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éditorial

Scientifique

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°215 - décembre 2009 - page 5

Parmi les causes des difficultés de la viticulture française, il en est une sur laquelle tout le monde s'accorde : la dispersion des forces, la multitude d'organisations et de leaders professionnels rivaux.

Comme ses prédécesseurs, Bruno Le Maire estime que la filière y perd son temps et qu'elle ferait mieux de s'unir pour conquérir les marchés. Il demande aux interprofessions de se regrouper et de créer un fonds pour la promotion des vins français à l'export. Il lui faudra bien de la persévérance pour obtenir gain de cause. Dans le Midi, l'interprofession des AOC du Languedoc et celle des vins de pays d'Oc viennent de présenter leur programme commun pour 2010. Or, Air Sud, l'interprofession qui représente les autres vins de pays, n'y participe pas. De plus, la région Languedoc-Roussillon finance son propre programme sous la bannière Sud de France, sans la moindre coordination avec les interprofessions régionales. Bel exemple de dispersion des moyens dans l'une des régions les plus en difficulté ! Mais notre viticulture souffre d'un autre mal, rarement évoqué et tout aussi insidieux. On remet en permanence en question les acquis scientifiques, même les plus solides. Sans cesse, on conteste l'intérêt du sulfitage alors qu'il préserve les vins de l'oxydation et de développements microbiens indésirables. Sans cesse, on accuse la filtration de dépouiller les vins alors qu'une multitude d'essais démontre qu'il n'en est rien.

Une fois établies, les vérités scientifiques finissent par devenir banales. Au point qu'on en oublie leur bien fondé. Mais combien de cuvées perdues par ceux qui font table rase des fondamentaux de l'œnologie ? Combien de vins qui se conservent mal ? Personne ne cherche à le savoir. Les œnologues français sont à l'origine de travaux remarquables et novateurs sur l'arôme ou la microbiologie des vins, sur l'incidence de l'oxygène. Malgré cela, leur voix se perd à l'entrée de bien des caves. Elle a même de plus en plus de mal à s'imposer dans les centres de formation. La preuve ? Les jeunes qui en sortent sont les plus prompts à s'engager dans les « vinifications naturelles ». Il est tout aussi urgent de soutenir la recherche scientifique que le regroupement des interprofessions. Quand on voit l'engouement pour le Sitevi où s'exposent les matériels de cave les plus modernes, on se dit qu'une telle mesure aura le soutien du plus grand nombre.

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