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Les cabines de taille séduisent de plus en plus

La vigne - n°151 - février 2004 - page 0

En dehors du Pays nantais, les vignerons possèdant une cabine de taille sont rares. Pourtant, ces abris réduisent la pénibilité des travaux, améliorent le rendement et facilitent le recrutement de la main-d'oeuvre.

Lors du dernier Sitévi, de nombreux vignerons furent intrigués par la cabine de taille présente sur le stand de la société Humco, à Saint-Pierre-Montlimart (Maine-et-Loire). Elle est vendue depuis 1998. Pourtant, ils n'avaient ' jamais vu ça ', car la majorité des cabines de taille se trouvent dans un seul vignoble, le Pays nantais.
La Cabitaille est une petite cabine (350 kg), qui enjambe le rang de vigne. Elle a été mise au point par Michel Couillaud, vigneron à La Regrippière (Loire-Atlantique), et Michel Humeau, artisan de Saint-Pierre-Montlimart. Sa structure est en aluminium, son habillage du type véranda. A l'intérieur se trouve un siège baquet réglable, monté sur un rail. Sa position gère automatiquement l'avancement et l'arrêt de la cabine. Le guidage automatique est assuré par un bras articulé. L'alimentation est électrique. La Cabitaille bénéficie d'une correction de dévers, d'un éclairage néon, d'un prémontage radio avec antenne, d'un coffre de rangement et de portes coulissantes de chaque côté. Elle coûte environ 12 000 euros.
Les établissements Robineau, basés à Villedieu-la-Blouère (Maine-et-Loire), commercialisent le Kitaï Salon, un monoplace mobile. Son poids est de 740 kg et sa structure en acier. Il est entraîné par un moteur thermique. L'avancement, à l'aide d'un levier joystick, et la direction sont hydrauliques. Le siège est monté sur glissière et pivot. L'abri, doté d'une radio et d'un éclairage, coûte 11 170 euros HT.
René Grosjean, artisan à Péronne (Saône-et-Loire), vend le Scarabé. Il le fabrique sur mesure, selon la configuration du vignoble de ses clients, pour 10 600 à 12 960 euros. ' Tel qu'il est défini, l'abri de taille ne fait pas l'unanimité. Il n'y a que dans le Val de Loire où les vignerons se sont adaptés à l'outil ', déclare René Grosjean.

Effectivement, dans le Pays nantais, ' l'acquisition d'une cabine de taille fait partie intégrante des projets d'investissement ', constate Michel Couillaud. Pourquoi ? ' La taille représente la moitié du temps de travail annuel d'un salarié. C'est le poste le plus fatigant, car on est en position courbée, par tous les temps. La cabine améliore les conditions de travail, voire la qualité de la taille. Elle séduit les jeunes qui ne veulent plus faire de travaux pénibles. Elle permet également de garder les bons ouvriers, si difficiles à trouver actuellement. Elle pallie les 35 heures grâce à un gain de productivité de 30 %, en moyenne, à l'année. Elle économise un emploi. Son éclairage permet de faire des horaires normaux ', expose Michel Couillaud.
Chez Jean-Paul Guillou, vigneron au Genestois (Loire-Atlantique), la main-d'oeuvre est familiale. Mais il y a trois ans, son épouse a eu un problème avec une ancienne fracture à la cheville. Elle ne pouvait plus participer aux travaux de taille. ' Soit elle arrêtait et il fallait la remplacer. Mais les charges étant trop élevées, l'exploitation ne pouvait pas engager un plein-temps. De plus, il est difficile de trouver quelqu'un de compétent. Soit nous choisissions la mécanisation avec la Cabitaille. Au départ, j'y voyais beaucoup d'inconvénients : le prix élevé, le risque de renversement par le vent, le problème du transport, le risque de vandalisme. En fait, cette cabine a rempli sa mission : mon épouse taille sans aucun problème . ' Convaincu des avantages de cette cabine, Jean-Paul Guillou, fin bricoleur, s'en est fabriquée une autre, ' en y ajoutant quelques améliorations '.

Yvon Guillet, vigneron à La Folière (Loire-Atlantique), a acquis une Cabitaille en 2000, pour améliorer son confort et soulager un problème de dos. Depuis, il ne souffre plus. ' Je ne pourrais plus m'en passer ', rapporte-t-il. A l'intérieur, il a réalisé quelques aménagements : ' J'ai monté une petite étagère pour mettre une pince, une tenaille, un marteau et quelques clous. Cela me permet de réparer le palissage si c'est nécessaire . '
C'est pour les mêmes raisons que Serge Mahoudeau, vigneron à Mosnes (Indre-et-Loire), a acheté, il y a sept ans, un Kitaï, modèle Palace à deux places qui n'est plus vendu aujourd'hui. ' Je travaille en continu, alors qu'avant, j'alternais avec d'autres travaux. C'est un investissement lourd, mais rentable dans la mesure où je ne souffre plus et n'ai plus recours à des médicaments . '

Michel Petiteau, vigneron à La Chalousière, à Vallet (Loire-Atlantique), possède le Kitaï, modèle Palace, depuis 1995. ' Il n'y a pas besoin d'imperméable, ni de bottes. Quand il fait froid, on met un petit radiateur. Comme on est assis et qu'on écoute la radio, on ne voit pas le temps passer. A proximité, j'ai mon portable et un carnet de notes. Si un client appelle, je peux lui répondre. J'ai du fil de fer pour une ligature sur un poteau, un autre sécateur pour tailler les pieds malades... Par contre, comme on est deux, il faut travailler au même rythme . ' L'abri de taille séduit aussi les jeunes ouvriers. ' Quand j'ai recruté mon ouvrier il y a deux ans, sur l'annonce, j'ai précisé que j'avais une cabine de taille. Grâce à cela, j'ai trouvé plus facilement . '
En Saône-et-Loire, Guy Cognard, vigneron à Saint-Vérand, possède un Scarabé depuis sept ans. Grâce à ce matériel, son dos va mieux et il est moins fatigué. L'hiver, il peut tailler une à deux heures de plus. Seul inconvénient : ' Comme tout matériel, quand il pleut, il faut choisir les parcelles . ' Bref, des vignerons enchantés.

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