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Récolte en bacs, une lourde logistique

La vigne - n°144 - juin 2003 - page 0

Pour respecter l'intégrité des grappes, des vignerons choisissent de les transporter en bacs. Ils doivent faire preuve d'un grand sens d'organisation pour mener à bien leurs chantiers.

L'utilisation de bacs pour transporter les raisins impose une logistique adaptée. ' Pour l'élaboration des crémants-de-loire, nous utilisons des bacs de 45 l, qui contiennent 20 à 22 kg. Nous les transportons sur des remorques. Pour que le chantier démarre sans perte de temps le matin, les bacs vides sont positionnés la veille dans les rangs. Les coupeurs n'ont plus qu'à y verser le contenu de leur seau. Une équipe, composée d'un chauffeur et de deux porteurs, vient chercher les bacs pleins, les amène au chai, les vide sur un tapis élévateur et les passe ensuite dans un tunnel de lavage à l'eau chaude, avant de les réexpédier vers la parcelle à ramasser ', explique Bernard Leroux, vigneron dans le Maine-et-Loire.
A chaque équipe de coupeurs, il adjoint deux personnes pour la manutention des bacs. Lorsque le transport se fait en bennes, ce qui est le cas des cépages rouges, des porteurs de hotte font la navette entre les coupeurs et la benne en bout de rang. ' Avec les bacs, il n'y a pas plus de main-d'oeuvre, mais le chantier avance moins vite. Je ne pourrais pas tout vendanger ainsi, mais j'utilise les bacs pour les chenins destinés à l'élaboration de vins tranquilles. Ce cépage prend facilement un caractère herbacé s'il est bousculé pendant le transport. '

Au château Malartic Lagravière, en Gironde, ' nous utilisons des bacs de 32 l que les coupeurs portent comme un panier. Remplis aux trois quarts, ils contiennent 10 kg de raisin. Ils sont repris par deux sur un support à dos par des porteurs, et transportés jusqu'à une remorque ', explique Philippe Garcia.
Les rangs ne font pas plus de 100 m de long et il y a deux remorques positionnées à chaque bout. Deux personnes y gerbent les bacs pleins sur des palettes et distribuent les vides aux porteurs, qui les ramènent aux coupeurs. ' Au départ, nous pensions qu'il faudrait un porteur pour deux coupeurs. En fait, les bacs peuvent être passés d'un rang à l'autre, ce qui permet à un porteur de suivre quatre coupeurs . '
Au chai, trois personnes réceptionnent les remorques. Les palettes sont déchargées. Les bacs sont ensuite vidés sur une table vibrante, puis rincés à l'eau chaude avant d'être palettisés. ' Jusqu'en 1998, nous étions équipés de bacs plus grands, qui contenaient 30 kg. Les coupeurs vidaient leurs paniers dedans. En diminuant la taille des bacs, nous n'avons pas eu besoin d'agrandir l'équipe, et nous avons réduit la pénibilité du travail des porteurs. Avec trois remorques, deux à la vigne et une en rotation, le chantier avance aussi rapidement, et l'intégrité des grappes est mieux respectée. Il n'y a plus de jus au fond des bacs ', constate Philippe Garcia.
Le choix des bacs conditionne l'équipement de réception du raisin. ' Lorsque j'ai quitté la coopérative pour créer ma cave, j'ai décidé de revenir aux vendanges manuelles et j'ai opté pour le transport en bacs. J'ai installé un fond plat dans les deux bennes à vis que je possédais déjà, et je les ai transformées en convoyeurs. A la cave, je les recule devant l'entrée. Avec le chauffeur, nous vidons les bacs un par un directement dans l'égrappoir ou dans la cuve destinée à la macération carbonique. J'ai ainsi pu me passer de conquêt, et j'ai gagné de la place dans mon chai ', explique Alain Rasigade, vigneron à Caux (Hérault).

A la vigne, il avait prévu de faire remplir les bacs directement par les coupeuses. Mais il a dû réintroduire les seaux, plus faciles à porter. Ils sont repris par des porteurs jusqu'à la remorque. Ils les vident dans les bacs et en profitent pour faire un premier tri du raisin.
Pour 9 ha, Alain Rasigade s'est équipé de 140 bacs, contenant 15 kg chacun. Son équipe (huit coupeuses et deux porteurs) remplit 70 bacs en deux heures. ' Le rythme est bon. Le seul point noir, c'est le lavage. Les raisins sont récoltés bien mûrs et il y a toujours quelques grains qui coulent. A la fin de chaque demi-journée, nous lavons les bacs à l'éponge et au jet. Cela nous prend deux à trois heures par jour à deux. Pour l'instant, nous n'avons pas trouvé de laveuse à un prix accessible. '
Alors que certains adoptent les bacs, d'autres reviennent à la benne. C'est le cas des adhérents de la coopérative de Beaumes-de-Venise (Vaucluse). ' La quantité apportée est plafonnée à 2 t par voyage, et la hauteur de la vendange dans la benne ne doit pas dépasser 60 cm. Les risques d'écrasement du raisin sont limités, la rotation est rapide. Nous n'avons pas de problèmes de macération, ni d'oxydation ', explique Michèle Vacher, responsable qualité de la cave.
' Je travaillais avec des bacs contenant 25 à 30 kg. J'ai dû m'équiper de deux bennes à fond plat de 2 000 kg, et de deux godets portés de 500 kg pour les parcelles en terrasses ', explique Jean-Paul Anrés, l'un des adhérents. Ces petites bennes passent entre les rangs, et les coupeurs peuvent y vider directement leurs seaux. Deux bennes se relaient pour aller à la cave, et une troisième reste en attente pour éviter les interruptions.

A la coopérative, le passage à la station de lavage est obligatoire après chaque apport. ' Avant, nous n'avions pas le temps de laver les bacs chaque soir . ' Pour une même équipe de coupeurs, Jean-Paul Anrés n'a plus besoin des trois personnes qui chargeaient et déchargeaient les remorques. ' Le chantier avance plus rapidement. J'ai diminué mes coûts et j'ai supprimé un poste de travail pénible, pour lequel il devenait difficile de recruter. ' Ses vendanges lui coûtent maintenant de 22 800 à 24 400 euros pour 40 ha.




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