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Quatorze bouchons à l'essai

La vigne - n°124 - septembre 2001 - page 0

Une étude australienne, au cours de laquelle Altec s'est très mal classé, montre que certains bouchons sont incapables de préserver le SO libre. Avec eux, les vins s'oxydent très rapidement.

En route pour les dégustations ! La première a lieu six mois après la mise en bouteilles du vin, un sémillon 99 titrant 11,1 % vol. d'alcool. Le jury se trouve face à quatorze échantillons, autant que de bouchons différents mis en comparaison par l'Institut australien de recherches sur le vin (Awri). Il doit les décrire, mais non les classer par ordre de préférence. Dès ce moment, Altec se distingue. Il a libéré du trichloranisole (TCA), cette substance responsable des goûts de moisi qui a pollué des caves entières. Betacorque se classe encore plus mal. Le jury détecte des notes oxydées et de styrène. Il élimine ce bouchon de l'essai.

A six mois, Rote sort également du lot. C'est lui qui préserve le mieux de l'oxydation. Le seul bouchon à vis se distingue à nouveau lors de la seconde dégustation, un an après la mise. Ses vins offrent alors les parfums les plus intenses de citron et de citron vert. Ce sont les plus fruités. Malheureusement, entre temps, des goûts de réduit sont apparus. Ils persisteront jusqu'à la troisième dégustation, dix-huit mois après la mise. Rote s'en trouve pénalisé. Dans leur compte-rendu (1), les chercheurs précisent qu'ils ont rempli les bouteilles à vis à 32 mm du sommet alors que le verrier conseille de s'arrêter à 53 mm. Ils voulaient le même ciel gazeux que dans les autres bouteilles. Ils ont laissé trop peu d'air pour empêcher la réduction.
Lors de la seconde dégustation, le jury note qu'Altec continue de marquer les vins au TCA. Il rendra encore le même avis à la troisième dégustation. Aucun autre bouchon n'a imprimé un aussi fort goût de moisi. Beau joueur, Sabaté ne conteste pas les résultats. Mais le fabricant répond en plusieurs points. Tout d'abord, il assure que depuis 1999, l'année où ses bouchons furent posés, il a progressé dans la détection du TCA. De plus, le défaut a été identifié par un jury très entraîné. Ce dernier a perçu le TCA alors que le vin en dosait 1 à 2 ng/l. ' C'est inférieur à tous les seuils décrits à ce jour ', observe Jean-Marie Aracil, directeur de la recherche et du développement. Par ailleurs, Altec s'est très bien comporté lors des tests physiques (extraction, étanchéité...) et préserve le SO 2 libre.
Les bouchons en liège naturel ont également libéré du TCA, mais de manière plus discrète et plus fluctuante d'une bouteille à l'autre. Dommage car ils viennent en seconde place, avec One plus One, pour la préservation du fruité et de la fraîcheur. Rappelons que la première est occupée par Rote. Tage et Ecorc se classent derniers. Les vins qu'ils ont enfermés sont les plus marrons et les plus oxydés, aussi bien lors de la deuxième que de la troisième dégustation.
Les Australiens ont relié l'évolution de la fraîcheur des arômes à un seul paramètre : la teneur en SO 2 libre. A l'exception d'Altec, les différents bouchons protègent d'autant mieux le fruité qu'ils préservent le SO 2 libre.
Si on les juge selon ce dernier critère, on obtient l'ordre suivant : premier, le Rote suivi des deux bouchons techniques (Altec et One plus one), puis des bouchons en liège naturel et enfin des synthétiques. Au sein de cette dernière catégorie, Auscorck et NuCorck arrivent en tête, Tage et Ecorc en queue.

Chez Novembal, fabricant du bouchon Tage, on se déclare surpris. ' Nous avons beaucoup de clients. Ils ne nous ont pas signalé de problèmes de conservation. '
Les Australiens ont aussi repéré le seuil en-deçà duquel les vins s'oxydent à toute vitesse : 10 mg/l de SO 2 libre. Reste à savoir s'il est valable pour tous les blancs. Dans l'affirmative, les vignerons et les négociants disposeraient d'un critère simple pour savoir s'il est temps de boire leurs bouteilles. Il leur suffirait de faire des mesures à intervalles réguliers. Ils pourraient même en prévoir les résultats. Les auteurs de l'étude affirment qu'il existe un lien direct entre la teneur en SO 2 libre six mois après la mise et l'intensité de l'oxydation au bout de dix-huit mois. S'ils ont vu juste, il en faut peu pour apprécier le potentiel de conservation d'une bouteille.

(1) Article : Wine bottle closures
1. Performances up to 20 months post-bottling, paru dans l'' Australian journal of grape and wine research ', vol 72001 n° 2.



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