Gironde. Le programme d'arrachage de la Commission européenne, tant décrié par les responsables professionnels, a réduit l'offre. Toute la filière méridionale s'en porte mieux. Parallèlement, les vins de cépage continuent de trouver de nouveaux débouchés. Si bien que la prochaine campagne s'engage sous les meilleurs auspices, à Narbonne, Béziers ou Montpellier. Si bien que le marché des vins de cépage s'ouvre jusqu'aux merlots de Gironde, soulageant un peu celui de l'AOC Bordeaux.

Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, Sopexa annonce que les acheteurs internationaux veulent étoffer leur portefeuille de vins français. Mieux encore : les trois régions du monde les plus recherchées pour leurs vins tranquilles sont le Languedoc, les Côtes du Rhône et Bordeaux. Bientôt, il va falloir replanter après avoir tant arraché !

Mais dans l'immédiat, c'est la question des prix de la prochaine récolte qui va se poser. Les producteurs ont besoin de hausses après tant d'années de décapitalisation. Ils ont besoin d'investir pour tenir leur rang. Mais gare aux envolées brutales, alors que la France a déjà une image de pays cher. Le Muscadet ne se remet toujours pas d'avoir vu son millésime 2008 flamber. Des viticulteurs sont obligés de céder des cuves à 30 €/hl ! C'est la réalité des marchés, même si elle est dure à entendre.

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