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La filière viticole rattrape son retard

La vigne - n°125 - octobre 2001 - page 0

Des contrats cadre ont été mis en place. Ils simplifient et accélèrent la procédure administrative pour signer un CTE. Des caves coopératives, des syndicats d'appellation, des fédérations de caves particulières et des comités de filière se sont investis dans la démarche.

Pour simplifier l'accès aux CTE et mieux coordonner les efforts entrepris, des contrats cadre définis par des groupes porteurs d'un projet de développement ont été mis en place en 2001 dans la plupart des départements. La filière viticole en a profité pour commencer à rattraper son retard. Jusqu'à présent, d'après une évaluation réalisée par le Cevise (Comité économique des vins du Sud-Est) au sein d'un réseau interrégional, les CTE signés par des vignerons ne représentaient que 5 % du total, alors que d'après le recensement 2000, 14 % des exploitations ont une orientation viticole dominante. Avec une moyenne de 200 000 F versés en cinq ans pour chaque CTE, l'apport financier n'est pourtant pas négligeable. Mais pour en bénéficier, il faut avoir un projet, être prêt à investir et accepter de nouvelles contraintes.
' Je vais toucher 33 000 F/an durant cinq ans. C'est un plus appréciable, même si je dois faire des frais supplémentaires pour respecter mes engagements. J'ai choisi de pratiquer la lutte raisonnée et l'enherbement sur mes vingt hectares, et l'ébourgeonnage, l'effeuillage et l'éclaircissage sur les parcelles où je produis du haut de gamme sous cahier des charges. Ces techniques je les aurais adoptées, mais peut-être pas aussi vite. Le CTE m'a conforté dans mes choix ', explique Jean-François Bragagnolo, vigneron dans le Gers, qui s'est appuyé sur un contrat élaboré par le groupe coopératif Plaimont.
Il va devoir passer plus de temps au bureau. Pour justifier de la réalisation de ses engagements, il doit noter tout ce qu'il fait, et remplir des déclarations supplémentaires. ' J'avais déjà commencé à enregistrer dans le cadre d'une démarche lutte raisonnée et traçabilité. Je suis prêt à être contrôlé, à condition que ce soit dans un but constructif, et non répressif, ajoute-t-il. Pour une fois qu'on nous aide à adopter des pratiques qui, de toute façon, finiront par devenir obligatoires, profitons-en. Les subventions sur les investissements ne sont que de 30 %. Je dois financer le reste, mais avec ce coup de pouce, je peux m'équiper plus rapidement ', souligne de son côté Jérôme Godefroy, un jeune vigneron d'Indre-et-Loire, qui s'est appuyé sur un contrat mis au point par le syndicat tourangeau des vignerons vinifiant en cave particulière.

En Gironde, avant d'entrer dans la démarche CTE, il faut avoir déjà adopté un socle de pratiques qualitatives. Seules les mesures qui vont au-delà bénéficient d'une aide. ' Nous avons retenu les opérations en vert, l'amélioration de la pulvérisation, la réduction des intrants, la lutte par confusion sexuelle contre la tordeuse, le suivi de la maturité phénolique et la maîtrise des températures sur les blancs ', précise Philippe Abadie, de la chambre d'agriculture, qui a participé au comité de filière chargé d'élaborer un contrat cadre. ' L'adoption de ces techniques devrait aider les vignerons à mieux répondre aux attentes de la société et du marché. Mais l'obligation de se mettre aux normes pour le traitement des effluents avant le terme du CTE risque de freiner. '
Dans le Lot, l'appellation Cahors avait déjà lancé une démarche de développement. Bâtir un contrat cadre et inciter les vignerons à y adhérer était un prolongement logique. ' Nous l'avons axé sur la lutte raisonnée et la traçabilité, et nous avons listé du matériel pour la vigne et le chai contribuant à améliorer la qualité finale ', souligne-t-on au syndicat qui espère, avec cette incitation financière individuelle, accélérer l'évolution collective.
La réflexion est la même au sein des caves coopératives. ' Le contrat territorial est un levier pour mettre en place des pratiques qualitatives. Mais les efforts individuels doivent être articulés dans un projet économique cohérent ', précise-t-on à la fédération de l'Aude, qui incite les coopératives à monter des contrats cadre. Les cahiers des charges des entreprises peuvent alors être reconnus dans le volet économique, permettant aux adhérents qui s'engagent de bénéficier d'un coup de pouce, et à la coopérative de profiter d'une bonification des aides sur ses investissements.

' Quand ça va mal, se fixer des objectifs à moyen terme aide à garder le cap, même si cela ne règle pas tout. Pour sortir de la crise à laquelle nous sommes confrontés, nous devons évoluer. Les CTE peuvent nous aider à le faire plus rapidement, si nous nous investissons pour permettre à un maximum de vignerons de s'intégrer dans la démarche ', affirme Michel Defrances, un responsable viticole du Gers.
Pour réussir à mobiliser les gens, il vaut mieux éviter de choisir des mesures contraignantes qu'ils ne sont pas prêts à accepter. Dans la région de Cognac, l'administration a demandé au comité chargé d'élaborer le contrat de filière, de prévoir une mesure de gestion de crise. Si la vigne dépasse 10 ha ou 10 % de leur surface, les agriculteurs qui souscrivent un CTE doivent, désormais, obligatoirement s'engager sur un volet qui prévoit l'arrachage ou la reconversion de 15 % de leur vignoble. Dans ce cadre, ils bénéficient d'une prime qui s'ajoute à celle prévue dans le plan de reconversion, ainsi que de mesures d'accompagnement pour relocaliser leurs vignes, investir dans leur chai ou développer la valorisation de nouveaux produits. Pour ceux qui sont décidés à franchir le pas, c'est un plus. Mais pour d'autres, c'est un frein.


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