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Aveyron, un état des lieux

La vigne - n°128 - janvier 2002 - page 0

Loin des autoroutes et des grands cen- tres viticoles, la viticulture aveyronnaise cohabite avec l'élevage ou l'arboriculture. Mais quelles perspectives a ce petit vignoble de 250 ha ? Pour tenter d'y répondre, un enquêteur a rencontré cette année, en tête à tête, 64 des 101 vignerons du département. ' La viticulture aveyronnaise avait besoin de mieux définir ses stratégies pour les années à venir ', explique Mireille Lafouge, à la chambre d'agriculture. Les enseignements sont multiples. Les vignerons souhaitent développer leur surface, mais ils manquent parfois de foncier, comme le souligne Jean-Louis Portallier, président du VDQS côtes-de-millau. ' Or, si notre appellation veut tenir le coup, il faut planter. ' Mais le problème est aussi financier, avec des aides jugées insuffisantes. Les producteurs veulent ouvrir leur gamme. Comment faire dans une appellation comme Marcillac, qui cultive uniquement du fer servadou ?
Les vignerons désirent limiter les hétérogénéités entre producteurs, et veulent que l'on parle de leurs produits. Mais l'étude révèle un manque de cohésion entre les quatre vignobles du département. Est-ce parce que leur santé commerciale est plutôt bonne ? La quasi-totalité de la production, qui dépasse à peine les 10 000 hl, est vendue en bouteilles pour les trois quarts dans la région. D'ailleurs, plusieurs vignerons manquent de stocks. Les estivants sont leurs premiers clients, alors que la population aveyronnaise, qui garde une image peu flatteuse des vins d'autrefois, reste à conquérir.
L'enquête souligne aussi le problème de la succession et de l'installation des jeunes. A Estaing, le tiers des 14 producteurs de ce VDQS de 13,5 ha annonce ne pas avoir de successeur ! ' Il faut aider les jeunes techniquement et faciliter leurs démarches. Il faut renforcer les exploitations ', indique Mireille Lafouge.
Ce vignoble isolé souffre d'un manque de formation, d'information et d'appui technique. Pour Jean-Marc Viguier, président des vins d'Entraygues et du Fel, il faudrait faire appel à des experts extérieurs. ' Il sera difficile de trouver quelqu'un de pointu en viticulture comme en oenologie qui accepte de s'installer ici. '

Au coeur de l'appellation Marcillac, Patrick Auréjac, jeune président de la Cave des vignerons du vallon, est du même avis. D'ailleurs, cette année, la coopérative a fait appel à deux conseillers extérieurs, l'un pour la lutte intégrée, l'autre pour la gestion des sols et la fertilisation. Cette démarche a été également motivée par la signature d'un contrat filière avec Carrefour.
Pour le président de Marcillac, Michel Laurens, l'un des défis de l'appellation est le passage en agriculture raisonnée. ' On y est presque, le fer servadou est un cépage rustique. Mais pour y parvenir, les vignes de coteau doivent être plantées en terrasse, comme 50 % du vignoble aujourd'hui. Elles seront alors mécanisables, ce qui facilitera le développement d'une viticulture raisonnée. ' Le syndicat a d'ailleurs financé l'achat de trois stations météo, qui ont permis de tester des programmes de prévision.
Le second défi est d'atteindre une production de 10 000 hl d'ici à cinq ans. Ces deux dernières années, 16 ha de vignes ont été plantés. ' On vendait 5 300 hl en 1998-1999, contre 7 500 hl en 2000-2001 ', poursuit Michel Laurens. Mais le fer servadou est un cépage capricieux, au rendement irrégulier. Cette année, la production est tombée à 5 000 hl. La grêle a touché une partie du vignoble.
Dans les côtes de Marcillac, une petite sortie explique la faible récolte. A Entraygues et Fel, le gel a limité la production. ' Notre vignoble est soumis aux accidents climatiques. En 1997, il y a eu le gel, puis deux années pléthoriques mais, en 2000, la grêle s'est abattue sur le vignoble , se souvient Jean-Marc Viguier. Notre appellation a un potentiel de production de 1 000 hl pour un marché de 700 hl. La différence, c'est notre volant de sécurité. ' Mais la récolte 2001 n'atteint que 551,7 hl. En plus du gel, le vignoble de la vallée du Lot a subi une pression du mildiou terrible. Pour pallier le manque de vins, les vignerons ont beaucoup planté ces dernières années. D'ailleurs, selon les appellations, entre 30 et 40 % du vignoble ont moins de dix ans... De quoi alimenter les touristes, les Aveyronnais reconquis, et un peu plus...

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