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Les trois jours qui ont fait reculer le gouvernement

La vigne - n°147 - octobre 2003 - page 0

Alain Juppé nous a tout de suite assurés de son soutien. Il a pesé très lourd dans la balance , assure Xavier Carreau, président de l'association Vin et Société, qui fut au coeur de la bataille contre l'augmentation de la fiscalité sur le vin.

Depuis le printemps, la menace était dans l'air. Le gouvernement ou, du moins, quelques hauts fonctionnaires rêvaient d'alourdir la fiscalité sur les vins. La filière avait eu vent que les vins passeraient par le projet de loi sur la santé publique. Fin juillet, le ministre de la Santé fait savoir ' qu'il n'est pas question d'introduire une taxe sur le vin dans sa loi ', rappelle Xavier Carreau, président de Vin et Société. Cette association regroupe toutes les orga- nisations professionnelles nationales pour défendre les intérêts du monde du vin.
Les voilà soulagées... jusqu'au 2 septembre.

Ce mardi soir, une bonne âme du ministère des Finances appelle au siège de Vin et Société, à Paris. Le gouvernement a réactivé son projet ; le Premier ministre tranchera à la fin de la semaine. A la commission des finances de l'Assemblée nationale, un correspondant confirme la mauvaise nouvelle. ' Nous savions qu'il fallait aller très vite ', souligne Pascal Bobillier-Monnot, directeur de la Cnaoc, l'organisation qui assure le secrétariat de Vin et Société.
Mercredi, un fax à l'en-tête de Vin et Société part en direction d'une cinquantaine de députés. Il leur expose les arguments de la filière contre la hausse de la fiscalité, et leur demande ' d'intervenir de manière urgente auprès du Premier ministre '. Quant à la Cnaoc, elle adresse un ' message urgent pour action immédiate ' à toutes les fédérations régionales de Syndicats de défense des AOC. Elle les presse d'alerter leurs parlementaires afin qu'ils dissuadent Matignon.
L'après-midi, dès l'ouverture du comité national de l'Inao, Philippe Feneuil, président de la Cnaoc, prend la parole. Il demande à ses confrères de se mobiliser contre le projet, une intervention que les représentants du gouvernement présents dans la salle rapportent à leur ministre.
Jeudi matin, une délégation de responsables professionnels bordelais demande un rendez-vous à Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de l'UMP. Il les reçoit en début d'après-midi. ' Il nous a tout de suite assuré qu'il userait de son influence pour éviter que la taxation sur les vins voit le jour. Il a fait appeler Alain Lambert, le ministre du Budget, pour lui exposer notre position ', affirme Xavier Carreau.
D'autres parlementaires décrochent leur téléphone. Matignon subit une avalanche d'appels. Vendredi, en fin d'après-midi, le cabinet du Premier ministre appelle au calme, faisant savoir qu'il n'est plus favorable à la hausse de la taxation. Peu de temps après, deux députés de l'UDF, François Sauvadet de la Côté-d'Or et Charles de Courson, de la Marne, rendent publique leur opposition au projet. Touché, coulé.

Puis, le soubresaut : le Journal du dimanche annonce le projet gouvernemental. Tous les médias s'en emparent. Les responsables professionnels sont assaillis d'appels téléphoniques. Mais la presse grand public a un métro de retard. Lundi, Alain Juppé affirme que la hausse de la fiscalité sur les vins est une mauvaise idée. Mardi, quelques articles entretiennent encore la flamme d'une menace. Le lendemain, le porte-parole du gouvernement l'éteint dès la sortie du Conseil des ministres. ' Nous avons eu plus de deux cents lettres de soutien de parlementaires ', affirme Pascal Bobillier-Monnot.
Pour autant, personne ne crie victoire car le serpent de mer n'attend qu'une occasion pour resurgir.

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