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Excoriose : une recrudescence inquiétante

La vigne - n°152 - mars 2004 - page 0

L'excoriose est en augmentation dans l'ensemble des vignobles. Un printemps pluvieux pourrait la favoriser davantage. Sur des cépages sensibles, un traitement à base de fosétyl, ou deux à base de dithiocarbamates peuvent être nécessaires.

A cause du retrait de l'arsénite de soude, l'excoriose progresse dans toutes les régions viticoles. Elle se conserve sous forme de pycnides ou de mycélium pendant l'hiver. Les pluies printanières permettent ensuite la dissémination des spores par éclaboussures sur les organes jeunes. Théoriquement, la vigne a une période de réceptivité très courte dans le temps : elle débute au moment de l'éclatement du bourgeon pour se terminer au stade 2-3 feuilles étalées. Mais les conditions climatiques peuvent retarder la date de contamination. C'était le cas en 2003 dans les Charentes à cause d'un printemps très sec en mars et en avril. D'après les observations du SRPV de Cognac, les contaminations ont eu lieu après l'apparition du 5 e entre-noeud, soit un mois après les dates de traitements théoriques. Ainsi, contrairement à ce que l'on croyait, la vigne pourrait être sensible même après le stade 2-3 feuilles étalées.
Pendant l'été, les premières excoriations apparaissent. Celles-ci progressent jusqu'à la formation de crevasses profondes qui peuvent étrangler les rameaux à leur base, provoquant une baisse quantitative du rendement. Tous les cépages ne sont pas pour autant sensibles. Alors que le cabernet-sauvignon, le chenin ou le grenache le sont moyennement à fortement, le pinot meunier est pratiquement résistant. Dans le cas de cépages sensibles, la lutte chimique est à envisager. Selon Frédy Manceau, rapporteur national excoriose à la Protection des végétaux de Poitou-Charentes : ' Il n'existe pas de seuil de nuisibilité bien défini. La décision de traiter est à apprécier par le viticulteur selon la rentabilité de son vignoble . ' Par contre, pour Bertrand Sutre, conseiller viticole indépendant à Bordeaux : ' Les traitements chimiques doivent être réalisés lorsque plus de 10 % des rameaux laissés à la taille présentent des symptômes . '

Dans tous les cas, la première chose à réaliser est de faire disparaître les rameaux excoriés lors de la taille en les brûlant. Lorsque l'on a décidé de traiter, deux stratégies peuvent être mises en place. La première consiste en un traitement unique avec un produit systémique à base de fosétyl, à faible dose au stade 06 ' éclatement des bourgeons '. Elle est à privilégier quand on redoute un mildiou précoce. La deuxième stratégie prévoit deux traitements. Dans ce cas, on utilise les produits autres que ceux à base de fosétyl. Leur matière active est un contact : dithiocarbamates, folpel, soufre ou dithianon pour le Delan WG. Le premier traitement doit être réalisé lorsque 30 à 40 % des bourgeons ont atteint le stade 06, le deuxième lorsque 40 % des bourgeons ont atteint le stade 09 ' 2-3 feuilles étalées '. La forte période de sensibilité de la vigne est ainsi couverte. Parmi les nombreux antimildious pénétrants homologués contre l'excoriose, la molécule efficace est toujours celle de contact, à l'exception notable des QoI. Mais l'utilisation de ces derniers au printemps ne paraît pas judicieuse. En effet, à cause des limitations d'emploi, ils ne pourraient servir que deux fois pour le reste de la campagne. De plus, l'utilisation des systémiques à base d'anilides (Amalfi, Tairel) est déconseillée afin de gérer les résistances du mildiou à cette famille chimique. Par contre, celle du soufre peut être intéressante pour lutter également contre l'acariose ou l'érinose. ' En plus de la lutte printanière qui permet de bloquer la germination des spores, la lutte antimildiou ultérieure peut être réalisée avec des produits à base de fosétyl ou de QoI, qui limitent le développement du mycélium dans les rameaux ', ajoute Bernard Molot, de l'ITV de Nîmes.

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