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La cartographie épaule la viticulture de précision

La vigne - n°134 - juillet 2002 - page 0

Zonage qualitatif des terroirs, ajustement des pratiques culturales, traçabilité sont quelques perspectives offertes par la viticulture de précision. Les cartes permettent l'optimisation du traitement des données.

Dans quelques années, les vignerons risquent de vivre une véritable révolution dans leurs pratiques professionnelles. GPS, SIG, EDI, électronique embarquée ne devraient plus avoir de secret pour eux. Même si, pour le moment, ces nouvelles technologies font peur, elles n'en faciliteront pas moins la prise de décision. La viticulture de précision (marque déposée par l'entreprise Pellenc) est une application des principes d'agriculture de précision au domaine de la viticulture. Elle consiste en l'utilisation de technologies plus fines pour ajuster les pratiques culturales à la vigne, tout en assurant la traçabilité.
Elle s'articule autour des notions d'optimisation de la qualité et de productivité du vignoble. Aux Etats-Unis et en Australie, ce nouvel outil connaît un succès grandissant. Il faut dire que les bénéfices retirés sont importants, tant sur le plan économique que technique. En France, ce thème est travaillé depuis le milieu des années 1990 par l'Ecole nationale supérieure d'agronomie de Montpellier (Ensam), en partenariat avec l'Inra et la société Pellenc. Les connaissances progressent. Pellenc a, par exemple, créé un prototype de machine à vendanger qui, grâce à des capteurs embarqués, mesure automatiquement, en continu, au niveau du cep, le rendement, le degré, l'acidité et la superficie vendangée, tout en restituant les données en temps réel et différé. Par ailleurs, les chercheurs étudient la mise au point de capteurs qui estiment les paramètres morphologiques et l'état sanitaire de la vigne : surface exposée, estimation de la densité du feuillage, poids de bois de taille, couleur... L'information recueillie est ensuite cartographiée, mémorisée et exploitée de manière à mieux programmer les interventions culturales.

La cartographie constitue la pierre angulaire de la viticulture de précision. Les exemples d'utilisation ne manquent pas. Depuis quatre ans, l'Inra de Pech-Rouge, dans l'Aude, travaille en collaboration avec un responsable de domaine à la délimitation de zones qualitatives intraparcellaires pour mieux gérer les apports à la cave et les contrôles de maturité. La première étape consiste à mesurer et cartographier, chaque année, le rendement et le taux de sucre, puis à déterminer des seuils selon les attentes du responsable de domaine. Ensuite, ces cartes sont combinées pour mettre en évidence les zones potentiellement qualitatives. Enfin, la dernière étape consiste à réaliser un historique sur plusieurs années afin d'organiser les suivis de maturation et le circuit de cueillette.
Les résultats obtenus sont très encourageants. Ils montrent que la variabilité intraparcellaire est relativement stable et concerne non seulement le rendement, le taux de sucre, mais aussi la surface foliaire exposée et le poids de bois de taille. Par ailleurs, il s'est avéré que le vigneron a très vite exploité ces données en terme de zonage. Il a mis en place une série de microvinifications pour identifier les zones les plus qualitatives.
Les cartes offrent un support visuel performant pour la traçabilité. Leur superposition permet le croisement de l'information et l'optimisation de la prise de décision. Les applications sont nombreuses. Sur le plan technique, les SIG (système d'information géographique), couplés à d'autres logiciels, permettent par exemple le positionnement des pièges à papillons. Grâce à la carte, le vigneron peut vérifier si son vignoble est correctement couvert par rapport au rayon d'action du piège.

Les SIG permettent également de visualiser les itinéraires techniques grâce à des cartes de sensibilité aux différentes maladies et de traitements (nombre, quantité de produit utilisée, dose/ha...) et de réaliser des requêtes.
A terme, la collecte de toutes ces informations va permettre la modulation des intrants, c'est-à-dire l'épandage des doses d'engrais et de produits phytosanitaires, en tenant compte de la variabilité inter et intraparcellaire. Toutefois, même si cette pratique est techniquement envisageable, elle est confrontée à un déficit de certaines connaissances agronomiques à l'échelle d'une petite zone. Pour le désherbage, on peut néanmoins envisager la seule pulvérisation d'herbicides sur les mauvaises herbes grâce à leur repérage par des capteurs optiques.

Pour les techniciens, les enjeux de la viticulture de précision sont également importants. Grâce à elle, ils essaient de comprendre le fonctionnement et les hétérogénéités du vignoble afin d'offrir un meilleur conseil aux vignerons. Une étude exploratoire est ainsi en cours à l'Ensam. Elle se fonde sur la carte de rendement 2001, effectuée par Pellenc, d'un domaine présentant de grandes disparités entre les zones nord et sud. Afin d'expliquer la variabilité du terroir, les chercheurs dressent la généalogie de la variabilité à travers l'analyse de la topométrie, de la résistivité du sol et de l'expression végétative. Autre exemple, l'ITV travaille sur la cartographie de pression de maladie simulée grâce aux modèles et observée sur le terrain. ' Une carte est plus parlante qu'une courbe ou un graphique ', rapporte un technicien. Prédiction des risques phytosanitaires et recommandations sur le déclenchement des traitements n'en seront qu'améliorées.


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