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éditorial

Les coûts explosent

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°221 - juin 2010 - page 5

Combien faut-il vendre de vin, au cours du vrac, pour acheter un tracteur, un égrappoir ou pour payer un salarié au Smic ? Un vigneron des hautes-côtes-de-Beaune a fait les calculs avec les cours et les prix actuels, ceux d'il y a dix ans et d'il y a quarante ans. Il a retrouvé les factures de son père datant du début des années soixante-dix. Le résultat est édifiant : le coût des matériels très spécifiques explose, celui du travail est multiplié par trois. L'enjambeur devient un gouffre pour un producteur d'appellation régionale.

Il faudrait abaisser les densités de plantation pour pouvoir cultiver avec un tracteur interligne. Au-delà de ce problème particulier, ce viticulteur remarque que la profession ne peut plus se permettre de s'imposer des coûts de production injustifiés. Or, c'est un penchant, sinon un travers des AOC que de multiplier les contraintes. Les densités de plantation élevées en sont une. Les rendements bas en sont une autre, imposés pour des raisons économiques ou des questions d'affichage.

Mais ils coûtent très cher. Dans le Var, beaucoup d'exploitations sont passées dans le rouge ces deux dernières années, car elles ont eu une petite récolte du fait de la sécheresse. Les cours et les prix de vente en bouteilles des côtes-de-provence atteignent pourtant des niveaux élevés. Mais ils ne sont pas suffisants dès lors qu'il faut les diviser par de petits rendements.

Parallèlement, les coûts de commercialisation explosent aussi. Les Anglais réclament sans cesse des promotions. L'Asie, où la consommation se développe, coûte très cher à prospecter. On ne supportera pas ces nouvelles charges sans faire d'économies au vignoble et dans les chais. Encore faut-il que ces efforts ne soient pas anéantis par la hausse du coût du travail. On la croît inévitable. Une étude de la FNSEA montre le contraire. L'Allemagne, pays riche s'il en est, a fait baisser le coût du travail en agriculture en réduisant les charges et en facilitant l'embauche de main-d'œuvre des pays de l'Est. Notre voisin est aussi plus réaliste lorsqu'il s'agit de protéger l'environnement. La France peut-elle rester sans réaction ?

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